Obsèques de Bernard Dadié: Le ‘’baobab’’ de la littérature ivoirienne repose à Williamsville

Le dernier voyage du père de la littérature ivoirienne
Le dernier voyage du père de la littérature ivoirienne
Le dernier voyage du pu00e8re de la littu00e9rature ivoirienne

Obsèques de Bernard Dadié: Le ‘’baobab’’ de la littérature ivoirienne repose à Williamsville

Il est exactement 10h55mn le vendredi 12 avril, lorsque le grand cercueil gris, couvert du drapeau ivoirien entame solennellement sa marche vers l’autel de la Cathédrale Saint Paul du plateau. En présence d’une foule relativement compacte, au sein de laquelle, vêtus de blanc, de noir, de rouge, les Hommes de diverses régions de la Côte d’Ivoire ainsi que ceux de tous les continents, sont venus dire un dernier adieu au patriarche.

Au dernier prisonnier politique (qui était encore vivant) de l’aventure de Grand-Bassam, en 1948 ou de la Côte d’Ivoire précoloniale. Dans l’église, des noms, des visages d’hommes politiques ou de personnalités du monde des arts et de la culture. Alain Richard Donwahi, Maurice Bandaman, Lambert Amon-Tanoh, Simone Ehivet Gbagbo, Charles Konan Banny, Léopoldine Coffie Tiézan, Georges Ouégnin, Géneviève Bro Grébé, Jacqueline Oble, Ezan Akélé. Ainsi que l’ensemble des membres de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (Ascad).

Dans une homélie profonde et porteuse de valeur, le père célébrant, Hyppolite Agnigory, a rappelé la grandeur de l’illustre défunt, qui a su allier vie sociale et vie religieuse dans un même registre existentiel. « Dans le monde entier, le nom de Bernard Dadié résonne comme le symbole d’une Afrique debout. Sa vie entière a toujours rimé avec persévérance, courage et audace littéraire. Notre patriarche n’a pas vécu pour lui, il a vécu pour les autres », a-t-il dit. Avant de poursuivre la voix empreinte d’émotion, mais surtout en homme fier du combat littéraire du patriarche pour l’éveil de la conscience noire : « Avec le départ de Bernard Dadié, la Côte d’Ivoire perd un digne fils, havre de paix ».

Pour lui, l’œuvre littéraire de Dadié devrait s’offrir comme un véritable outil de prise de conscience de nos valeurs de solidarité et de partage pour les fils et filles de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique. Sur cette même lancée, Nicole Vincileoni, spécialiste de la pensée dadiéenne est revenue dans son témoignage, sur les grands moments de la vie du patriarche perçu comme un diadème tant pour l’Afrique que pour le monde : « C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le départ de mon patron, maître et lointain ami, Bernard Dadié. Il me manquera comme il manquera sans doute à tous ceux qui l’ont connu de près ou de loin. Le patron mais tout simplement l’homme que vous avez été est parfaitement dépeint à mes yeux par le mot d’Aline Presumey qui a tant œuvré pour la diffusion du livre en Afrique. Sa lumière brillera toujours grâce à ses livres et le rayonnement exceptionnel de sa personnalité. Son regard sur moi et quelques discussions m’avaient aidée à me sentir légitime en Afrique... », s’est-elle exprimée pour rendre hommage au « Patron de New York », auteur de « Béatrice du Congo », de « Monsieur Thôgô-Gnini », de « Papassidi Maître-escroc », de « Les contes de Koutou-as-Samala », « Les jambes du fils de dieu » et de « Climbié ».

L’homme est officiellement né le 10 janvier 1916 et a achevé sa vie sur terre le 9 mars 2019, à l’âge de 103 ans.

BRIGITTE GUIRATHE