Exposition: Guy Kouadio se dévoile à travers 22 tableaux

Exposition: Guy Kouadio se dévoile à travers 22 tableaux

Exposition: Guy Kouadio se dévoile à travers 22 tableaux

Il attendait ce moment depuis son sacre au Grand Prix Guy Nairay 2003 qui l’a consacré meilleur jeune plasticien de Côte d’Ivoire. Cela fait donc 11 ans qu'après avoir remporté le Prix Christian Lattier du meilleur sculpteur avant de rafler le Grand prix qu'il retrouve les cimaises de la galerie Houkami Guyzagn, au 2Plateaux-les Vallons. Ce jeudi 23 octobre 2014, pour Guy Kouadio, c'est une autre page qui s'ouvre dans sa carrière avec sa toute première exposition individuelle intitulée, « les faces cachées ».

Pour lui, il s’agit d’une reconnaissance de ses travaux et de son talent qu’il n’a cessé de remettre en cause depuis sa victoire au Guyzagn 2003. Selon le critique d’art Errol Mimi, par ailleurs commissaire de l’exposition, cette présentation des travaux de Guy aurait pu être intitulée simplement « les facettes cachées ».

A l’en croire, l’artiste a déroulé pour cette sortie, des toiles qui se détachent de son travail habituel, très proche d’un autre artiste, Mobiagoh Stefane. « Guy est dans un nouveau registre, à travers des portraits qui est révélateur de nos sens », soutient-il. L’expression qui se dégage des portraits qu’il propose nous ramène dans l’émotion. « Le visage est un extérieur qui révèle nos sentiments cachés », explique Errol Mimi qui souligne également que Guy Kouadio peint toujours à partir de dictons.

Selon Thierry Dia, promoteur du concours d’art, les Guyzagn, les 22 pièces sélectionnées à l’appréciation du public du 23 octobre au 4 novembre 2014 sont issues d’une centaine que l’artiste a réalisée.



Portrait d’un bourreau du travail

Le génie de certains artistes réside dans leur force de travail et non dans un quelconque don. Guy Kouadio est de cette race d’artiste qui à force de conviction a réussi, là où ceux qui ont été formés aux techniques picturales dans des écoles d’art ont échoué.

En 2001 l’ébéniste, Guy Kouadio apprend l’organisation du concours national des Arts Plastiques dénommé « les Guyzagn », sous le thème de « la réconciliation nationale » doté du Grand Prix Guy Nairay. Il décide d’y participer. Peintre à ses heures perdues ou encore peintre du dimanche et ne maîtrisant ni le langage, ni la démarche plastique, il décide quand même de se jeter à l’eau. Un coup d’essai qui deviendra très vite un coup de maître.

Dans la compétition avec des jeunes gens rompus à la technique, il réussi à se qualifier pour la phase des performances sur une centaine de participants.

A la performance au bord du boulevard lagunaire, Guy Kouadio a éprouvé toutes les peines pour réaliser son œuvre. Il comprend dès lors la nécessité de se former aux techniques des arts. Avec le sacre de Mobiagoh Stefane, aujourd’hui doctorant en arts et en science de l’art qui a remporté pour cette première édition, le prix de la créativité et le Grand Prix Guy Nairay, Guy Kouadio garde beaucoup d’espoir.

Et promet à qui veut l’entendre qu’il sera le vainqueur de la deuxième édition des Guyzagn. Qui aurait pu croire à ce pari fou quand on sait qu’il devra affronter des concurrents formés à l’école nationale des beaux-arts d’Abidjan, au centre technique des arts appliqués de Bingerville (Ctaa) et au conservatoire régional des arts et métiers d’Abengourou (Crama) ?

Après avoir bien observé le déroulement du concours, Guy Kouadio comprend que celui qui aura le plus accroché le jury sur le plan de la créativité est susceptible de remporter le Grand Prix. Cependant comment pourrait-il rattraper son retard en terme de formation sur tous les autres ?

L’homme ne se fait pas d’illusion. Il s’attache les services du premier lauréat Mobiagoh qu’il appelle malgré son jeune âge « Maître ». Leur amitié qui est née de la passion de Guy pour l’art va amener Mobiagoh a effectué fréquemment des visites à Toumodi où est installé Guy Kouadio pour lui apprendre les techniques de base. Qui plus est, Guy va également s’attacher les services du sculpteur-designer Joe Wadada connu pour son génie.

Lorsque la deuxième édition des Guyzagn est lancée en 2003, sous le thème : « Le grand pardon », Guy Kouadio est fin prêt. Il présente une œuvre monumentale dans laquelle sculpture et peinture se réconcilient. Qualifié pour la performance, il présente également une autre de belle facture intitulée « Eyaki » (Pardon en Baoulé). A la soirée gala en décembre 2003, à Sol Béni sous le chapiteau de Orange Côte d’Ivoire, le jury est unanime. Guy Kouadio, ce concurrent qui avait lancé deux ans plutôt un défi à lui-même remporte la deuxième édition du Grand Prix Guy Nairay.

Nourrissant le secret espoir d’une exposition individuelle à Abidjan, Guy a continué de travailler avec hargne pour se forger une écriture picturale. A Toumodi, où il vit et travaille l’on peut également découvrir ses différentes facettes.

CHEICKNA D. Salif

salifou.dabou@fratmat.info