L’émoi du jazz : Le joyeux quartet "gâte" les clients d’une banque

Didier Lockwood (violon), Pako Séry (batterie),Linley Marthe (basse) ont gratifié le public d’un spectacle digne de leur réputation.
Didier Lockwood (violon), Pako Séry (batterie),Linley Marthe (basse) ont gratifié le public d’un spectacle digne de leur réputation.
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L’émoi du jazz : Le joyeux quartet "gâte" les clients d’une banque

L’émoi du jazz : Le  joyeux quartet  "gâte" les clients d’une banque

Il a fallu attendre que les invités de la Bicici fassent honneur au copieux buffet à eux réservé, samedi, de 20 h à 21 h 30, dans le hall du Palais des congrès de l’hôtel Ivoire, avant que le concert ne commence. C’est donc sur le coup de 22 h 20 que  la chanteuse de jazz et gospel, Santé Ngo Hiol, annonce le quartet chargé de clore la deuxième édition de l’émoi du jazz version Bicici.

Didier Lockwood arrive le premier. Il n’est pas seul. Il tient à la main son passeport : le violon. Puis arrive le guitariste français, Jean-Marie Ecay, qui a fait ses armes avec Nougaro et Bill Cobham, notamment. En troisième position, le bassiste mauricien, Linley Marthe, arrive en territoire connu. Et pour cause, celui qui a assuré les lignes de basses de Joe Zawinul n’est pas à son premier festival abidjanais.

Le dernier à être convoqué arrache au public des applaudissements nourris. C’est que Paco Séry est chez lui, à Abidjan. Baguettes en main, chemise rouge, casquette (toujours), il lève les mains en guise de salutation et à peine pose-t-il sa frêle silhouette sur la chaise qu’un roulement de batterie indique qu’il va s’en passer des choses. Et il s’en passe. Car, pour ce premier titre, un chorus en guise d’« hamanieh » est proposé par chacun des instrumentistes à cordes. Paco, le seul qui ne joue pas d’un instrument à cordes, entretient, lui, le rythme de sa grosse caisse, sa caisse claire et ses cymbales.

Le public, plus nombreux que l’an dernier, danse, propose des claps, pour ne pas rester en marge de ce morceau de bonheur. Puis, s’entend le deuxième titre. C’est une reprise d’une haute figure du jazz. Edward Kennedy Duke Ellington (1899-1974) a composé “In the sentimental mood”, en 1935.

Mais parce que les interprètes de service s’entendent à merveille, ils rendent l’exécution de la partition intelligible aux oreilles abidjanaises. Se remarque le swing dû à la complicité entre Linley et Paco, les détenteurs du rythme, qui ont tous les deux travaillé avec Joe Zawinul. Que dire de la virtuosité de Didier Lockwood ! Voici 40 ans que ce lauréat du prix de la Sacem, alors âgé de seulement 16 ans, fait vibrer des salles.

Le « Do » de son violon, instrument réputé pour transmettre de la mélancolie, lui, danse, rit, chante. Et la salle avec. Il peut alors abandonner Duke pour s’autoriser une composition personnelle. Le groupe interprète son titre « Format » et bien d’autres dont, en 7e intervention, la berceuse composée, il y a 27 ans, pour ses jumelles. « C’était pour qu’elles dorment. Mais je n’y suis pas parvenu et j’espère que vous aussi, je ne réussirai pas à vous faire dormir », raconte Didier au public duquel il se veut proche. L’idée lui vient alors de descendre et d’assurer un corps à corps avec la foule.

Dans les allées du Palais des congrès, il taquine et finit par séduire les oreilles réticentes, comme celle de Sandrine K., qui avouera, plus tard, aux artistes : « Je n’aimais ni le jazz, ni le violon, mais désormais, je suis conquise ». Vient l’heure de Paco qui abandonne la batterie pour une sanza avec laquelle il dit un conte du village. Didier l’accompagne, cette année, de son violon qu’il joue sans archet, pour pincer les cordes. Elles crient. De bonheur.

Tout comme l’an dernier, l’avait soutenu Alioune Wade, lui, à l’aide de sa basse. Puis, le violoniste exécute, tout seul, « Globe Trotters », avant que Paco Séry, pour finir, ne serve « Miles », son hommage à… Davis. Evidemment. La bande des 4 « vieux routiers » se retire sous les acclamations du public qui, avec la complicité de Santé Hiol, parvient à les faire revenir pour un « gouassou » (bonus).

Un titre supplémentaire est offert au public par le quartet distributeur de jubilations. Le public en redemande. Mais tout a une fin. Même le bonheur sonore. Vive la prochaine édition !

Alex Kipre