Eric Ané (promoteur du Festagni) : « Nous allons célébrer la cohésion sociale et le brassage des cultures à Abobo-Baoulé »

Eric Ané (promoteur du Festagni) : « Nous allons célébrer la cohésion sociale et le brassage des cultures à Abobo-Baoulé »

Eric Ané (promoteur du Festagni) : « Nous allons célébrer la cohésion sociale et le brassage des cultures à Abobo-Baoulé »

A quelques jours de l’édition 2018 du Festagni, peut-on dire que tout est prêt pour la grande fête ?

Je tiens à rassurer que la 6e édition du Festival des arts et de la culture Agni (Festagni) aura bel et bien lieu du 15 au 17 novembre, à Abobo Baoulé, sur la terre des Atchan. C’est une édition de synthèse, après avoir parcouru toutes les grandes régions du pays Agni. C’est aussi une édition d’ouverture vers un autre grand peuple : les Atchan. Nous sommes en parfaite symbiose avec la chefferie du village d’Abobo Baoulé qui promet une belle fête. J’invite tous les Ivoiriens à nous rejoindre pour célébrer la cohésion sociale et le brassage des cultures.

Pourquoi cette ouverture spécialement sur le peuple Atchan ?

C’est un peuple qui partage les mêmes valeurs que le peuple Agni. Il y a des similitudes dans nos cultures. C’est aussi un peuple qui a besoin de s’affirmer et de conserver ses valeurs culturelles face à la grande urbanisation.

Quels sont les grands axes du festival ?

Le Festagni est, avant tout, un festival thématique avec un volet scientifique qui se traite toujours en amont. Avec le Pr Simon Pierre Ekanza, nous avons eu un panel de haut niveau avec d’éminentes personnalités culturelles sur le thème de cette année : « Brassage culturel et construction de l’harmonie sociale ». Il y aura une rencontre entre les chefferies Atchan et Agni pour dégager, de façon scientifique, les similitudes dans les deux cultures, afin que les générations futures puissent s’en imprégner. Dans la mise en œuvre du festival, nous avons découvert des entités Agni. L’année dernière, c’était les Agni Abondji dans la région du Gontougo (département de Koun Fao). Cette année, nous invitons les festivaliers à découvrir une autre entité : les Agni Akatro du village de N’Grah, dans l’Indénié-Djuablin. Cet invité spécial viendra à Abobo Baoulé avec des danses et autres aspects culturels propres aux Agni Akatro. Ce sera la grande attraction de la cérémonie d’ouverture. Enfin, les présidents de mutuelle de nos villages se retrouveront au cours d’un dîner-gala pour un partage d’expériences, en vue de mieux orienter leur politique de développement et surtout de découvrir l’expérience du beau village d’Abobo Baoulé qui est une véritable fierté nationale. Il faut ajouter à tous cela les prestations de danses traditionnelles, la dot en pays Agni et Atchan et bien d’autres pans de la culture des deux peuples.

Cette ouverture ne traduit-elle pas une nouvelle orientation du Festagni ?

Notre ambition est d’arriver à fédérer tous les peuples Akan de Côte d’Ivoire autour d’un grand festival. Cela est une nécessité parce que les générations, présente et future, ne doivent pas ignorer leur histoire et leur identité culturelle. C’est pourquoi je me réjouis de ce que la chefferie du village d’Abobo Baoulé ait décidé, à l’occasion du Festagni, de lancer un grand festival Atchan. Je constate que partout où nous sommes passés nous avons fait œuvre utile. Après notre passage, les municipalités ou conseils régionaux ont senti le besoin de mettre en place un festival qui affirme l’identité de leur région. C’est une initiative que nous encourageons car cela montre la vitalité culturelle du pays.

Sédentariser le Festagni n’est donc pas une option envisageable ?

Nous sommes en réflexion avec la royauté du pays Agni pour analyser la sédentarisation du Festagni dans une vision d’ouverture. Car un festival qui ne s’ouvre pas est appelé à mourir. Nous réfléchissons même à son internationalisation parce que dans la sous-région, il y a des groupes qui se reconnaissent dans nos cultures. Aller vers un festival Akan, c’est justement mieux embrasser toutes ces spécificités et permettre d’asseoir un vrai socle culturel Akan.

Un appel à lancer ?

Effectivement. Mais avant, je voudrais faire comprendre à tous les cadres Agni que le Festagni est d’abord leur festival. Ce n’est pas un fils d’un autre groupe ethnique qui viendra promouvoir et valoriser nos valeurs culturelles. Aujourd’hui, avec le soutien des uns et des autres et surtout grâce à Dieu, le Festagni est devenu le festival national des Agni. Il appartient donc à chacun, à travers sa situation sociale, de contribuer au rayonnement du festival. C’est pourquoi nous disons merci à tous ceux qui, jusque-là, sont sensibles à nos sollicitations. Grand merci aussi au parrain, Amichia François et à la chefferie d’Abobo Baoulé.

INTERVIEW REALISEE PAR SERGES N’GUESSANT