La désaffection des adolescents vis-à-vis de la lecture: Quels remèdes ?

La désaffection des adolescents vis-à-vis de la lecture: Quels remèdes ?

La désaffection des adolescents vis-à-vis de la lecture: Quels remèdes ?

Les adolescents d’aujourd’hui à tort ou à raison n’aiment pas lire. Les témoignages sont plus que convergents. Pour reprendre le terme d’un observateur, la désaffection des ados vis-à-vis de la lecture dans ses formes et genres présente même le « signe d’une aversion contre la civilisation de l’imprimé ». Les jeunes préfèrent les bandes-dessinées, les dessins animés, les films, les jeux vidéo, les conversations au téléphone. Et jamais le culte de l’image et de la vidéo n’a réuni autant de fidèles. Les jeunes cherchent à être dans le mouv’ (in ou branchés). Le verdict est sans appel : les jeunes ont d’autres centres d’intérêts. Ce problème dont l’actualité interpelle à plus d’un titre reste un souci majeur pour le système éducatif global. En effet, il préoccupe à la fois les politiques et décideurs éducatifs, les parents, les bibliothécaires, les éducateurs, les enseignants, etc.

Quels remèdes pour inverser la tendance ?

 

  • Instaurer un Environnement Familial de Lecture (EFAL).

Ici, la problématique intéresse les premiers agents en charge de l’éducation des enfants : les parents ou tuteurs. La lecture demande du courage voire de l’engagement. S’adonner à la lecture résulte difficilement d’un « ça va de soi » ! C’est la raison pour laquelle il faut ériger la lecture au même titre que les hobbies de l’univers familial. La concurrence déloyale que sont par exemple la piscine, le cinéma, le glacier sont dommageables à l’envie d’aller à la lecture. Dans la pratique, on peut valoriser le livre en disposant d’une bibliothèque ou en l’offrant comme cadeau-récompense à l’occasion de bons résultats scolaires, d’admission aux examens, de performance… Pour les plus petits, le rituel de lire un bout d’histoire avant de « faire dodo » est un excellent mécanisme d’introduction du livre dans le monde du sujet.

 

 

  • Créer ou multiplier les bibliothèques ou centres de lecture au niveau local ou national. Cette politique publique ou privée sera destinée aux sorties individuelles ou collectives, didactiques ou ludiques ainsi qu’au tourisme intérieur ou international. Elle placerait l’intérêt du livre à une échelle importante dans le quotidien des citoyens, enfants ou adultes. L’équipement des écoles et autres structures de formation en de telles infrastructures est également un objectif à atteindre ou à encourager. Il faut aussi prendre en compte une autre dimension de ce projet en sollicitant les partenaires susceptibles d’approvisionner de telles infrastructures en ouvrages adéquats à travers une démarche régulière.

 

 

  • Militer pour une politique qui rapprocherait le jeune lectorat des auteurs (écrivains) à travers des tribunes de rencontres et de lecture.

 

 

  • Tenir compte de l’âge psychologique. L’âge psychologique des enfants voudrait que les genres et formes de lecture ne soient pas identiques pour toutes les tranches d’âge. Par exemple, certaines études ont pu observer que « tous les enfants de quatre à huit ans passent par le stade contes avant de l'abandonner pour s'intéresser aux livres d'aventures et à ceux dont le héros est un enfant ». Il est donc très important de connaître d’une part à quel stade de développement se trouve l'adolescent. D'autre part, il faut aussi prendre en compte le goût de lecture du sujet. En effet, il y a des divergences individuelles selon les sensibilités : les thématiques abordées par les livres doivent correspondre à ce qui peut ouvrir l’appétit livresque. Ci-après, une diversité de thèmes qui pourraient intéresser les jeunes :

 

-          Contes et contes de fées

-          Aventures

-          Humour

-          Connaissance du milieu naturel (animaux, planètes)

-          Sciences et technologies

-          Famille et amour

-          Problèmes et phénomènes sociaux

-          Histoire

-          Enquêtes policières

-          Performances sportives

 

  • Cibler le jeune public dans la production littéraire. Les éditeurs doivent trouver des réponses extrêmement intéressantes à travers les genres littéraires inventoriés. Le style de l’écriture, les formats, des choix graphiques sont autant d’indices dont on doit tenir compte pour accrocher les  adolescents, et faire occuper au livre une place de choix dans le courant de leur quotidien.

 

 

  • Promouvoir les E-Books à côté des imprimés, quand l’on sait que le téléphone (les adolescents envoient un nombre ahurissant de SMS par jours), la télévision, Internet, les jeux vidéo sont des sources d'informations et de divertissements. Les E-Books ou livres électroniques pourraient en tout état de cause exercer un important pouvoir d'attractivité dans le sens où ils proposent l'immédiateté, la facilité d'accès, etc. En somme, la promotion des E-Books auprès des jeunes pourrait les rapprocher de la lecture.

 

En réalité, les adolescents lisent plus qu’on ne le penserait, mais sans apprendre réellement; ils lisent sur les réseaux sociaux, ils lisent les paroles de chansons, les réponses de leurs amis envoyés à travers les échanges par SMS, ou sur les blogs. Ils lisent donc, par conséquent la lecture n’est pas perdue. Seulement,  comparé au livre, ce feeling n’a pas le même pouvoir éducatif. N’a-t-on pas écrit que les livres sont plus brillants et sages que leurs auteurs ? Le livre est l’instrument privilégié de l’acquisition du savoir et de la consolidation de la culture. Alors, il faut permettre au livre de devenir l’élément central de la formation et non le flop de nos adultes de demain.

Mariame Viviane NAKOULMA (Virial)

Docteure en Droit

Consultante

Auteure