Gilles Touré : ‘‘Je ne suis pas un génie...’’

Gilles Touré
Gilles Touré
Gilles Touru00e9

Gilles Touré : ‘‘Je ne suis pas un génie...’’

Gilles Touré : ‘‘Je ne suis pas un génie...’’ 

La 3ème édition de Féerie, au cours de laquelle Gilles Touré a été décoré officier dans l’ordre du mérite culturel ivoirien, a consacré  ses 20 ans de carrière. A cette occasion, sa marraine Mme Dominique Ouattara a tenu à lui rendre hommage: «De ses débuts à nos jours, Gilles Touré a toujours fait preuve d’un immense talent et d’un esprit de créativité extraordinaire qui fait la caractéristique des plus grands stylistes. Durant toute sa carrière, Gilles a gravi tous les échelons et marqué les esprits par son style particulier et son renouvellement permanent ». Dans cet entretien, il évoque sa carrière débutée à l’âge de 20 ans.

Comment avez-vous vécu ces 20 ans de carrière ?

Cela a été 20 ans de bonheur, de plaisir de rêve que j’étais en train de réaliser…il y’a eu des moments où j’avais envie de partir en courant, abandonner la mode ’’.

Quelle différence fait-on entre, styliste, couturier, tailleur, modéliste…?

Le styliste c’est celui qui crée les tendances, dessine la collection. Le modéliste la réalise. Le tailleur, c’est celui qui fait des costumes typiquement masculin. Le vrai terme à employer c’est « tailleur pour homme ». Le couturier, c’est celui qui a été d’abord styliste et qui après crée sa maison de couture.

Vous auriez pu être un bon économiste, pourquoi avoir choisi le monde de la mode ?

L’économie me permet de gérer mon entreprise. Depuis tout petit j’ai été captivé par la mode. A 17ans j’ai fait ma première parution presse. Mon premier magazine étant en classe de terminale. Mes parents n’étaient pas très contents car ils avaient peur que je sois distrait vu que j’avais un examen en fin d’année. Après le baccalauréat j’ai fait une licence en économie à l’université d’Abidjan et je me suis lancé dans la mode.

Gilles habilleur des femmes et non pas des hommes. Pourquoi ce choix féminin ?

J’habillais les deux au départ. C’’était plus les femmes parce qu’avec elles on s’éclate plus. Et il y a plus de couleurs. Les femmes correspondaient plus à ma créativité car j’avais beaucoup de chose à montrer et à donner en tant qu’artiste.

D’aucuns pensent que la mode est fonction de l’orientation sexuelle. Que pensez-vous de cette assertion ?

Ils se trompent complètement. Le seul problème au niveau de la mode, c’est qu’il y a de nombreux efféminés. Les orientations sexuelles c’est partout dans tous les milieux.

Quel est le bilan que vous pouvez dresser après ces 20 années dans la mode ?

Satisfaction, cela a été 20 ans de bonheur, de plaisir, de rêve que je suis en train de réaliser. J’ai eu la chance d’être soutenu très tôt par mes devanciers. Il y’a eu des moments où j’avais envie d’abandonner la mode à cause des nombreuses difficultés. En gros le bilan est positif et j’espère que ça ne s’arrêtera pas ce 8 novembre (Ndlr : date de la célébration de ses 20 ans de carrière).

Pourquoi le thème ‘’féeries by Gilles Touré’’ pour l’anniversaire  de vos 20 ans de carrière ?

On voulait un thème accrocheur. Tout jeune, j’adorais la ‘’fée’’. C’est de là que m’est venue l’idée. Je voulais aussi à travers cette soirée transporter les gens dans un monde de rêve.

Quel sentiment vous anime après avoir été fait officier dans l’ordre du mérite culturel ivoirien ? Pourriez-vous également nous parler de vos projets à venir?

Je suis très content car je me rends compte que mon talent est reconnu de tous et cela me fait plaisir. J’ai plein de projet. Je ne parle pas de mes projets. Je suis très superstitieux. Je fais partie des personnes qui pensent que quand on parle de son projet, il n’aboutit pas.

A quel moment vous réalisez vos projets et quelle est votre source d’inspiration ?

Je dessine à n’importe quel moment dès que j’ai une idée. Peu importe l’endroit.  Je m’inspire de ce qui m’entoure et de ce que je vois… Je ne suis pas un génie comme les gens le disent.

Aujourd’hui on parle de mode africaine comment se caractérise-t-elle ?

Elle se caractérise par la forme. Cette mode est en train de conquérir le marché européen par des créateurs européens. Et c’est ce qui est dommage mais je reste convaincu que la mode africaine a beaucoup d’avenir.

Selon vous, quels supports les africains devraient utilisés pour promouvoir la mode africaine ?

On peut se servir par exemple du pagne traditionnel. Je pense au kita, au rafia, au pagne de Korhogo…qui malheureusement n’ont pas été développé. Ils sont bien beaux mais il est difficile de les lavés. Ils déteignent et sont parfois lourd. C’est au gouvernement d’aider ces artisans à les industrialiser pour une utilisation pratique.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?         

Beaucoup de chose. Le fait d’avoir été très tôt soutenu par tout le monde et que les jeunes s’identifie à moi. Cela montre qu’on fait un travail qui plait.

Quel conseils pouvez-vous donner à ceux qui rêvent d’être des futurs ‘‘Gilles Touré’’ ?

Je leur dirais de rêver d’être eux-mêmes. C’est important parce qu’en rêvant d’être des futurs Gilles, ils me donnent toutes leurs ondes positives. Cela me fait grandir. Il faut qu’ils se disent qu’ils doivent apporter une touche nouvelle et personnelle. Et après essayer d’exister eux. Je profite de cette occasion pour remercier la première dame Dominique Ouattara, les ministres présents et le public venu nombreux pour me soutenir.

Interview réalisée par Soro Gnélé  et Michel Amoikon (Stagiaires)