Cérémonie de clôture du Masa 2018 : Bandaman Maurice plaide pour la libre circulation des artistes du Sud vers le Nord

Cérémonie de clôture du Masa 2018 : Bandaman Maurice plaide pour la libre circulation des artistes du Sud vers le Nord

Ouvert le 10 mars, les lampions se sont éteints sur la 10e édition du Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (Masa). Pour donner le clap de fin, une cérémonie a réuni festivaliers, opérateurs culturels, partenaires, autorités étatiques et d’institutions, le 17 mars, à la salle Kodjo Ebouclé, du Palais de la Culture Bernard Blin Dadié, à Treichville.

Allocutions et prestations artistiques ont meublé le programme qui a été marqué par l’intervention très remarquée de Bandaman Maurice, ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie. Il a félicité le Pr Yacouba Konaté et son équipe pour avoir tenu le pari de l’organisation, et s’est excusé auprès des festivaliers pour les manquements constatés, avant de conclure par un appel solennel pour la libre circulation des artistes du Sud à travers le monde.

« Les pères fondateurs du Masa, à sa création, nourrissaient le rêve d’assurer la promotion et la circulation des créations du Sud dans le monde entier et principalement dans les espaces du Nord. Cette décision répondait à une volonté de lutter contre la pauvreté et à donner leur chance aux créateurs talentueux du Sud. Nous pouvons nous réjouir de ce que ce rêve s’est accompli aujourd’hui pour certains. Malheureusement, ce bel élan est aujourd’hui freiné. En raison de la crise de l’immigration irrégulière, nos créateurs du Sud, pourtant légalement invités à des festivals au Nord, sont privés de visas », a-t-il constaté.

Et d’ajouter, « A un sommet de la francophonie, il avait été suggéré un passeport de l’espace francophone afin de permettre aux penseurs, enseignants, hommes d’affaires, créateurs et aux artistes de circuler librement. Nous voulons donc rappeler, ici, cet engagement. Oui, il faut laisser les artistes circuler librement. Ils ne se sédentarisent pas, là où il n’y a pas d’inspiration. Ils vont et ils reviennent aux sources. Laissez donc les artistes circuler. C’est une question d’équité et de justice. Il n’est pas juste que ceux du nord puisse venir sur les scènes du sud et ceux du sud interdits d'aller au nord. Ce n’est pas juste ! », a-t-il plaidé dans un tonnerre d’applaudissements.

L’occasion de cette cérémonie était aussi belle pour le Pr Yacouba Konaté, Dg du Masa, de dresser un mini-bilan de l’édition 2018. Il ressort de son exposé que ce sont 1782 personnes inscrites sur le registre d’hébergement. Cet effectif concerne 1182 artistes, 270 professionnels, 180 journalistes internationaux, 150 membres de délégations officiellement constituées.

Ce listing ne prend pas en compte les participants locaux dont 300 artistes, 259 journalistes, 140 techniciens et autres bénévoles. Au chapitre des productions, le massa a enregistré 152 spectacles dont 61 au titre du marché et 81 au titre du festival. Avec en prime, 68 intentions de contrats. « Ces chiffres indiquent que pour 390 billets émis par le Masa, 1402 artistes, professionnels et journalistes ont accompli le même geste. Pour un billet émis donc par nos services, au moins quatre autres billets ont été assumés par les participants venus d’Afrique, des Caraïbes, d’Europe d’Amérique et d’Asie », a-t-il révélé avant de conclure que « cette édition peut se féliciter de quelques notes spéciales, notamment la variété des programmes dédiés aux enfants et aux jeunes à travers les journées ‘’Jeunes Publics’’, les séances de lecture publiques et de slam, les magnétiques compositions des marionnettes et des acrobates et les ateliers de formation.

Une façon pour nous de passer le relai du Masa aux jeunes générations. A 25 ans, le Masa se devait de penser à la relève et à la réinvention des acteurs et des publics pour de nouveaux types d’arts de la scène. Autres mentions spéciales, la place désormais centrale des diasporas dans notre programmation et l’implication de plus en plus évidente des institutions régionales dont l’Uemoa, la Cedeao et le Conseil de l’Entente. C’est pourquoi, je voudrais dire merci à tous et que vive le Massa 2020 ! ».

À cette cérémonie de clôture, le ‘’Prix Oif Ismaël Diaby du Jeune Technicien’’ a été décerné à Aminata Coulibaly et le ‘’Prix Cedeao du Jeune Humoriste’’, à Président Veskaye.

SERGES N’GUESSANT