Cynthia Nassardine (actrice de série télé): ‘’Je suis aujourd’hui, un pur produit de Babiwood’’

Cynthia Nassardine (actrice de série télé): ‘’Je suis aujourd’hui, un pur produit de Babiwood’’

« Je suis d’origine ivoiro-libanaise et je suis actrice, productrice et entrepreneur. J’ai commencé ma carrière cinématographique en 2014, avec la série Chroniques africaines qui a été diffusée sur les chaînes A+, Rti et Tv5 puis primée au Fespaco 2015 où nous avons remporté le prix de la meilleure série africaine avec celles communément appelées les sœurs Amon et qui ne sont autres que Marie Christine et Alexandra Amon ».

Née d’un père ivoiro-libanais et d’une mère ivoirienne, d’origine togolaise, Cynthia Nassardine a le visage radieux et le sourire contagieux, lorsqu’elle parle de son parcours, mais surtout de sa joie de prendre enfin son envol dans un milieu dont elle a toujours rêvé : celui du cinéma et de la production audiovisuelle. Un monde qui lui ouvre grandement les bras avec « Chroniques africaines » en 2015 et aujourd’hui, le trophée de la meilleure interprétation féminine télé, raflé il y a quelques mois, à la première édition de Nuit ivoirienne du septième art (Nisa).

« Dans mon enfance, j’ai tutoyé la peinture et l’art dramatique à l’école. Mon souhait est d’être plus tard un modèle et un repère de sorte qu’un jeune qui voit mes prouesses et mon évolution socio professionnel puisse dire un jour à ses parents, ‘’tiens je veux être comme Cynthia Nassardine parce qu’elle a réussi dans ce qu’elle fait’’. Je voudrais être un peu à l’image de Didier Drogba qui donne envie aux jeunes d’envisager une carrière footballistique ».

Présentée comme l’un des nouveaux talents de l’industrie cinématographique ivoirienne, Cynthia Nassardine qui, en 2013, après l’obtention d’un master en administration à Paris, se consacre au cinéma à New York, s’est ainsi démarquée dans le monde actif du cinéma et de l’audiovisuel en Côte d’Ivoire. Après la série ivoirienne « Chroniques Africaines », qui est sa première expérience cinématographique, elle poursuit depuis lors son chemin avec des séries ghanéennes telles que : « Heels and Sneackers » d'Yvonne Nelson et « 40 and Single » de Leila Djansi et la dernière en date est la série ivoirienne « Blog » primée au Fespaco 2019 et diffusée sur les chaînes Rti et Tv5 Monde.

Meilleure interprétation féminine de séries télé

Avec beaucoup d’humilité, la lauréate du prix de la meilleure interprétation féminine série télé de la Nisa se souvient encore des quelques phrases qui avaient résonné en elle comme un levier. Tout débute, en effet, le jour où son professeur de théâtre l’interpelle et la conseille de rentrer au pays (en Côte d’Ivoire) pour se faire mieux connaître afin qu’auréolée par ses pairs, elle revienne un jour se faire un nom dans la ville où elle a été formée.

Dans cette académie où a aussi été formée la célèbre artiste Grâce Kelly, Cynthia Nassardine n’avait pas très bien compris la portée de ce conseil : « J’étais un peu choquée. Je pensais qu’elle me refusait les portes du milieu artistique de New York. Mais en même temps, je me suis souvenue de ma grand-mère qui évoquait toujours la nécessité, pour une personne, de créer ses propres opportunités. Elle citait toujours son exemple de femme arrivée en Côte d’Ivoire dans les années 70 et qui était arrivée à se frayer un chemin honorable en tant que couturière. J’ai donc écouté ma prof et je suis rentrée en Côte d’Ivoire », confie Cynthia Nassardine. Qui participe alors à un casting à travers une vidéo et retient l’attention des sœurs Alexandra et Marie Christine Amon.

Auprès de Guy Kalou, une autre figure de proue du cinéma ivoirien, elle garde la tête froide et fait montre de professionnalisme : « A cette période particulière, où je venais de perdre mon père et ma sœur, il me fallait courir entre les funérailles et les exigences du casting. Il me fallait donc être professionnelle. Ça été très dur comme tournage mais je me suis dit qu’il ne fallait pas gâcher cette chance. Et je pense là, avoir donné le meilleur de moi. Je venais de sortir de l’école, j’étais très stressée au départ mais heureusement, Guy Kalou avec qui je jouais m’a mise à l’aise ».

A Abidjan où elle réalise que l’industrie du film est encore récente, elle décide de saisir l’opportunité : « Pour moi, c’est une bonne chose parce qu’en tant que jeune ivoirienne, je me dis qu’il est aussi de mon devoir de contribuer à cet essor et de mettre mes compétences professionnelles au service de cette industrie culturelle. En quatre ans, j’ai senti une nette évolution des choses avec l’arrivée de la Tnt qui annonce plusieurs chaînes de télévision et la naissance de plusieurs studios. Tout cela signifie qu’il y a une opportunité de travail aussi bien pour les acteurs mais aussi pour les techniciens qui sont derrière la caméra. Je ne pense pas avoir fait une erreur en revenant en Côte d’Ivoire. Le plus important, c’est de continuer à travailler et à me faire connaître tout en promouvant l’industrie ivoirienne à l’extérieur. C’est une fierté pour moi de dire que je suis un visage de Babywood ».

De la finance à la production audiovisuelle

Titulaire d’un master en finance, avant sa spécialisation en art dramatique, la fille de l’ancien banquier, directeur à la Bhci, justifie le choix des deux cordes placées à son arc : « Pour bien gérer ma carrière de productrice et d’entrepreneur, il me fallait aussi connaître les chiffres. Pour moi, ces deux choses sont complémentaires car une bonne base en finance et en management, me permet de gérer mon entreprise. Etre une artiste, c’est aussi être sa propre entreprise et cela signifie qu’il faut savoir gérer ses propres finances. Il faut savoir se manager ».

En français comme en anglais limpide, elle exprime sa détermination à œuvrer pour se hisser sur la plus haute marche de la vie socio-professionnelle, en passant de la série télévisée au grand écran. Marquée par le travail de certains aînés comme Isaac De Bankolé, Akissi Delta, Bleu Brigitte et Philippe Lacôte, elle signe dignement sa présence dans ce monde artistique. Un monde qui lui a déjà ouvert les portes du récent festival de Cannes où elle s’était rendue en tant que consultante.

BRIGITTE GUIRATHE