Dédicace/François Lougah : la légende continue !

L’auteur, biographe de Lougah François, a signé de nombreux exemplaires.
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Dédicace/François Lougah : la légende continue !

Raviver la mémoire émotive collective pour la vie et l’œuvre de François Lougah dont l’héritage artistique se doit d’être pérennisé. Tél est le leitmotiv qui ressort de la cérémonie de dédicace du livre «Lougah, coulisses d’un artiste», la première biographie consacrée à l’artiste, de Lébry Léon Francis. C’était jeudi, au centre de conférences internationales du ministère ivoirien des Affaires étrangères d’Abidjan-Plateau.

En tout cas, des allocutions officielles aux témoignages de proches et collègues,  en passant par que des prestations artistiques sur fond de voyage musical à travers le temps, dire de la production livresque portant la marque des éditeurs Nei/Ceda et Présence africaine qu’elle est une œuvre fondatrice n’est point surfait ; encore moins que n’est surfaite la dimension de star de François Lougah, décédé à la veille de Noël 1996. En somme, la légende continue pour le «Papa national».

Retour en quatre tableaux sur une cérémonie où l’émotion était reine. Emotion dont l’auteur rappelle, à l’envi, que François Lougah savait créer.

Quand «Pecoussa» inspire l’Acropole à Maurice Bandaman

Etreint par l’émotion, elle-même couvée par ses souvenirs d’écolier rural, Maurice Bandaman, ministre de la Culture et de la Francophonie, s’appesantira sur «Pecoussa». Titre, à l’instar de la foisonnante discographie de l’artiste, qui constitue, à l’en croire, un pan incommensurable du patrimoine immatériel national et au-delà. Et qui est une marque de fierté pour tout Ivoirien. Arguant, au passage, que le patrimoine matériel n’est point comparable à l‘héritage créatif.

Aussi, comme Lougah, et dans le droit fil de la célébration du trentenaire de la disparition d’Ernesto Djdjé, la semaine dernière, inspirée par Tiburce Koffi, directeur général de l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (Insaac), le ministre de la Culture réitèrera la nécessité de fonder un Acropole pour nos illustres créateurs. Dans le style du cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Rendant donc hommage aux Lougah, Djédjé, Mamdou Doumbia, Niangoran Porquet, Niangoran Bouah, Zadi Zaourou…, M. Bandaman voue à la transformation de l’orchestre de l’Insaac en orchestre national de Côte d’Ivoire, la matérialisation expressive d’un devoir de mémoire pour les créateurs de musique. «Pour l’émotion de «Pecoussa», insistera-t-il.

Toutes choses qui sonnent en écho à l’appel de l’auteur aux autorités à honorer, ante ou post-mortem les illustres personnalités et pour témoigner son amitié à Lébry Léon Francis dont il n’a pu, contre son gré, rédiger la préface du présent ouvrage.

Quant au parrain de la cérémonie, Marcel Zadi Kessy, président du Conseil économique et social, il saluera et rappellera à la conscience collective la conjonction de deux talents honorant le pays, l’un par sa plume et l’autre par sa voix, qui ont permis la réalisation de cette biographie d’anthologie. C’est pourquoi, en encourageant de telles initiatives, il a tenu à saluer la dignité de la famille de Lougah. Qui a, tout aussi, permis à Lébry de parachever son œuvre, sans faux-fuyants.

Idem pour le Pr Lenissongui Coulibaly, directeur de cabinet,  représentant de l’ancien Président de la République, Henri Konan Bédié, haut patron de cette dédicace, du reste contributeur à la portée heuristique du livre. Ce dernier dont l’amitié avec l’artiste était de notoriété publique.

Tel un chorus quasi parfait, les directeurs généraux des Nei/Ceda et du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida), M. Guy Lambin et Mme Irène Vieira, sans être laudatifs, ont montré en quoi l’œuvre du journaliste-écrivain est un devoir de mémoire qui vient à point nommé rétablissant les faits historiques, tout en révélant les gloires et déboires de l’artiste multicarte.

Un show à la Lougah !

Ceux qui ont assisté, au début des années 80, au premier face-à-face artistique entre François Lougah et Bailly Spinto, au Palais des congrès de l’hôtel Ivoire, s’en rappellent encore. C’était un véritable show. Eh bien, pour cette dédicace, les organisateurs ont esquissé un remake en miniature.

De l’intro avec la chorale Sainte Jeanne d’Arc de Treichville aux témoignages de Valen Guédé, Georges Benson, Balliet Bléziri Camille, en passant par ceux de sa famille et de ses proches, la dédicace a pris des allures de spectacle. Que dire des prestations de Bailly Spinto et Dapley Stone ? Avec, au menu sonore, les reprises des titres comme «Couglizia», «Marie», «Kligbo Kligbo», «Doubehi», «Bocalizaza»… Véritable cours d’histoire, de musique, de scénographie en un cocktail qui apporte l’eau au moulin de Lébry.

Bien plus, quand Yves Zogbo Junior prend le micro, aussi bien pour les intermèdes musicaux que pour les témoignages et allocutions, dans un décor mettant en amont deux posters de 12x12 m2 et des instrumentistes, l’on se croirait à un concert du «Papa national». Quand Caroline, sa fille, que le monde entier a vu dansant à ses côtés, depuis sa tendre enfance, aujourd’hui mère, monte sur la scène pour rejoindre ses cousins et autres tantes et oncles, l’émotion est à son comble, faisant perdre sa maîtrise au maître de cérémonie, pourtant rompu aux grandes animations. Emotion.

Remi Coulibaly