Exposition-Hommage : Un nouveau souffle de vie à Michèle Tadjo

Exposition-Hommage : Un nouveau souffle de vie à Michèle Tadjo

« C'est l'une des plus grande écriture de l'art contemporain en Côte d'Ivoire", a affirmé le président honoraire de l'Association internationale des critiques d'art (Aica), le Professeur Yacouba Konaté. Une voix faisant autorité dans le monde de l’art en Côte d’Ivoire et en Afrique pour sa connaissance et son expertise dans le milieu.

A l'occasion du 20ème anniversaire de son décès, la Rotonde des arts d'Abidjan et la fille de l'artiste, Véronique Tadjo redonnent un nouveau souffle de vie à Michèle Tadjo, peintre-sculpteure à travers ses oeuvres.

Au vernissage de cette exposition, « Vents et marées : Hommage à Michèle Tadjo », le 12 septembre 2018, à Abidjan, la crème du monde de l’art a répondu présent pour célébrer celle qui les a quitté le 30 octobre 1998. James Houra, Simone Guirandou, Youssouf Bath… pour ne citer que ceux-là. Michèle Tadjo n’aura donc pas eu le temps de voir que ses deux sculptures, « Le mouvement perpétuel et l’homme », une paire réalisée en 1997, transpercée par des balles a résisté aux événements de 2002. Et trône magistralement à l’entrée de la Rotonde des arts, à Abidjan-Plateau où se tient  l’exposition.

Dans une scénographie bien agencée, le commissariat de l’exposition a construit une documentation qui donne véritablement un second souffle à l’artiste. Surtout à travers ses sculptures monumentales. Un tour à l’intérieur de la galerie, l’on découvre des peintures et d’autres sculptures de Michèle Bégin Tadjo.

Dans la démarche de l’artiste, le critique y décèle une invitation à la nouvelle génération à prendre en compte la sculpture dans leur création. « Michèle Tadjo compte dans l’histoire de l’art contemporaine en Côte d’Ivoire de 70 à 2000. Elle est partie prenante du courant vohou-vohou. Progressivement, elle s’est détachée de la peinture pour la sculpture. Je vois dans le détour de Michèle une sorte d'incitation à la sculpture », analyse le Pr Konaté. Cette exposition qui pourrait être perçue comme une restitution de l’œuvre de l’artiste donne une idée de l’immense travail qu’elle a abattu, de la force vitale et également de l’énergie dégagée.

Cette exposition hommage avait toute sa raison d’être au regard de la présence de l’artiste dans l’environnement urbain avec cette sculpture monumentale en inox à l’espace Bristol (jardin du Plateau). D’ailleurs, nous a confié le critique d’art Errol Mimi Auguste, l’un des rêves de Michèle Tadjo était d’animer les abords des autoroutes.

Il faut souligner que ses sculptures sont réalisées en inox, cuivre en tôles plus ou moins épaisses, soudées ou rivetées. Michèle Tadjo, a rappelé sa fille Véronique, se distingue par son travail de recherche sur l’oxydation  des métaux a enrichi la texture de ses oeuvres.

A propos de sa mère, Véronique Tadjo, lauréate du Grand prix littéraire d'Afrique noire en 2005 dira : « Ma mère a été d’une grande inspiration pour nous (Ndlr : parlant d’elle et de son frère). Elle vivait son art de façon engagée. Sa révolution a commencé très jeune en 55-56, où elle est venue en Côte d’Ivoire. C'est ici qu'elle s'est développée... Elle était une grande collectionneuse d'art africain. Ce qui m'a marqué en prenant soin des œuvres,  c’est que j'ai appris à les connaitre… »

En tout cas, pour ce qui est du travail de conservation des œuvres de l’artiste, le Pr Konaté a tenu à remercier sa fille qui a su prendre soin de ce patrimoine.

Rappelons que Michèle Tadjo était l’épouse  de Joseph Tadjo Ehoué, nommé ministre de la Fonction publique, le 5 janvier 1970. A noter que cette exposition va durer un mois.

Salif D. CHEICKNA

salifou.dabou@fratmat.info