Prix Ivoire de littérature 2017 : Johary Ravaloson, le Malgache, l’as des as !

Prix Ivoire de littérature 2017 : Johary Ravaloson, le Malgache, l’as des as !

Prix Ivoire de littérature 2017 : Johary Ravaloson, le Malgache, l’as des as !

Dans une salle Anono de L’Heden Golf Hôtel d’Abidjan qui a fait son plein de professionnels et d’amateurs de littérature, rehaussée par la présence du Président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, parrain depuis 5 ans, que le 10e lauréat du Prix Ivoire de littérature africaine d’expression francophone a été désigné, le samedi 11 novembre, en soirée. Il s’agit de l’auteur malgache Johary Ravaloson avec son roman « Vol à Vif » de 194 pages, paru aux Editions Dodo Vole.

Un roman à travers lequel Johary Ravaloson plonge le lecteur en brousse, sur les traces des Dahalos, les voleurs de zébus qui défraient la chronique à Madagascar. Entre fatalité heureuse et tragique liberté, cette fantaisie nous transporte au-delà de La porte du Sud (Prix de l’océan Indien 1999). Les graines du sikid racontent.

Le milan vole. Un roman tranchant comme l’irruption de la modernité sur les terres ancestrales. Le lauréat, fort ému, a reçu son prix d’un montant de 2 000 000 francs CFA (environ 3000 euros), notamment dotés ar l’Ambassade de France en Côte d’Ivire et la Librairie de France Groupe, avec le concours d’Orange Côte d’Ivoire et un trophée des mains du parrain, Guillaume Soro, président du Parlement ivoirien. Qu’accompagnaient, entre autres personnalités, le ministre e la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman, et Isabelle Kassi-Fofana, présidente de l’Association Akwaba Culture, promotrice du Prix. Conformément à l’accord établi avec le Salon du livre et de la presse de Genève, il sera l’invité dudit Salon en 2018.

Après un doctorat en droit, des séjours à Paris et à La Réunion et ses premières expériences professionnelles le conduisent à être répétiteur, moniteur de sports nautiques, éducateur… Johary Ravaloson est actuellement conseiller juridique à Antananarivo. Le surf et l’écriture sont ses grandes passions. Il est l’auteur d’une dizaine d’œuvres, romanesques, pour l’essentiel.

Le jury, présidé par la romancière et dramaturge Werewere Liking, a été séduit par « Vol à vif », roman porté par une écriture solide, remarquable, neuve. En conteur moderne, son auteur raconte l’histoire agitée des Dahalos, célèbres voleurs de zébus à Madagascar. Sur cette histoire, Johary Ravaloson couche l’amour ingénu - mais pipé - liant des adolescents que rapproche le destin, et qui ne se savent pas frères.

Derrière cet univers heurté et plein de vies blessées, de coups de feu et de sagaie, c’est toute la mémoire des pratiques ancestrales du vol des zébus, la force de la divination sur la vie des hommes et les gestes du pardon qui sont peints. L’as des as des Belles-lettres afro-mondiales francophones a supplanté 5 autres de ses pairs tous aussi talentueux les uns que les autres. Les 5 autres finalistes de ce prix littéraire, sur 53 au départ, étaient : Antoinette Tidjani Alou (Jamaïque/Niger), avec « On m’appelle Nina », roman, Présence Africaine ; Khalil Hachini Idrissi (Maroc), pour « La foi n’est convoquée que les jours de fête », poésie, La Croisée des chemins ; l’auteure Marina Niava (Côte d'Ivoire) de « American Dreamer », Néi-Céda, roman ; Blaise Ndala (RD Congo), avec « Sans Capote ni Kalachnikov », roman,  Mémoire d’Encrier ; Sylvestre Simon Samb (Sénégal), « Terra incognita », roman, Spinelle. Faut-il le noter, une « Mention spéciale » a été attribuée à Blaise Ndala (RD Congo) pour « Sans Capote ni kalachnikov ».

Honneur et gloire à Régina Yaou

Du parrain, Guillaume Soro, au lauréat Johary Ravaloson, en passant par le ministre Maurice Bandaman, la présidente d’Akwaba Culture, Isabelle Kassi-Fofana, et les invités d’honneur et spéciaux (l’historien et intellectuel panafricain Elikia Mbokolo, l’écrivain et lauréat 2017 du Prix Ahmadou Kourouma, Max Lobé, l’auteure et journaliste Lady Ngo Mang, les auteurs ivoiriens Fatou Kéita et Venance Konan) honneur et gloire ont été rendus à l’écrivaine Régina Yaou qui était du casting de la cuvée 2017 du Prix Ivoire et rappelée à Dieu le 4 novembre dernier. Le tout ponctué d’une minute de standing-ovation.  Sa sœur cadette Marie-Laure Yaou acquiesçant que sa défunte sœur est partie prenante de la fête, a argué que son immortalité réside dans l’intemporalité de son œuvre. Idem pour le président Soro, qui a salué sa mémoire et soutenu qu’à maints égards, elle aura contribué à l’édification de la jeunesse. Quant au ministre Bandaman, il a souligné : « Concernant Régina Yaou, je tiens à saluer sa mémoire. Le Ministère de la Culture et de la Francophonie prendra toute sa place dans les actions visant à lui rendre un hommage mérité, en temps opportun ».

Essie Kelly, graine d’écrivaine à…l’horizon

L’une des innovations de l’an 10 du prix Ivoire, est la création du Prix littéraire Horizon qui sert la cause des auteurs locaux, notamment les jeunes talents littéraires de Côte d’Ivoire de moins de 35 ans. La toute première lauréate est Essie Kelly. Avec son receuil de nouvelles paru en août 201 aux éditions Édilivre, « Latitudes féminines ».  Une œuvre dans lequel elle partage ses questionnements, ses convictions et ses espoirs sur la condition de la femme africaine.

Juriste de formation, animatrice culturelle et romancière ivoirienne ayant grandi à Abidjan, l'amour des lettres l'a toujours habitée. Inscrite dans une école française, elle s'aperçoit de la richesse de la littérature africaine, caribéenne et noire-américaine qu'au gré de ses recherches. Fascinée par le concept de la Négritude dans lequel elle se redécouvre, noire et fière de ses racines dans lesquelles elle puise sa force, l'envie de partager elle aussi ma vision du monde l'anime et la transporte. Diplômée en droit mais passionnée par la littérature, l'ethnologie et la sociologie ; autodidacte elle vogue sur sa barque et se façonne en puisant dans la foisonnante histoire africaine une force identitaire insoupçonnée jusque-là.

Il importe de noter que de nombreux professionnels du livre – parmi lesquels les membres de l’Association internationale des libraires francophones (Ailf) présents à Abidjan pour un séminaire – ont assisté à la remise du Prix Ivoire. Créé par Akwaba Culture, association de droit ivoirien, le Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression francophone récompense, depuis 2008, les écrivains émergents d’Afrique francophone et de ses diasporas. Il est parrainé par le Ministère de la Culture et de la Francophonie de Côte d’Ivoire, l’Organisation internationale de la Francophonie, l’Ambassade de France à Abidjan, les éditions Eburnie, la Librairie de France Groupe de Côte d’Ivoire et Orange Côte d’Ivoire.

REMI COULIBALY