Livre/Marie Rose Guiraud : « Ma beauté est dans mon ventre »

Livre/Marie Rose Guiraud : « Ma beauté est dans mon ventre »

Il ne pouvait en être autrement que d’une rencontre sous forme de rythmes. Celle qu’on célébrait en effet, a toujours été portée par le rythme et l’a toujours porté ici aussi bien en Côte d’Ivoire en qualité de pionnière et ailleurs en Afrique et dans le monde. C’est pourquoi chacun des invités a prétexté de ce jour de dédicace pour lui rendre un rutilant hommage. A  commencer par ses danseurs les Guirivoires. 6 filles d’entre eux, suivies de 3 garçons ont exécuté des pas de Tématé, volontairement menus et non amples pour contenir dans l’espace de la librairie. De son bras au poignet ceint de bandes, Marie Rose Guiraud  a tenté de guider ses enfants, du moins de ne pas rester en marge de cet instant qui réveille tout en elle, de cette danse qui la maintient en vie, elle, la survivante.

Pour elle Rocky Hambaté Ba, fille du sachant africain et Présidente de la fondation Hampaté Ba, prévenue à quelques heures seulement de la cérémonie a tout de même effectué le déplacement : « Pour Guiraud, je ne peux pas m’autoriser une absence ».

Pour elle, également le président de  l’Assemblée nationale Guillaume Soro a jugé opportun qu’un bouquet de fleurs soit transmis aux bons soins de sa représentante, l’écrivaine Fatou Kéita : « Le président Soro veut ainsi traduire toute l’affection, toute l’attention et il vous remercie de l’avoir invité. Il me prie de vous encourager et vous remercier pour tous ces jeunes que vous avez formé en Côte d’Ivoire ».

Pour Marie Rose Guiraud encore, Moses Djinko chargé de présenter le livre a exprimé le vœu de voir cette grande dame bénéficier d’une plus grande reconnaissance  nationale. Représentant le ministre de la culture et de la francophonie, Henri N’Koumo, directeur du livre, a promis de transmettre fidèlement au ministre les vœux des uns et des autres. Il a salué l’initiative de Fratmat éditions de publier les biographies et a exprimé les fortes attentes du ministère dans ce genre littéraire. Il s’est ensuite appesanti sur son rôle de pionnière ayant inspiré et contribué à la  mise sur pied du ballet national, et des autres formations artistiques qui lui ont emboité le pas.

La prise de parole de Marie Rose Guiraud a consisté à remercier tous ceux qui ont rendu possible le rêve de témoigner de cette autodidacte. « Dans un monde où font silence tous les sachant  et où prennent la parole les moins méritants »  a ajouté Michel Koffi, journaliste, également chef littéraire aux éditions du groupe et qui aura été pour beaucoup dans l’enfantement final de cet ouvrage. Marie Rose Guiraud est revenue sur son enfance où elle était la risée de tous. « Je ne suis peut-être pas jolie aux yeux de certains mais depuis toute petite, ma beauté est dans mon ventre ». Ni rancœur, ni revanche, l’artiste offre les raisons de rédaction de ce livre : « J’ai écrit ce livre, d’abord pour laisser une petite trace de mon passage sur cette planète terre, un petit héritage à mes compagnons humains, pour leur faire comprendre que la vie est un vrai combat. Pour mieux la vivre, il faut s’affranchir de tout complexe, de toute haine, de tout esprit de vengeance, de toute négation, pour rendre positive notre mission sur terre. Car chacun de nous a une mission à remplir sur terre (…) Le livre est aussi l’héritage de mes enfants déshérités, orphelins et de la rue. Au cas où je ne serai plus de ce monde, les fonds générés par ce livre leur reviendront »

Propos d’une dame généreuse qui chante la résistance, d’une survivante qui vante la survie. La survivante ? Oui ! Propos bien à propos car lundi 10 septembre au moment où ses amis dont Obin Manféi, Wêrê-Wêrê Liking, se sont retrouvés chez elle à l’Edec pour fêter ses 74 ans, elle était absente. Occupée ailleurs dans une clinique à lutter contre la mort. Elle a dû subir une intervention chirurgicale. Lutter contre la mort comme depuis sa naissance. Peut-on mieux vanter et chanter la vie ?

ALEX KIPRE