Massiamy Diaby Ouattara (créatrice-designer): "Le réseautage n’est pas du copinage"

Massaimy Diaby Ouattara, créatrice-designer dans un stand à Abidjan Golf Hotel
Massaimy Diaby Ouattara, créatrice-designer dans un stand à Abidjan Golf Hotel
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Massiamy Diaby Ouattara (créatrice-designer): "Le réseautage n’est pas du copinage"

Massiamy Diaby Ouattara (créatrice-designer): "Le réseautage n’est pas du copinage"


Dotée d’une imagination fertile, cette mère de famille de cinq enfants, n’hésite pas à sortir de l’ombre ceux des artistes amateurs qui sont encore en quête de repères, pour en faire des créateurs professionnels. Même si elle reconnait être autodidacte dans le domaine artistique, la  créatrice-designer Massaimy Diaby Ouattara, également membre du Awep-Ci(African women's Entrepreneurship Program Côte d'Ivoire), affirme que  pour mieux se développer, il est important que les femmes sachent que le réseautage n’est pas du copinage. Entretien


Qu’est ce qui fait votre particularité ?

Je travaille avec la toile de jute recyclée. Quand les gens finissent d’utiliser la pomme de terre, je récupère les emballages. J’essaie de donner une autre forme. Mes créations sont variées : J’ai fait la teinture,  des nappes de tables, des  échappes, des vêtements, des sièges, des pouffes...

D’où vous vient cette idée originale ?

Mon inspiration est d’origine divine. Depuis petite, j’ai toujours constaté que mon style vestimentaire était distingué  de celui des filles de ma génération. Je  suis toujours habillée différemment des autres.

Depuis combien de temps êtes-vous dans le métier ?

J’ai véritablement commencé à travailler depuis 1985. Mais c’est en 1989 que j’ai commencé à sortir. En 2000, 2004, mon talent a été confirmé. J’ai commencé à faire des voyages en dehors de la Côte d’Ivoire. J’ai participé au salon international de l’artisanat de Ouagadougou, depuis là, j’ai parcouru 4 continents, beaucoup de pays africains, l’Europe, la Belgique, l’Allemagne, en Asie, en Inde, en Corée du sud. L’Afrique.

Quelle contribution des femmes pour le développement  ?

Je demande aux femmes de se faire confiance. Lorsqu’elles se retrouvent au sein d’un réseau, qu’elles procèdent par échange des compétences. Le partage, qui est aujourd’hui le nerf du développement économique d’une femme. Tant qu’on ne partagera pas nos expériences cela ne pourra pas résoudre le problème…le développement aujourd’hui ne se milite pas à donner des capitaux aux femmes. Lorsqu’on aspire au développement, Il faut un parcours. C’est-à-dire avoir participé à des forums où les gens partagent leur expérience. On ne s’élève pas toute suite pour atteindre le sommet. Il faut multiplier les participations aux forums où chacun peut bénéficier  du savoir-faire de l’autre. Il faut surtout s’inspirer des autres.

Quel soutien aux femmes  inactives ?

J’ai initié une sensibilisation au niveau des femmes.  En les amenant à participer aux formations, elles réussissent à développer leurs activités. Une autre cible, les personnes talentueuses, que je détecte et invite à des expositions que j’aide à développer leurs activités. . Je vois des filles  dans le domaine de l’artisanat, qui font de la broderie, des colliers…Quand j’anime un stand,  je les invite à exposer leur savoir-faire. Je ne peux pas tout faire. Car je suis dans le textile. Les expériences acquises au cours de certains voyages profitent aux jeunes talents, que je déniche. Certains jeunes talentueux sont confinés dans leurs espaces. Pour juguler cette situation, nous demandons aux autorités de multiplier les formations pour le renforcement des capacités. Cela pour que les entrepreneurs puissent avoir une vision très avancée  de leur  projet pour pouvoir atteindre le sommet.

Tout le monde est actif. L’Afrique le plus vieux continent est qualifiée de  très riche. Mais est ce que les africains eux même réfléchissent sur cette dénomination accordée à l’Afrique. J’ai une réponse par rapport à ma propre expérience. La première fois que j’ai effectué un voyage en  Europe, je suis allée en Italie.  J’ai vu des personnes travailler  dans des plantations modernes (motorisées). Arrivée dans la ville de Rome, je me suis posée cette question : les italiens viennent chercher quoi chez nous? C’est la première question que je me suis posée. Je me suis dit, c’est qu’il y a un problème. Nous même, ce qu’on a, on ne le  considère pas. Faut  jamais dire ce que du fait est petit…

L’expérience de l’artisan de Coco

C'est l'histoire d'un jeune artiste que j'ai déniché. Il utilisait la pointe chauffante pour faire des tableaux. Le jeune artiste peinait à écouler sa marchandise. Pour vendre un tableau relevait de l’exploit .Je l’ai invité à une exposition. Selon son talent je  lui ai recommandé de travailler sur du coco. Il a hésité au début. Mais je l’ai encouragé, en lui remettant un échantillon d’objet d’art en coco, une trouvaille  du Brésil. Il s’en est inspiré. Et aujourd’hui, il est fier de ses productions… Il a cru au projet et depuis, son activité je porte bien.

Le réseautage est différent du copinage

Lorsque nous nous retrouvons, il est important que les femmes sachent que le réseautage n’est pas du copinage. Au cours des rencontres il est important de partager nos expériences, afin de consolider les acquis des débutantes.

Isabelle Somian

Isabelle.somian@fratmat.info