Littérature: Julien Anaki étale les confidences entre les hommes

Littérature: Julien Anaki étale les confidences entre les hommes

« Entre hommes ! ». C’est le titre du roman de Julien Anaki, journaliste de formation, aujourd’hui, cadre à l’Office national de l’identification (Oni). Le troisième ouvrage de sa bibliographie, sorti en mars 2019, chez l’Harmattan-Côte d’Ivoire, après ‘’Chroniques ivoiriennes. Ausculter la Côte d'Ivoire’’ (mai 2014) et ‘’Délices de renégat’’ (avril 2016) chez le même éditeur.

Quand les hommes se retrouvent, après une partie de sport, ou autour d’un pot, ils parlent de tout : travail, politique, affaires de couples puis de leurs conquêtes du jour… « Entre hommes » est ce roman qui vient mettre sur la place publique les confidences que les hommes se font sur leur vie. L’auteur fait-il bien d’étaler ‘’tous ces secrets d’hommes’’ ? Pour quel objectif ? Julien Anaki laisse le lecteur plonger dans un univers non borné et se donner des réponses à ces interrogations. Avec son style d’écriture simple et une teinte journalistique, bien évidemment, et des mots accessibles à tous, l’auteur de ‘’Entre les hommes’’ fait voyager son lecteur au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, bref, dans le monde…pour faire un balayage sur la société et ses composantes : les aventures humaines, les rencontres, les amours, les trahisons, les souffrances, les peines et joies dans les couples. Autant de sujets qui alimentent les causeries entre hommes. Parmi tant de sujets, Julien Anaki touche les confidences des hommes sur leurs aventures amoureuses. Mariés ou pas, ils se partagent les expériences de leurs conquêtes idylliques pour se convaincre que la fidélité à une seule femme n’est pas de ce monde.

« Quand j’ai rencontré ma femme, j’ai su que j’allais vivre le bonheur. Elle était si douce, si attentionnée, si belle et si polie que je me suis dit je ne pouvais trouver mieux. J’ai retrouvé en elle ce que je cherchais chez une femme. Elle avait toutes les qualités pour un homme. Je n’ai donc pas, au bout de quelques mois de vie conjugale, hésité à demander à l’épouser. Ses parents ne m’ont posé aucun problème. Dans la sobriété, nous avons célébré notre mariage. Ma femme est de confession musulmane et je suis chrétien. Au bout de quelques années de vie commune, j’ai commencé à fréquenter une autre fille. Non qu'il y ait eu péril en la demeure mais, cela m'équilibrait. Anne était moins douce, moins polie et moins belle que ma femme. Mais, elle avait un peu de folie dans le comportement qui m’attirait… » (Page 21). Dans cet extrait, l’auteur signale à son lecteur la trame qui va dominer le roman : les problèmes de couple, les hommes et leurs maîtresses « leur deuxième bureau » qu’ils tendent à imposer pour ne pas dire institutionnaliser. A la limite, l’auteur semble mettre en évidence le fait qu’il est difficile aux hommes de rester fidèles à une épouse, à moins d’être très fort ou d’avoir une « bénédiction spéciale donnée aux femmes à la création pour l’être » (Cf : P 11, préface du Pr Mamadou N’Diaye, Enseignant-Chercheur, Directeur des Études du Centre d'Études des Sciences et Techniques de l'Information (Cesti), Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Et de poursuivre : « Julien Anaki semble nous dire que si on ne peut pas nier que la majorité des hommes sont des polygames de fait, l’Afrique traditionnelle ou encore les religions révélées n’interdisent pas forcément la polygamie.

Par conséquent, il est temps pour les femmes dites modernes de l’accepter pour l’équilibre des couples ». Violente déduction qui rouvre ainsi tout un programme ou un grand débat, traînant littéralement le lecteur dans un océan de vies dont les vagues se nomment : déception, rêves brisés, mais aussi bonheur qui bouillonnent dans le petit cœur des femmes.

 

GERMAINE BONI