Rencontres d'Arles : le photographe chilien Sergio Larrain à l'honneur

Rencontres d'Arles : le photographe chilien Sergio Larrain à l'honneur

Rencontres d'Arles : le photographe chilien Sergio Larrain à l'honneur

Aux Rencontres photographiques d'Arles, le noir et blanc compte prendre sa revanche sur la couleur qui lui vole la vedette depuis des années : le Japonais Hiroshi Sugimoto et le Chilien Sergio Larrain mort l'an dernier sont les têtes d'affiche de ce rendez-vous estival qui débute lundi.

 

Intitulée "Arles in Black", la 44e édition des Rencontres propose 50 expositions disséminées dans la ville, la plupart jusqu'au 22 septembre. Avec des découvertes mais aussi des valeurs sûres comme Jacques Henri Lartigue (1894-1986), et l'évocation de sa première épouse "Bibi".

 

"En 1986, lors de mon premier passage à la direction des Rencontres, j'avais choqué les administrateurs du festival en proposant un programme entièrement centré sur la couleur", rappelle à l'AFP avec amusement François Hebel, qui a pris à nouveau les rênes des Rencontres d'Arles il y a douze ans.

 

"Puis elle a établi progressivement sa suprématie. Le marché de l'art s'y est intéressé, les artistes contemporains aussi. La révolution numérique a installé la couleur dans la prise de vue et le tirage. On ne voulait plus de noir et blanc", relève le quinquagénaire.

 

"Vingt-cinq ans après, j'ai voulu savoir ce qu'était devenu le noir et blanc en proposant un parcours radical, où la couleur apparaît très peu", dit-il.

 

Le constat ? "Le noir et blanc n'est plus le même. Il a rencontré l'installation, le numérique, une liberté qui n'existait pas avant", relève cet ancien directeur de l'agence Magnum.

 

Maître du noir et blanc, Hiroshi Sugimoto, né en 1948 au Japon, présente "Révolution", une série de photographies panoramiques en noir et blanc de l'océan de nuit, qui n'a été exposée jusqu'à présent qu'au Musée Brandhorst de Munich.

 

L'artiste montre aussi son premier tout travail en couleur, fruit d'une patiente expérimentation sur la lumière et sa décomposition. Une vingtaine de ces polaroïds sont retranscrits sur soie en édition limitée pour les carrés Hermès.

 

Folles années

 

Pour la toute première fois, une rétrospective est consacrée au Chilien Sergio Larrain (1931-2012), ancien photographe de Magnum. Météorite de la photo, il a saisi les enfants des rues de Santiago et surtout Valparaiso, avant de choisir de se retirer dans le nord du Chili pour méditer.

 

Marysse Cordesse, l'une des fondatrices des Rencontres d'Arles, ouvre les albums de Lartigue pour faire revivre la première épouse, solide et joyeuse, du photographe.

 

Fille du compositeur André Messager, Madeleine, surnommée "Bibi", rencontre Lartigue en 1919 et leur histoire, qui s'étend sur une décennie, traverse les Années folles. Comme un parfum de nostalgie.

 

L'artiste contemporain Alfredo Jaar, né en 1956 au Chili et désormais installé à New York, présente un ensemble d'oeuvres en dialogue avec la photographie. Elles évoquent la dictature chilienne, le génocide rwandais, la traque de Ben Laden... Le travail de Jaar consiste à bousculer les éventuelles certitudes sur la vérité de l'image.

 

Dans le cadre de l'Année de l'Afrique du Sud en France, les Rencontres d'Arles ont imaginé avec le Market Photo Workshop de Johannesburg une mission collective de réflexion sur le territoire de ce pays, cent ans après le "Land Act" qui a servi de socle à l'instauration de l'Apartheid.

 

Douze photographes sud-africains et français (Pieter Hugo, Santu Mofogeng, Zanele Muholi, Thibaut Cuisset, Patrick Tourneboeuf...) ont participé à ce projet intitulé "Transition, paysage social".

 

Pour la première fois, une vente aux enchères de photographies aura lieu mercredi dans le cadre de ces Rencontres. Le marteau sera tenu par Yann Le Mouël.

 

Le catalogue recensant les expositions est co-édité par les Rencontres d'Arles et Actes Sud.

 

L'éditeur arlésien propose cette année une série d'expositions, accompagnées de livres, autour du photographe japonais Daido Moriyama, du Coréen Lee Ufan et de l'Italien Giuseppe Penone.

 

AFP