Libération de l’espace télévisuel et la Tnt : Ibrahim Sy Savané clarifie tout

Le président de la Haca, Ibrahim Sy Savané ( au micro), a informé les députés sur la nécessité de libéraliser l’espace télévisuel.
Le président de la Haca, Ibrahim Sy Savané ( au micro), a informé les députés sur la nécessité de libéraliser l’espace télévisuel.
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Libération de l’espace télévisuel et la Tnt : Ibrahim Sy Savané clarifie tout

Le président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca), Ibrahim Sy Savané, a éclairé des députés, membres de la Commission des affaires générales et institutionnelles (Cagi) sur la libéralisation de l’espace télévisuel et la transition numérique terrestre (Tnt).
C’était hier, au cours d’une session d’information à l’Assemblée nationale.
Il était accompagné du collège de sa structure, du directeur général et de ses collaborateurs.
Intervenant sur le thème «Régulation et libéralisation du secteur de l’audiovisuel : défis, enjeux et intérêts pour nos populations», le président de la Haca a, non seulement permis aux parlementaires d’être mieux informés sur les deux sujets, mais leur a offert l’occasion d’échanger sans faux-fuyant et sans tabou. En clair, il a mis à profit son passage à l’hémicycle pour expliquer le bien-fondé de la libéralisation de l’espace télévisuel.
Tout en évoquant l’évolution technologique qui expose, de facto, tous les pays du monde entier au rayonnement de dizaines de télévisions satellitaires, il a relevé cinq enjeux qui fondent la nécessité d’aller à cette libéralisation. A savoir les enjeux démocratiques ; culturels et sociétaux ; économiques ; technologiques ; géopolitiques.

Le bien-fondé de la libéralisation
S’agissant du premier enjeu, Ibrahim Sy Savané indiquera que le pluralisme est une nécessité démocratique que l’on peut facilement relier aux droits de l’homme. Alors, vu le poids des mass-médias dans la formation de l’opinion publique, il a mentionné qu’il est difficile d’admettre, sauf cas exceptionnel, qu’un seul organe de presse puisse refléter l’ensemble des opinions et des attentes citoyennes. Pour ce faire, il a encouragé la diversité des contenus des programmes. Il dira, à cet effet : «L’on voit mal comment une seule chaîne de télévision, aussi volontaire et talentueuse soit-elle, pourrait prendre en charge l’ensemble des besoins d’informations, des centres d’intérêt de tout un pays. D’autant que tous les autres domaines, politique, économique, culturel, se caractérisent, de plus en plus, par la diversité».
Parlant des enjeux culturels et sociétaux, le président de la Haca insiste sur l’importance de l’audiovisuel dans la diffusion de la culture au sens large. Malheureusement, il fait remarquer que l’analyse de ses grilles dans nombre de pays africains laisse voir un véritable déficit dans ce domaine. C’est pourquoi, il dira que la libéralisation peut être un atout décisif. Ibrahim Sy Savané a saisi cette opportunité pour montrer que la culture joue un rôle de structuration de la conscience des jeunes. Tout en reconnaissant que la libéralisation ne peut tout résoudre dans une industrie nationale de programmes, il reste convaincu que l’émergence d’un marché est impossible dans une situation monopolistique. Pour lui, la libéralisation, dans le cadre des cahiers des charges plus précis et plus volontaires, favorisera la diffusion de la culture.
Quant aux enjeux économiques, le président de la Haca a souligné que malgré l’impréparation de la libéralisation de la presse écrite, le secteur a créé de nombreux emplois, au moment où des pans entiers de l’économie étaient en pleine récession et incapables d’offrir la moindre activité. C’est pourquoi, il reste convaincu que la libéralisation permettra de consolider toute une filière : «Si les nouvelles chaînes ne se contentent pas de reproduire le modèle des télévisions publiques, qu’elles se dotent de capacité autonome de production, ce sont donc des centaines d’emplois qui seront créés et des centaines de millions de Fcfa de devises économisées». Et d’ajouter que la structuration d’une véritable filière économique de l’audiovisuel ne peut donc se concevoir sans une libéralisation réelle, transparente, équilibrée qui tienne compte, à la fois, des capacités du marché et de la liberté d’entreprendre. Toutefois, il a insisté pour dire que la Haca souhaite que le processus en cours garantisse la viabilité financière des futures télévisions.

Protéger le média d’état
Au niveau des enjeux technologiques, Ibrahim Sy Savané a affirmé que la transition numérique, c’est-à-dire l’abandon de l’analogique, s’impose à tous les pays. Il a attiré l’attention de l’auditoire sur le risque que courent les pays qui traînent les pieds. Etant donné que le deadline est fixé au 17 juin 2015 par l’Union internationale des télécommunications (Uit). Il a souhaité qu’au niveau de la Côte d’Ivoire, le rythme de cette transition soit accéléré. Il a révélé qu’avec le système analogique, ses services ne peuvent octroyer qu’au plus 4 fréquences de télévision, alors qu’avec le numérique, une dizaine de chaînes seront autorisées. Ibrahim Sy Savané a fait savoir que la Haca avait remis un chronogramme de la libéralisation au gouvernement le 27 juillet 2012. Qui devrait prendre la dernière décision, c’est-à-dire, fixer la date de la libéralisation et procéder à l’allocation des ressources afférentes. Compte tenu du retard accumulé, et qui est le fait du temps administratif, il a mentionné que la véritable urgence est de réaliser la transition numérique. Le président de la Haca a donc dit qu’il est sans doute souhaitable que la libéralisation sera  subordonnée à cette transition numérique.
Abordant la question des enjeux géopolitiques, Ibrahim Sy Savané a fait savoir que les rapports internationaux sont, de plus en plus, modulés par le reflet que projette à l’extérieur. Tout en reconnaissant que de façon insidieuse, le système audiovisuel d’un pays agit sur ses partenaires, il a indiqué qu’il n’est pas question d’opérer une libéralisation quantitative pour espérer jouer un rôle dans la médiasphère mondiale. Pour lui, il n’y a pas de doute, la Côte d’Ivoire regorge d’atouts puis que son influence culturelle dans la sous-région et au-delà est exceptionnelle. Tout cela est important, a-t-il fait savoir, dans les rapports internationaux où l’influence culturelle et intellectuelle devient un vecteur important.
Devant les députés, le président de la Haca s’est voulu rassurant, en affirmant que la libéralisation qui ne signifie pas privatisation ne se fera pas au détriment de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti). Bien au contraire, il dira qu’elle bénéficie du soutien de l’Etat pour opérer son ajustement technologique et préparer sa propre transition vers la concurrence.

ISSA T. YEO