Festival Abla Pokou: "Il s’agit de sauver notre culture", indique Jean Louis Kouassi

Jean Louis Kouassi, commissaire général du Festival Abla Pokou de Sakassou.
Jean Louis Kouassi, commissaire général du Festival Abla Pokou de Sakassou.
Jean Louis Kouassi, commissaire gu00e9nu00e9ral du Festival Abla Pokou de Sakassou.

Festival Abla Pokou: "Il s’agit de sauver notre culture", indique Jean Louis Kouassi

Nous venons de vivre la première édition du festival Abla Pokou de Sakassou. Quel bilan faites-vous après trois jours de célébration de la culture baoulé ?
Nous sommes satisfaits à un double niveau. La première chose à noter, c’est que nous avons pu tenir l’essentiel du programme de nos activités. Nous pouvons vous le dire avec une certaine fierté que tout ce qui était prévu dans le déroulement de ce festival a pu être réalisé. La deuxième satisfaction vient du fait qu'il y a eu une grande mobilisation de la population non seulement de Sakassou mais aussi des autres départements de la région du Gbêkê. A aucune des étapes de ce festival, le public ne nous a fait défaut. C’est ce que vous pouvez même constater à la cérémonie de clôture. Mais sachez que nous sommes conscients des difficultés qui ont émaillé la réalisation d’une telle manifestation. Nous pensons qu’à l’édition 2017, nous allons non seulement consolider les acquis mais améliorer ce qui n'a pas marché.

Justement, que faudra-t-il améliorer pour l’édition 2017 ?
Il faut une amélioration au niveau du temps. A nos dépens, il faut reconnaître que nous n’avons pas pu respecter les heures de programmation de certaines activités. Il a manqué des automatismes au niveau du comité d’organisation. A ce niveau, nous prenons le ferme engagement de l’améliorer les prochaines éditions.

Au moment où les lampions s’éteignent, qu’est ce que nous devons retenir de ce festival ?
Nous allons dire que nous devons retenir tout. Depuis les conférences thématiques jusqu’aux danses traditionnelles en passant par les vestiges de la Cour royale, il y avait de la matière à nous ressourcer dans notre tradition. Il faut dire qu'au niveau de la danse, nous avons dépoussiéré des danses qui étaient en voie de disparition. C’est là aussi toute notre satisfaction. L'objectif est de remettre en scelle nos valeurs culturelles. C’est pourquoi, nous avons mobilisé les jeunes et même les moins jeunes pour qu’ils se les approprient. Nous les avons associés à travers des danses chorégraphiques afin que les chorégraphes présents puissent copier ces pas de danses traditionnelles pour les intégrer dans leurs chorégraphies. Cela sera formidable si d’ici quelques années nous arrivons à amener ces jeunes à s'intéresser à leurs cultures.

Pourquoi avoir baptisé votre festival « Festival Abla Pokou » ?
Festival Abla Pokou parce que cette grande dame représente la mère du peuple baoulé. Abla Pokou est à l’image de Jeanne D’arc en France. Il faut faire vivre au quotidien notre culture. A travers la légende, Abla Pokou a marqué l’histoire de ce peuple. Elle incarne des valeurs nobles que sont le don de soi, la bravoure, l’intelligence… Des valeurs à partager et à enseigner. Le peuple baoulé tire toute sa fierté des actes posés par cette brave femme.

A cette première édition, nous n’avons pas senti le soutien des cadres. N’ont-ils pas été associés? Ou c'est la politique qui a pris le dessus ?
C’est un coup d’essai. Mais nous pensons que les années à venir, ils nous épaulerons pour que notre « bébé » puisse grandir pour le plus grand rayonnement culturel de notre région. Généralement, quand vous prenez une telle initiative, dès le départ, certaines personnes veulent voir ce que cela va donner. Maintenant que nous sommes tous convaincus de sa réussite, d’ailleurs les propos élogieux des officiels l’attestent, nous sommes persuadés que l’appétit venant en mangeant, ils seront à nos côtés l’année prochaine et les années à venir. Mais il faut dire que le soutien des autorités administratives et municipales ne nous a jamais fait défaut. Aussi, il faut saluer la grande mobilisation de tous les chefs traditionnels du département et des autres départements. Sans oublier la caution de la population en général. Abla Pokou c’est la mère de tous les Baoulé. Nous devons faire corps autour de ce festival. Par conséquent, j’aimerais lancer un appel pressant à tous les cadres. Nous leur demandons humblement de mettre tous leurs intérêts personnels de côté et d’avoir une vision commune. Il s’agit de sauver la culture de notre royaume. C’est une immense œuvre. Pour ce faire, nous avons besoin de la contribution des uns et des autres pour réussir ce challenge. C’est un défi à relever. Abla Pokou a été une guerrière réputée. Nous devons honorer sa mémoire en étant nous-mêmes des guerriers.

Un tel festival nécessite assez de moyens financiers. Alors, avez-vous pu mobiliser les fonds nécessaires pour sa mise en œuvre ?
Nous avons eu beaucoup de difficultés pour boucler le budget. C’est la solidarité des jeunes cadres qui ont cru en ce projet qui a permis de mettre un fonds modeste en place pour sa mise en œuvre. Avec ce « bébé » qui a pu faire ses premiers pas dans la bonne direction, nous pensons que l’année prochaine, les soutiens viendront de partout. D’ailleurs, le représentant du ministre de la Culture et de la Francophonie l’a souligné dans son intervention, que pour ce qu’il a vu, il a fait la promesse que l’année prochaine, le ministère fera sa part contributive.

Alors vive l’édition 2017
Oui vive 2017 ! Sur la base des acquis, nous allons solliciter beaucoup plus de partenaires. Une fois que le festival refermera définitivement ses portes, nous allons immédiatement nous mettre au travail pour l’édition 2017. Nous tenons à remercier quelques institutions et partenaires qui n’ont pas hésité à nous faire confiance. Nous prenons l’engagement d’offrir au peuple du Walêbo et aux autres peuples baoulé un festival digne de la Reine Abla Pokou.

Interview réalisée par Charles Kazony
Correspondant régional