Livre: Les ''confessions'' du Cardinal Kutwă à Lébry Léon Francis

Livre: Les ''confessions'' du Cardinal Kutwă à Lébry Léon Francis

Livre: Les ''confessions'' du  Cardinal Kutwă à Lébry Léon Francis

Le  21 mars, en la paroisse Saint-Jean de Cocody, le journaliste-écrivain et biographe  éminent de prélats charismatiques, dédicacera son 5e ouvrage consacré  à un dignitaire de l’Eglise ivoirienne et universelle.

A moins d’une semaine de la présentation publique de l’ouvrage biographique consacré à Son éminence Jean-Pierre Cardinal Kutwă,  par Lébry Léon Francis, à l’église Saint-Jean de Cocody à Abidjan, à partir de 15h30, il importe de feuilleter ce livre et en partager la quintessence avec les lecteurs. Aux fins de dégager les intérêts aux plans social, historique, heuristique de  «Jean-Pierre  Kutwă, miraculé et cardinal», qui vient de paraître chez Nei/Ceda. Mais aussi d’en tirer la portée sociale et morale dans un contexte marqué par divers traumatismes aussi bien pour la nation ivoirienne que  pour l’humanité, notamment après la première attaque terroriste portée en plein cœur à la Côte d’Ivoire, le 13 mars à Grand-Bassam. Si ce n’est une catharsis digne d’un travail psychanalytique, ce livre permet, à tout le moins, de revenir avec un rétroviseur sur des pans de vie, heureux ou malheureux, qu’il faille tôt ou tard, exhumer pour l’offrir à la postérité. On aurait dit que la cardinal se soumet, in fine, au divan de l’auteur qui se fait un Freud de circonstance. On n’oserait pas dire que c’est LA confession du cardinal à son ouaille mais c’est tout comme.

A travers les méandres foliotés d’un parcours ecclésiastique jonché d’embûches  d’un personnage que le destin de naître comme 10e enfant et donc voué à être un paria dans une société akan dans laquelle cela constitue une abomination, l’on découvre que la foi supplante les aléas de la vie et transcende les superstitions les plus surannées. Un gage de réconfort pour toutes les meurtrissures que quiconque aurait pu subir. Et les premières lignes de l’ouvrage sont là pour en attester.  «Tant de faits suffisaient largement pour me mettre sur la touche, mais la grâce divine ne m’a jamais fait défaut…» ou encore «Les décrets du Seigneur sont insondables et ses votes incompréhensibles». Dixit  Jean-Pierre Cardinal Kutwă. De son enfance  à Bingerville en 1945, à Noël,  de plain-pied dans le tragique épisode des travaux forcés de la colonisation, à sa double ordination d’archevêque à son élévation à la dignité de cardinal, en passant par ses accidents, la célébration de ses 60 ans de sacerdoce ou encore ses déclarations politiques, Lébry Léon Francis fait (re) découvrir un haut dignitaire de l’église de Côte d’Ivoire et le catholicisme mondial.


La biographie, un genre difficile mais ô combien d’intérêt !

Le tout à la lumière de prêches, discours, propos, correspondances et missives,  fac-similés de décisions et témoignages recueillis par le journaliste-écrivain. Avec en prime, des illustrations fort discursives.  D’où tout l’intérêt du genre biographique dans lequel excelle l’auteur. Car, de toute évidence, la biographie est un texte qui porte sur le «vrai», un texte documentaire qui raconte des faits supposés justes, des histoires tenues pour vraies. L’auteur et le narrateur (qui avec Lébry  s’efface) sont les mêmes, par contre le personnage principal est la personne dont on raconte la vie, en l’occurrence le prélat ivoirien.  Mieux, en journaliste d’expérience et multicarte, l’auteur  laisse transparaître qu’il a fait des recherches sérieuses, s’est documenté, a  vérifié les éléments.  Il importe de s’appesantir sur ces faits, car, par trop souvent,  du fait de bien des critiques, le genre subit une dépréciation majeure. La biographie est attaquée pour sa finalité moralisatrice, dominante depuis bien des années. Au point où, des ouvrages d’envergure ne reçoivent que très peu de distinctions.  Or avec Lébry Léon Francis, l’époque, le milieu et l’environnement sont fortement mis en valeur pour constituer une atmosphère qui expliquerait la  destinée de son sujet/objet dans sa  singularité.

A juste titre, en marge de la présentation de l’ouvrage de Lébry, un autre biographe de renom, Fréderic Grah Mel, fera une communication sur ce genre, afin de préserver toute sa noblesse.

En tout état de cause, à la lecture de cette biographie au style dépouillé, alerte avec en sus, un idiolecte bien cerné par l’auteur, lui-même ancien séminariste et rompu aux arcanes mondiales de l’église catholique et qui sait le partager au lecteur lambda, la (dé) formation professionnelle du journaliste se fait utile. En effet, répondant, dès l’attaque du papier, pour emprunter le vocable médiatique, l’on en est dans le vif du sujet par la réponse aux questions  de prolégomènes du journalisme: qui, quoi, où, quand, comment (et pourquoi). Toutes choses qui invitent à s’interroger en y répondant avec Lébry Léon Francis: «Qui aurait pu prévoir que Jean-Pierre, fils de Martin et dixième enfant des Koutouan, ferait une telle carrière ? Le garçon avait décidé, sur un «coup de tête», d’être petit séminariste mais une fois qu’il l’avait été, il ne voulait plus l’être.  Pour cela, il avait tout imaginé et tout acté, même son renvoi du séminaire ; il y est pourtant revenu, un peu contraint, puis s’est adapté et transformé. La providence a fait le reste…».


Une plume de  référence

Après une escapade, du reste fondatrice dans le monde éditorial ivoirien en 2013, avec « Lougah, Coulisses d’un artiste » (2013, Nei/Ceda, Abidjan, Présence africaine, Paris, 205P.),  trois années avant la célébration du 20e anniversaire de la disparition de l’artiste affectueusement appelé «Papa national», Lébry Léon Francis revient sans son jardin secret et favori de la biographie des Hommes de Dieu. La 5e sur 6 œuvres  éditées ; en attendant d’autres aussi insoupçonnées qu’en finition sur des personnalités de haut-vol. Toutes choses qui font de la plume de cet auteur, une référence. En effet, journaliste émérite et écrivain coutumier des arcanes du Vatican et du clergé ivoirien, Lébry Léon Francis fut rédacteur en chef et directeur général du groupe Fraternité Matin qu’il a servi plus de trois décennies durant. Ebony du meilleur journaliste presse écrite, en 2006, décerné par l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci) il a, en outre, reçu le prix des Couronnes de la culture ivoirienne de l’Union des journalistes culturels (Ujocci), en 1999. Il est membre fondateur de l’Organisation des journalistes professionnels de Côte d’Ivoire (Ojpci).

REMI COULIBALY