Emmanuel Hoog: "On ne donne pas d'ordre à un journaliste"

Emmanuel Hoog, PDG de l'Agence France Presse (AFP)
Emmanuel Hoog, PDG de l'Agence France Presse (AFP)
Emmanuel Hoog, PDG de l'Agence France Presse (AFP)

Emmanuel Hoog: "On ne donne pas d'ordre à un journaliste"

Monsieur le Président, l’Afp se porte-t-il mieux aujourd’hui ?

Nous avons pris un tournant très important, notamment en matière de vidéo. Cela veut dire qu’à côté du texte et de la photographie, il était très important pour l’Afp d’être un producteur de vidéo pour les sites Internet, pour les télévisions. Cela est un vrai relais de croissance, qui nous ouvre des perspectives pour les dix ans à venir.

Il y a un an, on assistait à un changement de pouvoir en France. Y a-t-il eu un impact sur l’Afp ?

Non ! Aucunement. La force de l’Afp, c’est l’indépendance de sa rédaction. C’est son principal actif. Le monde des médias, aujourd’hui, en France comme dans le monde, est un monde moderne. On ne donne pas un ordre à un journaliste, à commencer par ceux de l’Afp.

L’ancien président, Nicolas Sarkozy, se plaignait d’être « lynché » par les médias qui l’accusaient à leur tour d’être « envahissant ». Y a-t-il une différence de méthode avec François Hollande ?

Globalement, il y a un niveau de maturité des hommes politiques. Après, chacun peut avoir son opinion. Mais, dans tous les cas, cela n’affecte pas et ne change pas le travail des journalistes.

Beaucoup d’affaires sont actuellement en cours, notamment les affaires Cahuzac et Tapie, le mariage gay. Quel est le positionnement de l’Afp par rapport à toutes ces affaires ?

C’est un positionnement de travail de journaliste. C’est de rapporter et de dire ce qui se passe.

Ce travail est-il facile ou avez-vous des contraintes particulières ?

Il n’y a aucune contrainte. C’est une équipe de bons professionnels qui travaille bien, qui travaille sérieusement.

En Afrique en général, et en Côte d’Ivoire en particulier, vos prestations se font-elles aujourd’hui dans un climat plus apaisé ?

Les équipes me disent qu’elles travaillent dans un climat de confiance et de calme retrouvés. Je m’en félicite. J’en suis content.

Cela est-il valable pour la Côte d’Ivoire ?

Oui.

Sur quels segments êtes-vous actifs en Côte d’Ivoire ?

Notre stratégie est globale. Nous raisonnons par client. Nous ne raisonnons pas par pays. C’est vrai que dans chaque pays, la couverture va être différente puisque tantôt l’actualité est très chaude tantôt il y a un peu moins d’actualité. Mais en terme commercial, nous proposons aux clients la totalité de nos offres. Il n’y a pas des choses qu’on réserve pour certains pays ou pour certains clients.

L’Afrique contribue-t-elle à votre chiffre d’affaires ?

L’Afrique reste dans le chiffre d’affaires de l’Afp le plus petit continent. On fait 4 à 5% de chiffre d’affaires en Afrique. Mais cela est en croissance, plus en Afrique anglophone qu’en Afrique francophone. A l’inverse, beaucoup de clients en Amérique du Nord, en Amérique Latine ou en Asie nous disent qu’ils apprécient beaucoup notre production, notamment parce qu’elle comporte, plus que chez nos concurrents, beaucoup d’informations sur l’Afrique.

Dans votre présentation sur la rentabilisation des contenus numériques, vous avez dit qu’il faudra d’abord faire de l’information. Avez-vous l’impression que les nouveaux médias ne font pas beaucoup d’informations ?

Ce qu’on voit, c’est d’abord beaucoup de répétition. On lit partout la même chose. Puis, la distinction se fait plus sur la rumeur, la volonté de créer une espèce de débat, avec des affrontements, mais sur lesquels il n’y a pas d’information. Je pense qu’il faut quitter le champ de la rumeur pour arriver sur le terrain de l’information.

 

Interview réalisée à Montpellier (France)
 par Barthélemy KOUAME

barthelemy.kouame@fratmat.info