Exposition/« Silentium » : De l’appropriation de notre imaginaire pour construire un monde parfait

L'artiste Sadikou Oukpedjo
L'artiste Sadikou Oukpedjo
L'artiste Sadikou Oukpedjo

Exposition/« Silentium » : De l’appropriation de notre imaginaire pour construire un monde parfait

C’est la deuxième exposition personnelle de cet artiste qui fait partie de la quinzaine d’artistes qui compose l’écurie de cette galerie d’art présente également à Dakar.

Dans cette exposition où trois séries d'oeuvres se disputent les cimaises, dans une trilogie, à savoir, mutation - mythologie -"ilemthologie", l'artiste évoque son rêve d'un monde parfait.

La scénographie de cette exposition donne à voir une œuvre gigantesque intitulée "Newland" qui accueille le public à l'entrée de la galerie. D’ailleurs, cette pièce situe le visiteur sur l'histoire - tant par sa construction que sa démarche - que s'apprête à raconter en silence Sadikou Oukpedjo. L’idée que l’artiste développe ici est le résultat d’observations et des expériences intérieures qui se sont accumulées au cours de sa vie.

Cette exposition, il faut le souligner, est la suite de la première réalisée par l’artiste en 2016 dans la même galerie. « Dans ma toute première exposition personnelle, j’ai travaillé sur la mutation de l’animal à l’homme (…) Mon questionnement est parti d’un bœuf qui a coulé des larmes lors de son immolation pendant la tabaski », explique l’artiste qui indique ne pas comprendre malgré le fait que l’homme divinise l’animal, il continue de le mettre à mort pour sa consommation ou tout autre besoin.

Dans cette exposition intitulée « Silentium », Oukpedjo en appelle à l’animal pour dévoiler nos contradictions les plus intimes. Et d’ajouter : « j’ai compris que la mythologie a abouti à la divination. On a échoué ». L’artiste propose, pour ce faire, une nouvelle voie. Celle qui permettra à l’homme d’aboutir à un monde parfait. « Il faut créer une nouvelle mythologie pour sauver l’humanité », estime Oukpedjo. Cette nouvelle voie, il l’a appelé « ilemthologie » en référence à l’histoire authentique dont l’homme doit s’approprier.

L’artiste raconte donc une sorte de nouvelle mythologie pour corriger les échecs et les déséquilibres constatés. Il invite les hommes à s’approprier leur imaginaire pour la construction d’un monde parfait.

Dans « Silentium », il propose donc la construction d’un nouveau monde. Si en 2016, il a présenté un travail de peinture et de sculpture, dans cette deuxième exposition, il s’est concentré sur la toile, fait remarquer Cécile Fakhoury.  Avec une ouverture sur le sous-verre pour annoncer une nouvelle série d’œuvres en construction.

Pour la galeriste, l’artiste mène de vraies réflexions et techniquement, il est dans  l’expérimentation et la recherche de matière. A la question de savoir pourquoi tant d’attention aux artistes locaux, Cécile Fakhoury explique que c’est le travail local qui fait qu’on est légitimé à l’extérieur.

Aussi croit-t-elle à une prise de conscience sur l’existence d’un marché de l’art partout. « Pourquoi pas chez nous ? Notre combat c’est de valoriser les arts », ressasse-t-elle. Pour elle, il s’agit d’inviter le public à regarder autrement le monde car dira-t-elle, une nation se construit avec sa culture.

Salif D. CHEICKNA

salifou.dabou@fratmat.info