Concert « Jazz & Smiley »:Luc Sigui (enfin) prophète chez lui ?

Luc Sigui, le talent chevillé au corps saura transmettre la magie du jazz à un public déjà conquis ou à conquérir.
Luc Sigui, le talent chevillé au corps saura transmettre la magie du jazz à un public déjà conquis ou à conquérir.
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Concert « Jazz & Smiley »:Luc Sigui (enfin) prophète chez lui ?

Concert « Jazz & Smiley » : Luc Sigui (enfin) prophète chez lui ?

Le show inaugural de l’année, à l’Institut français, le 19 janvier, se fera avec le virtuose ivoirien de la guitare de renommée dans le gotha jazzy mondial, avec une ouverture sur l’humour.
C’est l’auditorium de l’Institut français de Côte d’Ivoire, à Abidjan-Plateau qui offrira, le 19 janvier, en soirée, sa scène, pour les premières notes musicales enjouées de 2018. Avec, à l’affiche, Luc Sigui. Dans un spectacle baptisé « Jazz & Smiley » (Jazz et Sourire). Une façon d’indiquer au public qu’entre les arpèges de sa guitare, les roulements de tambour et autres vocalises, le jazzman ivoirien ouvrira une lucarne sur l’humour dont il est lui-même friand. Et ce, en guise d’inscription de la nouvelle année sous des auspices plus que gais ! Toute chose qui devrait donner force de vie à l’adage selon lequel « La musique adoucit les mœurs ». Mais aussi que le rire est le meilleur moyen de se défaire du stress et embrasser la vie avec optimisme.

Mais qui est donc Luc Sigui qui entend offrir la note printanière de gaieté en décibels et du sourire aux férus de jazz ? Celui, quoique nourri aux vertus jazzy depuis la tendre enfance et abonné à l’underground national et international, n’a attendu que 2008 pour offrir son 1er album personnel, « Jemima » de 14 titres, et en 2015, un nectar sonore de 12 titres, « Symbioz One », pour réconcilier les puristes avec la musique élaborée. Après avoir initié depuis lors d’offrir tous les mois de janvier, un spectacle à ses fans et aux amateurs de jazz, serait-ce, enfin, en 2018, l’occasion de consacrer, « Saint-Luc », prophète en ses terres ? L’artiste reprenant dans une version jazz-fusion des titres des icônes de la musique ivoirienne dans son dernier opus, d’Amédée Pierre à Nayanka Bell, en passant par Ernesto Djédjé, François Lougah, Aïcha Koné, Jimmy Hyacinthe, les sœurs Comoé et bien d’autres titres des valeurs sûres de la musique ivoirienne et africaine de ces 50 dernières années, et qui compte transmettre une émotion frénétique, entend bien cristalliser la mémoire collective.

Le pèlerinage d’une âme bien née

La cinquantaine émergente, c’est à 9 ans, que Luc Sigui entre en contact avec sa première guitare que lui offre son père. Depuis lors, il n’a cessé de progresser, étant lui-même un autodidacte de l’instrument ; il est remarqué et sollicité par certaines formations musicales en Côte d’Ivoire. Il décidera, tout de même, de joindre son talent à certaines d’entre elles ; notamment le Groupe Jaca avec lequel il enregistre un album, au début des nées 1980. Il rejoint par la suite le groupe Résurrection, sous la houlette de Paul Wassaba, en tant que son Directeur artistique et de Guy Williams, en tant que « Père spirituel » du groupe, avec lequel il va tourner pendant près de 4 années, sur les scènes les plus prestigieuses de Côte d’Ivoire, du Gabon, du Togo, de France… Luc Sigui se fera également solliciter par le groupe ivoirien de pop-rock, Woody, en remplacement de l’un de ses guitaristes. Il inscrira également des notes dont la couleur résonnait déjà jazzy dans de nombreux albums, d’artistes de renom, tels que O’nel Mala, les Wango… Persuadé qu’il pouvait aller au bout de son art, il décide d'accéder aux écoles prestigieuses de guitare. Il suit alors les cours de Fred Sokolow (USA), Eric Boell (France), Denis Roux (Bresil)…

Oui, Luc Sigui représente l’émergence de l’Afrosound et l’Afro-smooth-jazz et est déjà coopté par des festivals de renom tels que le « Couleur Kfé » de Belgique (août 2008), le « Jazz festival » d’Austin au Texas (Etats-Unis) (décembre 2008), « Ouaga Jazz Festival » (avril 2009) … La renommée de ce virtuose de la guitare qui n’est point usurpée, encore moins surfaite, lui a valu d’enregistrer, mixer et masteriser « Jemima » dans des studios prestigieux comme Onyx, BlackCat. Et avec des jazzmen réputés : Paul Diethelm (guitare rythmique), Bruce McKee (piano), William Allison (basse et contrebasse), Paco Séry (percussions)…

As tout-en 1 !

En véritable virtuose, soutenu en cela par une équipe technique et un orchestre au diapason des attentes du public, l’artiste Luc Sigui entraine, au gré de ses prestations de par le monde, ses fans et les mélomanes tout simplement, dans un voyage féérique où son et lumière rivalisaient. Du pur jazz, version New-Orléans alliant smooth-jazz et nuance afro néo soul, où rifs et autres syncopes réjouissent plus d’un. Luc Sigui fait voir de toutes les couleurs – au sens noble du terme - aux amoureux de cette musique qui traverse, avec une jouvence renouvelée, les époques sans jamais ne se démoder ni s’altérer. Juriste de formation, cadre dirigeant d’une entreprise d’avitaillement maritime, l’artiste a, très souvent pris le pas sur le second. Tantôt « ethnique », mais toujours fusion, le musicien a eu le temps entre deux avions et deux contrats, de faire ses humanités avec de célèbres guitaristes-requins qui ont accompagné notamment Stevie Wonder.

Autant d’influences positives qui donnent à certains de ses titres une esthétique éclectique à l’envi, digne d’un patchwork musical. Ce cocktail délirant et inattendu mais d’une fraîcheur quasi-curative est un métissage géométrique entre le jazz version Nouvelle Orléans et sonorités africaines immaculées. Entre notes pentatoniques et diatoniques, Luc Sigui berce le mélomane dans une dimension atemporelle par une destruction des chapelles musicales classiques pour bâtir des ponts entre les cultures et les continents. -Amour, paix, spiritualité, espoir, sont autant de thèmes qu’il aborde par de subtils écarts à deux voix ou des contre-chants, soutenus par un jeu sui generis de guitare.

Maintenant que ce qui ne le connaissent que maintenant en savent un peu plus sur lui, ils se doivent de se procurer le sésame de l’Institut français pour y rejoindre les indécrottables, le 19 janvier, pour voir Luc Sigui faire pleurer sa guitare de la manière dont il a lui seul le secret.

REMI COULIBALY