Expo/Vohou-vohou : Quand Kra N’Guessan et Youssouf Bath racontent un "art proche de l’éveil"

Youssouf Bath dit le « Sorcier Vohou »
Youssouf Bath dit le « Sorcier Vohou »
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Expo/Vohou-vohou : Quand Kra N’Guessan et Youssouf Bath racontent un "art proche de l’éveil"

Si nous convenons que l’histoire d’un pays s’apprécie aussi à travers les œuvres d’art majeures de ses artistes, il y a eu d’inciter tous ceux qui ne l’ont pas encore déjà fait d’aller voir du côté de la galerie Houkami Guyzagn. Les cimaises de cette galerie accueillent les œuvres des deux artistes depuis le 26 juillet et ce, jusqu’au 26 août 2018.

L’histoire de l’art en Côte d’Ivoire, on peut l’affirmer sans risque de se tromper est construite et lue également à travers les œuvres d’art majeures des artistes qui ont porté le mouvement Vohou-vohou ou encore le recours aux sources. A parcourir les œuvres de ces deux tenants du mouvement Vohou-vohou, l’on se remémore de la démarche même dudit mouvement formalisé en 85-86. Et cela, à travers une exposition à l’Institut français anciennement Centre culturel français.

Oliko Deignant dit Oliko la matière, Dosso Sékou, N’Guessan Kra, Yacouba Touré, Koudougnon Théodore et bien d’autres sous le vocable de vohou ont eu le mérite d’engager une réflexion dans le champ artistique ivoirien. Cette révolution a engendré ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui, l’école d’Abidjan.

« Jusqu’en 1972, il y avait pénurie de matériel et l’école n’était plus capable d’en fournir aux étudiants. Ceux qui n’arrivaient donc pas à acheter leur matériel avaient recours aux objets de récupération. Nous étions encouragés en cela par le professeur Serges Hélénon, un martiniquais de l’école Négro-caribéen (…) En outre le contenu des cours était exclusivement académique où l’histoire de l’art qui était enseignés ne faisait jamais référence à l’art africain », raconte Youssouf Bath. Toutes ces remarques, dira-t-il, ont suscité une prise de conscience chez ces étudiants. « D’où notre refus de la peinture occidentale ou académique pour recourir aux matériaux locaux », avoue-t-il.

Le mouvement Vohou-vohou a incontestablement marqué l’histoire de l’art en Côte d’Ivoire et continue d’influencer la nouvelle génération d’artistes plasticiens. A la vérité cette école a fait des émules et sert aujourd’hui de prétexte de création pour bon nombre d’entre eux.

Au-delà de l’effet esthétique recherché, certains artistes du Vohou comme Bath cherchent à conjurer le mal, à exorciser le démon de la culture occidentale. D’où le recours et non le retour aux sources.

Le vohou-vohou peut être ainsi perçu comme l’expression de l’identité culturelle ivoirienne en termes d’esthétique. Avec plus de liberté dans la création et d’improvisation. La source du Vohou, on le voit ici, à travers les séries de toiles proposées par les deux artistes, est philosophique. Bien que les tableaux apparaissent hermétiques, le vohou est un art proche de l’éveil.

Cette exposition, ont  confié des membres de la communauté des arts, fera tache d’huile au regard des personnalités qui ont effectué le déplacement au vernissage. Le Professeur Yacouba Konaté, Mathilde Moro, Simone Guirandou, Henri N’Koumo et bien d’autres personnalités du monde des arts ont apporté leur caution à cette initiative de l’Agence Houkami Guyzagn.

Salif D. CHEICKNA

Salifou.dabou@fratmat.info