Dédicace: «Madame la présidente» dévoilée !

Fatou Fanny-Cissé, avec ce roman qu’elle dédicacera ce 30 mars, fait son entrée dans la cour des grands.
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Dédicace: «Madame la présidente» dévoilée !

Dédicace : «Madame la présidente»  dévoilée !

Le mercredi 30 mars, à partir de 15h, à la librairie Aleph, près de l’Ecole Pigier à Abidjan-Plateau, Fatou Fanny-Cissé, présente son dernier roman qui vient de paraître chez Nei/Ceda.

A son rythme, tel celui d’un long fleuve tranquille, Fatou Fanny-Cissé mène sa carrière d’écrivaine, corsant, au fil des parutions, son style et sa thématique. Une posture qui n’a rien à avoir avec l’héroïne de son dernier roman, «Madame la Présidente»: Fitina. Celle qui n’a pas la patience chevillée au corps et  qui sied aux politiciens dans l’âme. C’est donc «Madame la Présidente», œuvre romanesque sortie, il y a à peine deux semaines sous les presses de Nei/Ceda à Abidjan, que Fatou fanny Cissé dévoilera, sous la forme de dédicace, le mercredi 30 mars, à partir de 15h, à la librairie Aleph d’Abidjan-Plateau, mitoyenne des Cours Pigier.

Fatou Fanny-Cissé, en effet, s’affirme, avec cette dernière livraison livresque comme l’une des valeurs montantes des Belles-lettres ivoiriennes. Après avoir signé trois titres («Philtre d’amour», «Destination tendresse» et «Amour vif») dans la collection à l’eau de rose Adoras (Nei), et s’être essayée à la littérature de jeunesse en publiant «La blessure», sur le thème de l’excision, dans la collection «Lire au Présent» (Editions Ceda en 2002), cette universitaire avait déjà franchi le Rubicon avec «Une femme, deux maris», son premier roman toujours chez Nei/Ceda, paru en 2013. Et comme l’histoire qu’elle de la polyandrie (avouée ou sublimée) nous a servie dans ce coup d’essai, du reste magistral, celle de «Madame la Présidente», trois ans presque jour pour jour, ne manque pas, tout aussi, de piment. Car, Fitina,  femme à l’ambition démesurée et assoiffée de pouvoir, est prête à tout, vraiment tout, pour être investie du pouvoir… suprême.

La trame: «A l’échéance du mandat présidentiel fixé à huit ans non renouvelables, le Président Simakan, Président de la République imaginaire de Louma, se retire du pouvoir conformément à la Constitution de son pays. Pour lui succéder, quarante candidats entrent en lice, dont une femme, Fitina. Grande première dans la République de Louma, cette candidature suscite l’espoir chez les uns et le doute chez les autres». Prête à vendre son âme au diable, à sacrifier sa fécondité sur l’autel de ses ambitions présidentielles, assassiner ses courtisans et adversaires serait-il pour Fitina qu’une simple formalité ? Le prix à payer aux mystiques et autres charlatans, ici-bas,  dont on ne sait plus si elle est l’ouaille ou la muse, sera-t-il plus lourd que la justice divine à payer, en enfer ou au purgatoire ? Exit en tout cas le paradis !

Le pouvoir comme une drogue…

Oui, de plain-pied avec la réalité mais que transcende la fiction, l’on découvre au fil du roman qu’à l’instar de la réalité de nos sociétés que  certains vont même sacrifier beaucoup pour approcher ou arriver à ce but de domination. C'est d'ailleurs mettre le doigt dans une forme d'engrenage, dans lequel le pouvoir agit comme une drogue: plus on y goûte, plus on en redemande. Jusqu'au point où l'on ne peut plus se passer du pouvoir. C'est par exemple, à n’en point douter,  le cas de bon nombre d'hommes politiques, qui bien qu'accumulant les défaites ou les traversées du désert, persistent dans leur course au fauteuil, et ne prennent jamais leur retraite. Car pour eux, le pouvoir symbolise la longévité et la vie, il brille comme un gage d'éternité. Ils finissent par confondre leur existence avec leur fonction. Serait-ce la cas pour Fitina ? Quel sort le peuple et les rivaux politiques de Louma lui réservent-ils ? la ou les réponses qui s’accouchent sous la plume de Fatou Fanny-Cissé, nous invitent, avant tout, à comprendre, qu’il ne faut pas penser pour autant que cela «n'arrive qu'aux autres» ! Certaines personnes, si l’on se réfère aux théories freudiennes de la psychanalyse qui sous-tend le roman,   qui n'ont pas développé leur aspiration à diriger, peuvent, par les hasards de la vie, se voir investies un jour ou l'autre d'un pouvoir et s'en retrouvent fort aises ! Car les désirs archaïques que nous avions nourrissons (stade sadico-anal) sont refoulés certes, mais n'ont pas totalement disparu et peuvent donc se réveiller. Personne n'est donc à l'abri des possibles dérives émanant de l'exercice du pouvoir.

Le monde meilleur ou pire,  dirigé par les femmes ?

Comme chaque année, le 8 mars et dans prolongement tout le mois de mars est l'occasion de célébrer la Journée internationale des droits des femmes, la réflexion autour de ce roman à l’aune de l’égalité des genres voire de la parité, invite à réfléchir, sans misogynie subliminale,  s'il y a d’énormes différences dans l’exercice du pouvoir entre les hommes et les femmes, ou si les stratégies d'accès au pouvoir diffèrent-elles ? En tout cas, en matière ce coups bas et micmacs politiciens, Ftina-la-Présidente n’a rien à envier à la gent masculine de dictateurs et de sanguinaires. «Avec elle, c’était la loi du talion: œil pour œil, dent pour dent. De toutes les façons, à quoi cela servirait-il de mettre des fautifs en prison ? Quand on lie les mains d’un coupable, il commet des fautes avec ses pieds…». (P.164).

Mère et épouse, Fatou Fanny-Cissé est enseignant-chercheur à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody à Abidjan où elle réside. Coutumière des arcanes de la chaîne du livre et de la lecture, cette passionnée, avec ce roman à fort relent politique signe, à maints égards, son baptême du feu dans la littérature à valeur ajoutée sociétale dans le sens philosophique ou sociologique du terme.

REMI COULIBALY

«Madame la Présidente», Roman,  2016, Nei/Ceda, Abidjan, 232P.