Retro-Culture 2013: Restauration, reconnaissance et repositionnement

Le Palais de la culture d'Abidjan-Treichville
Le Palais de la culture d'Abidjan-Treichville
Le Palais de la culture d'Abidjan-Treichville

Retro-Culture 2013: Restauration, reconnaissance et repositionnement

Retro-Culture 2013: Restauration, reconnaissance et repositionnement

S’il faut évoquer les faits majeurs à retenir en Côte d’Ivoire au cours de l’année écoulée dans le domaine des arts et de la culture, l'on les résumeraient sans nul doute en trois mots: restauration, reconnaissance et repositionnement. Le monde culturel en Côte d’Ivoire a connu au cours de l’année 2013 des événements majeurs qui s’articulent autour de la volonté du pouvoir public de restituer au pays sa place de plaque tournante des arts et de la culture en Afrique.

La restauration des infrastructures culturelles

La Côte d’Ivoire, ce n’est un secret pour personne, souffre du manque criant d’infrastructures culturelles. Si l’État n’a pas engagé la construction de nouvelles infrastructures, il a décidé cependant de réhabiliter celles existant et en premier lieu le Palais de la culture. Temple par excellence de la culture. A Bouaké, le Chef de l’État a, par ailleurs, annoncé la réhabilitation d’un autre temple bien connu des Bouakois. Il s’agit du centre culturel Jacques Aka. En attendant la construction d’un salon d’exposition tant souhaité par les architectes de Côte d’Ivoire, les ivoiriens se réjouiront sous peu de la fonctionnalité du théâtre de la cité, à Cocody.

Biennale de Venise

Dans le domaine de l’art contemporain, la Côte d’Ivoire a marqué un grand coup en participant pour la première fois, à la biennale de Venise, le grand rendez-vous mondial de la création. C’est le retour sur la scène internationale estiment les acteurs du monde culturel. Ainsi du 1er juin au 24 novembre en Italie, quatre artistes ivoiriens Bruly Bouabré (dessins), Tamsir Dia (peintures), Jems Kokobi (sculptures) et Franck Fanny (photographie) ont donné plus de visibilité à la création contemporaine ivoirienne.

Au-delà du succès médiatique, commercialement les œuvres des artistes ivoiriens se sont bien comportées. « Le succès de la Côte d'Ivoire à la 55ème édition de la biennale de Venise n'a pas été qu'un succès des amateurs d'art, mais celui des professionnels », avait révélé le Professeur Yacouba Konaté, curateur et commissaire du pavillon Côte d’Ivoire. Pour qui cet événement constitue un moment important dans l'histoire de l'art de la Côte d'Ivoire.Ce projet qui a été porté par la Rotonde des arts avec le ministère de la culture et de la francophonie et des partenaires, à hauteur de 325 millions de Francs CFA a permis de donner plus de visibilité à la création contemporaine ivoirienne. Faut-il le souligner, ce projet était également un « effort de la Rotonde des arts à la réconciliation », selon le Pr Konaté.

A côté de cette biennale, il faut noter la résurrection ou le grand retour du mouvement artistique « Vohou-vohou », ou l’école Abidjan, à travers l’exposition « Esprit Vohou-vohou, es-tu là ? »

Pour la première donc des œuvres des grands maîtres et fondateurs du vohou-vohou sont exposées à Abidjan sous la direction du curateur et critique d’art Yaya Savané. Une exposition à voir jusqu’en 2014 à la Rotonde des arts. Le vohou-vohou, il faut le souligner est une expression plastique typiquement ivoirien.


Solid’artist

2013 aura consacré la volonté des artistes ivoiriens de se prendre en charge. D’où l’institution de la « journée de solidarité avec les créateurs d’art. » Cette journée, selon le Bureau ivoirien des droits d'auteur (Burida), ambitionne de faire prendre conscience à la population sur le rôle important des créateurs dans l’équilibre de notre société. Une occasion également pour la maison des artistes de promouvoir le patrimoine culturel et artistique de la Côte d’Ivoire. Ainsi le Burida compte-t-il transformer le regard de la population sur les créations artistiques et leurs auteurs. Ce, en vue de revaloriser leur image.

Le 20 décembre dernier, dans les jardins du Golf hôtel, le Burida a concrétisé cette vision à travers diverses activités qui ont marqué la première édition de Solid’artist. Il s’agit entre autres d’une foire de l’art, des rencontres d’échanges avec les créateurs, des séances de dédicace d’œuvres littéraires et artistiques, une vente  aux enchères publiques d’œuvres d’art et un dîner gala de charité. Et cela pour que les créateurs se portent mieux désormais en Côte d’Ivoire.


Le Grand Prix littéraire Bernard Zadi Zaourou

Sur le plan littéraire, au-delà des richesses des productions des belles lettres ivoiriennes, il faut signaler l’ambition de l’association des écrivains de Côte d’Ivoire (Aeci) qui a décidé de dédier un grand prix littéraire à la mémoire du Professeur Bernard Zadi Zaourou. Ce prix qui est ouvert pour l’année 2014 aura pour thème, « tiens ferme ce bissa ! » et est parrainé par Me Pacéré Titinga Frédéric, grand prix littéraire d’Afrique Noire. A travers ce thème l’Aeci entend rester dans  la dynamique  de Maître Zadi Zaourou. Notons que « Bissa » est un terme bété qui désigne une queue de bœuf attribuée au meilleur chanteur dans son genre. La date limite des dépôts de manuscrits de ce concours littéraire est fixée au 20 février 2014. La proclamation des résultats  et la remise des prix le  20 mars 2014.

L’immortel Ernesto Djédjé

En attendant d’en faire autant pour d’autres artistes qui ont marqué la musique ivoirienne, la Côte d’Ivoire a décidé d’immortaliser Ernesto Djédjé, le roi du ziglibitjy, un rythme du pays bété. Pour ce faire l’expertise du sculpteur Koffi Donkor, l'auteur de la statut "Akwaba" a été sollicitée pour ériger une statue à sa gloire dans l’enceinte de l’Institut national des arts et de l’action culturelle (Insaac). Expliquant cette nécessite de célébrer Ernesto, le directeur général de l’Insaac, Tiburce Koffi a soutenu que l’artiste a su interroger ses racines culturelles pour la mettre au service de la musique urbaine. « Il a découvert le ziglibity, il l’a transformé pour le rendre plus urbain. Il nous appartient à nous autres de l’Insaac qui avons une mission académique, de porter ce grand créateur à la postérité et faire en sorte qu’il devienne nos classiques », a-t-il justifié.

Film-documentaire

« Laurent Gbagbo: despote ou anticolonialiste… le verbe et le sang ». C’est le film-documentaire réalisé par le journaliste camerounais Saïd Penda qui a défrayé la chronique sur les bords de la lagune ébrié. A l’avant-première de ce film, Saïd Penda qui a décidé de s’installer désormais à Abidjan, a affirmé que l’ancien Président ivoirien « n’était qu’un illusionniste. Tout ce qu’on voyait sur lui était faux. C’était un prestidigitateur ». L’auteur du documentaire démontre tout au long du film que Laurent Gbagbo est loin d’être également un panafricaniste encore moins un résistant. Ce, à travers les témoignages des personnes ressources interrogées qui connaissent bien l'homme. Et qui l’ont côtoyé. C'est d'ailleurs le cas de Tiémoko Koné son maître spirituel pour qui l’homme n’était pas un anticolonialiste. D’ailleurs, il accuse son élève syndicaliste d’être « xénophobe. Et pour mieux l’être, il se cachait derrière le statut de résistant ».

Ce film documentaire de 104 minutes donne, par ailleurs, froid dans le dos lorsqu’on entend M. Gbagbo dire sans état d’âme aux forces de défense et de sécurité de mâter la population. Aussi curieux que cela puisse paraître M. Gbagbo reconnaît le soutien de la France à son régime. « Quand je suis arrivé au pouvoir, lorsque je devais discuter avec les institutions financières, la France nous a aidés. Même pendant la crise, elle nous a apportés son soutien », affirme-t-il.

Pour le réalisateur, il ne s’agit pas de remuer le couteau dans la plaie, mais surtout de restituer la « vérité ». Toute chose qui est primordiale pour que les Ivoiriens se réconcilient.


MASA- 2014

Le Marché des arts du spectacle africain (Masa), après sept années de léthargie, reprend du service du 1er au 8 mars 2014, à Abidjan. Cette édition s’ouvrira sous le thème: « Les arts du spectacle face au défi numérique ». 1000 professionnels dont 400 artistes sont attendus au cours de cet événement.

Le Masa en chiffres

1993: Du 27 mars au 1er avril, le premier Masa se tient à Abidjan. Il rassemble 32 spectacles de 14 pays africains et 416 professionnels d’Asie, d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Afrique.

1995: Du 28 avril au 4 mai, deuxième édition avec 37 spectacles de 14 pays africains pour 300 professionnels d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Afrique.

1997: Du 2 au 8 mars, la troisième édition réunit à Abidjan 47 troupes de 27 pays, 438 professionnels et 191 journalistes.

1999: Du 20 au 27 février, ce sont 52 troupes de 23 pays, 466 professionnels et 190 journalistes qui convergent à Abidjan pour la quatrième édition.

2001: Du 3 au 10 mars, le Masa a regroupé 261 professionnels, 239 journalistes et 68 observateurs à Abidjan.

2003: Du 30 août au 8 septembre, la sixième édition a réuni 35 pays, 247 groupes artistiques avec 2525 artistes dont 72 de théâtre, 51 de danse et 124 de musique.

2007: Du 23 juillet au 11 août, la septième édition dite spéciale est baptisée « Paix en Côte d’Ivoire, Masa 2007 pour cinq villes », enregistre 132 professionnels de 22 pays, dont 26 diffuseurs, 85 journalistes et 21 observateurs.

CHEICKNA D. Salif
salifou.dabou@fratmat.info