Photographie : Les clichés de Nestor Da qui perturbent...
Ce sont quarante photographies, prises ici et là, au Ghana, au Burkina, au Bénin, au Mali, en France, en Côte d’Ivoire… Bref, de par le monde, entre mer et terre, ciel et sous-sol, le tout montrant que la vie et l’environnement des générations, présentes et futures, sont mis à mal par la pollution à l’échelle planétaire.
«Ondes de perturbation» est donc une exposition que le jeune plasticien d’origine burkinabè, Nestor Da, 31 ans, a montée pour sensibiliser aux enjeux environnementaux, notamment, sous les tropiques, et, principalement, par une insouciance plutôt que par des actions voulues. Tels des ovnis, mais moins volants et clairement identifiés par la somme de nos mauvais gestes quotidiens, dans l’objectif de l’artiste, on assiste, sous nos yeux et, avec plus ou moins, notre regard complice, à l’invasion d’objets et déchets divers, non biodégradables, mettant à mal notre existence.
La cerise sur le gâteau de «Ondes de perturbation», c’est l’installation structurée par le désir de dessiner une ligne d’horizon dans une complexité visuelle. Le choix d’installer, en vrac, du charbon dans une galerie nec plus ultra, n’est-il pas le meilleur moyen d’interpeller la conscience collective sur les dangers de la pollution pour tous nos sens ? Un peu comme les effets pervers que la révolution industrielle a infligés à l’humanité qu’elle était censée sortir de l’ombre pour la lumière.
Coutumier des cimaises depuis environ cinq ans, surtout au plan collectif, en Afrique et en Europe, Nestor Da a une pratique artistique qui rapproche photographie et collage, une sorte de photomontage qui puise ses inspirations dans la peinture expressionniste ou encore le graffiti.
Une heureuse découverte trilogique, au niveau de l’écriture picturale, de la chaleur chromatique et de l’indépendance créatrice que cette exposition de Nestor Da. Dans une galerie qui s’affirme, au gré des expos, comme un creuset de recréation de l’art contemporain. Tout court.
Remi Coulibaly