Bruly Bouabré : "Lorsque je ne serai plus de ce monde, ils diront qu’ils ne savaient pas…"

Frédéric Bruly Bouabré
Frédéric Bruly Bouabré
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Bruly Bouabré : "Lorsque je ne serai plus de ce monde, ils diront qu’ils ne savaient pas…"

Bruly Bouabré : "Lorsque je ne serai plus de ce monde, ils diront qu’ils ne savaient pas…"

 

Frédéric Bruly Bouabré s’est éteint le mardi 28 janvier, à Abidjan. Dans une interview exclusive qu'il nous a accordé en 2007 avec le critique d’art Mimi Errol Auguste pour le magazine d’art « Le Guyzagner », Bruly a déroulé sans ambages son testament. Expliquant ses théories, l’origine de son alphabet et de son art. Abordant les relations humaines, la religion, il a également arpenté le champ politique. « C’est le sentiment de gouverner et de dominer son prochain qui est source de division, d’incompréhension et surtout de conflits meurtriers », pense-t-il.

 

Philosophe, scientifique, artiste Bruly Bouabré, né en 1926 est un oublié, victime du cursus académique. Et pourtant c’est l’artiste ivoirien le plus connu sur le plan international et un des grands noms des arts africains.

 

 


SELON THÉODORE MONOD BRULY A INVENTE UNE ÉCRITURE

 

D’où vous est venue l’idée d’élaborer un alphabet à partir de votre langue maternelle, le bété ?

 

Vous faites bien de poser cette question. Cependant, je dirai que vous arrivez trop tard dans un monde trop vieux. Au moment où j’ai eu l’idée, beaucoup de lunes ont passé. Quand on vieillit, beaucoup de choses ne restent pas dans la tête. Je souhaite que vous atteigniez mon âge, ainsi vous saurez que ce que je dis est fondé. Quand on vieillit, on conserve de moins en moins les pensées. Il faut dire que l’idée d’élaborer un alphabet fut à la fois un coup du hasard et une grâce de Dieu. Prenez la syllabe ‘TA’ qui signifie “trois” chez nous (Ndlr : en bété, ethnie du centre-ouest de la Côte d’Ivoire). En français également T+A donnent TA. Je me suis dit que si on pousse la réflexion plus loin, on pourrait trouver une écriture. Je me suis donc mis à chercher jusqu’à ce que j’aboutisse à quelque chose d’intéressant. C’est alors que j’ai présenté mes notes au savant Théodore Monod. Après avoir analysé ces notes, il a conclu que je venais d’inventer une écriture.

 

Vous avez été conservateur à l’IFAN, aujourd’hui, ce sont vos œuvres qui sont conservées dans les musées. Quel sentiment cela vous fait ?

 

C’est très agréable que mes œuvres soient conservées dans les musées et j’en suis très content. C’est un véritable plaisir pour le conservateur que je fus. J’ai également fait la police (ndlr: il a été policier, à Dakar capitale de l’Afrique occidentale française)

 

Votre parcours est jonché de rencontres qui ont été déterminantes dans votre carrière. Nous voulons parler notamment des rencontres avec Théodore Monod, et André Magnin qui vous a découvert et Jean Pigozzi. Qu’en retenez-vous ?

 

Je considère toutes ces personnes comme des parents. Quoique je sois Africain, ils m’ont bien chéri et bien reçu. Ce sont les miens. Dans la vie, la fraternité ne vient pas seulement du sang. Au cours des rencontres, les cœurs se parlent et la fraternité se noue. Aujourd’hui, Monod nous a quittés. Vous savez que dans l’amitié, les Européens ne sont pas méchants. Ce sont des hommes comme vous et moi. Ils ont toujours cherché la fraternité avec l’homme noir.

 

 


L’AFRIQUE, LE BERCEAU DE L’ÉCRITURE

 

Qu’est-ce que vous retenez de l’époque passée avec Monod?

 

Quand j’ai présenté les résultats de mes travaux à Monod, il en était fier. Cependant, les Africains ne m’ont pas approché pour en savoir davantage. Lorsque je ne serai plus de ce monde, ils diront qu’ils ne savaient pas que tout près d’eux, Bruly Bouabré avait inventé une écriture universelle.

 

Qu’est-ce que cette phase de votre vie peut apporter au peuple bété auquel vous appartenez?

 

Il ne s’agissait pas spécifiquement des Bété. Cette écriture est universelle. L’Afrique est le berceau de l’écriture. Les Pharaons avaient leur écriture qu’on appelait les hiéroglyphes. Les Arabes aussi ont leur écriture, ainsi que les Chinois et les Japonais. En somme, la plupart des grands peuples ont leurs écritures sauf l’Afrique. Pourquoi pas nous ? Si on m’avait suivi et surtout encouragé, on n’en serait pas là aujourd’hui.

 

 


"IL NE FAUT PAS DÉVOILER A TOUT VENANT SON SECRET"

 

Vous êtes, dit-on, un grand initié. Est-ce que vous pouvez nous parler de votre initiation ?

 

(Ndlr: le vieux nous raconte l’histoire d’un chasseur d’éléphants). C’est l’histoire d’un chasseur d’éléphant très réputé. Pour mettre fin à ses exploits, un éléphant se transforma en une belle femme pour le séduire et partager son intimité. Ce qu’elle réussit de fort belle manière.

 

Dans la maison, la femme du chasseur insistait chaque fois pour que son compagnon lui révèle son secret et sa stratégie pour tuer les éléphants. Au moment où le chasseur s’attelait à donner des explications à sa dulcinée, sa mère l’interrompit. Elle lui signifia que cette belle femme était plutôt là pour lui nuire. Dans sa tentative d’explication, le chasseur, qui a voulu dire qu’il se transformait en aiguille, c’est-à-dire SAHI, ne prononcera que le SA, qui signifie: herbe. Croyant détenir l’ultime secret, la femme qui devait prendre sa douche en profita pour s’éclipser. Pour se transformer plus loin en éléphant. Le valeureux chasseur ne perdit pas le temps pour prendre en chasse son éléphant de femme. Dans cette course-poursuite, il l’atteint d’un tir fatal. Pour alerter les autres éléphants, elle se mit à crier SAAA ! Croyant ainsi avoir dévoilé le secret du chasseur qui s’était transformé en aiguille plutôt qu’en herbe. En réponse à cette alerte, le troupeau  d’éléphant arracha toutes les herbes environnantes. Heureusement pour le chasseur que SA (herbe) est très loin de SAHI (aiguille). Tout cela pour vous dire qu’il ne faut pas dévoiler à tout venant son secret. Surtout ce qui fait de vous un homme. Tout comme la femme ne doit pas regarder entre les jambes de l’homme, ce dernier ne devrait pas non plus regarder entre celles de la femme.

 

 


"LES MAGICIENS DE LA TERRE"

On raconte que le dessin est venu à un moment où vous vouliez vous faire reconnaître comme artiste parce que le président Félix Houphouët-Boigny récompensait ces derniers. Cette anecdote est-elle vraie ?

 

À vrai dire, je ne sais ni chanter, ni danser. Cependant, je savais dessiner. Et quand Houphouët Boigny (Ndlr : premier Président de la République de Côte d’Ivoire) récompensait les artistes, j’envisageais de lui présenter mes dessins. J’en avais près de 500. Au moment où je m’apprêtais pour aller à la présidence, un Européen, M. André Magnin à la vue de ces dessins, était émerveillé. Il les a donc tous récupérés. Deux mois après, il m’invite à Paris. Je ne voulais pas m’y rendre pour des problèmes familiaux. Une fois là-bas, grande fut ma surprise de voir mes 500 dessins sur les cimaises dans une exposition intitulée les «MAGICIENS DE LA TERRE ». J’étais fasciné. Je n’en revenais pas. J’ai eu même à me demander si ces créations venaient réellement de moi. C’est de cette exposition en 1989 que tout est parti; en quelque sorte, la grande révélation.

 

Dans vos œuvres, il y a une imagerie puisée dans le langage bété tels que « Gbi », la panthère (mâle et femelle), sa férocité et sa douceur; le soleil... Qu’est-ce que tout ceci représente pour vous ?

 

Le soleil constitue en lui-même un miracle. Un jour en route pour le travail, j’ai été témoin d’un fait singulier (Ndlr : jeudi 11 mars 1948, au Sénégal). N’ayant pas de montre, il fallait me référer au soleil pour avoir la notion du temps. J’ai donc observé le disque solaire. J’ai vu qu’il changeait de couleur. Il était divisé en deux parties, précisément en deux lignes horizontales. La partie inférieure était plus blanche que la partie supérieure. Progressivement, tout le disque solaire a viré totalement au blanc pour ensuite donner sept couleurs. C’est alors que le jaune a explosé et a consumé toutes les autres couleurs. Dans la soirée, je suis tombé en transe. C’était au Sénégal où j’étais en fonction au service de sécurité de Dakar AOF (Ndlr: Afrique Occidentale Française).

 

Pour en venir à la panthère, il faut dire qu’elle est comme l’homme. Par exemple, elle n’est pas méchante vis-à-vis de sa femelle. C’est dire que bien que la panthère soit d’une férocité sans pareille, elle voue un sentiment d’amour à sa femelle.

 

Est-ce l’esthétique bété du Bagnon que vous avez universalisée dans votre œuvre, où est-ce que vous êtes simplement un homme moderne ?

 

Les Bété sont comme tous les autres êtres humains qui prônent la beauté et la séduction. Le culte du beau avec la mise en exergue des différents membres est propre à tous les peuples africains.

 

Le beau n’est-il pas lié à un caractère ?

 

Non, pas du tout. Cependant, lorsqu’on est méchant on perd sa beauté pour faire place à sa cruauté. Ainsi, quand on est beau, il faut être bon. C’est comme ça qu’il faut mettre sa beauté en valeur.

 

Quels sont vos souvenirs des Magiciens de la terre ?

 

À cette exposition, je n’étais pas le seul. Nous étions plusieurs “Magiciens” venus de tous les continents. Pour nous rendre honneur, les organisateurs, nous ont coiffés de couronnes dorées. Cela m’a beaucoup marqué et me revient chaque fois en souvenir.

 

Est-ce que beaucoup d’Ivoiriens vous rendent visite ?

 

Il n’y a que des parents qui viennent me rendre visite. Vous-mêmes, vous êtes à votre première visite.

 

Est-ce que vous ne pensez pas que le milieu des arts aura des regrets après vote départ ?

 

Je dessine toujours. J’écris également. « On ne compte pas les étoiles », « Domin et Zézé », « Les dates pour les Africains »...

 

Vous avez été à la Documenta de Kassel (2002). Qu’est-ce que vous pensez des travaux des autres artistes ?

 

Je ne sais pas si c’est un Ivoirien, mais à la Documenta, j’ai apprécié les travaux d’un jeune artiste sculpteur qui faisait des œuvres grandeur nature. Il m’a vraiment impressionné.

 

Que pensez-vous des installations ?

 

Je n’aime pas porter de critique sur les travaux des autres artistes. Un jeune Européen a voulu apporter des critiques sur mes travaux. Je lui ai dit que je n’étais pas d’avis avec lui. Parce que la critique est aisée et l’art difficile. Je lui ai simplement demandé de créer aussi. Ainsi, on comparera nos deux créations. Je pense qu’il m’a compris puisqu’il s’est rétracté.

 

 

Après “Magiciens de la terre”, vous avez participé à une autre exposition montée en France par Jean Hubert Martin sur la résistance. Votre travail s’inscrit-il dans la résistance face à la colonisation ?

 

Au cours de cette exposition, il m’a été demandé de réaliser ce que je pensais de la résistance. J’avais donc toute la liberté au niveau de la création. C’est dans ce créneau que je devais évoluer. Sinon pour ce qui est du travail forcé, je savais qu’on faisait coucher nos aînés pour les fouetter.

 

Pourquoi n’avez-vous jamais monté une exposition individuelle à Abidjan ? Etes-vous prêt aujourd’hui si on vous en faisait la proposition ?

 

C’est possible, mais cela mettra du temps. Parce qu’il va falloir que je travaille.

 

Yaya Savané : (Ndlr : son curateur): Présentement nous sommes en mesure de monter une exposition de Bruly Bouabré. Nous avons travaillé à constituer sa collection. Les collectionneurs de Bruly à qui j’ai expliqué la nécessité de constituer cette collection ont acheté des œuvres qu’ils ont mises à notre disposition. Aujourd’hui, nous disposons d’un fonds Bruly Bouabré. Il peut donc exposer partout dans le monde grâce au travail qu’on fait. A ce niveau donc, il n’y a pas de crainte. C’est vous dire qu’on a un fonds accessible à tous et que les Ivoiriens peuvent venir voir.

 

Vous êtes fondateur d’une religion, « l’Ordre des Persécutés ». Quelle est la différence entre cette religion et celles qui sont révélées ?

 

Yaya Savané : Suite à sa transe dont il a parlé plus haut, on a dû l’interner. On a même cru à la folie. Cependant Bruly mettait sur papier toutes les pensées qui lui venaient en rêve. C’est ainsi qu’il a commencé à les transcrire. Le livre est constitué de plus de plus de 900 pensées qui constituent un code de comportement et une philosophie.

 

Aujourd’hui, Dieu merci, nous venons de trouver un éditeur pour ce livre. Il y a des années de cela, un jeune Allemand qui faisait des recherches sur les religions est tombé sur ce livre. Bruly, lui a donc remis le manuscrit, c’est-à-dire l’original. C’était en 1967. Lorsque Bruly a été présenté à la Documenta de Kassel (en 2002), ce jeune est allé le voir. C’est là, qu’il lui a expliqué que, depuis 1967, ce livre a été placé dans un coffre-fort dans son université. C’est ainsi qu’il est entré en contact avec André Magnin qui, par la suite, nous a mis en contact.

 

Bruly tient à faire éditer ce livre parce qu’il le considère comme le livre de sa vie. Agnès B. veut éditer ce livre. C’est vrai que nous avions une copie. Mais il nous fallait l’original. Dieu merci, grâce à nos démarches et à la compréhension de tous, nous sommes entré en possession de l’original en 2005. Il nous reste maintenant à envoyer ce manuscrit en France pour l’éditer. Ce livre est un véritable trésor. On y trouve toute la tradition, la thérapie, la pharmacopée Africaine etc. C’est dire qu’il touche à tout, aux rêves, à la philosophie et j’en passe. C’est « le livre des lois divine dans l’ordre des persécutés ». Ce livre mérite d’être enseigné dans les facultés de philosophie. Dans ce livre, Bruly démontre à travers la précision des dates qu’il est un véritable archiviste. Ce livre contient 974 pensées.

 

Vous portez plusieurs noms dont CHEICK NADRO. Peut-on avoir des explications ?

 

Mon père m’a donné le nom “Nadro” qui signifie: “ Celui qui n’oublie pas”. C’est en rêve que le nom CHEICK m’a été donné.

 

On dit que vous êtes chercheur, philosophe, artiste. Qui êtes-vous en réalité ?

 

Je suis simplement un homme comme tous les autres. C’est vrai que la vision du soleil a fait de moi un être exceptionnel. Sinon je suis comme tout le monde.

 

 

 


"QU’ON RETIENNE DE MON PASSAGE, MES CRÉATIONS, MES ÉCRITS ET MES PENSÉES"

 

Quel souvenir voulez-vous qu’on garde de vous: un artiste, un citoyen, ordinaire ?

 

Qu’on retienne de moi ce que j’ai laissé : mes créations, mes écrits et mes pensées. Parce que la vision du soleil m’aura permis de m’apercevoir que la terre nourricière est un Dieu.

 

La Côte d’Ivoire est une mosaïque d’ethnies. Vous avez travaillé sur les poids Akan à peser l’or. Vous entretenez des relations avec d’autres Ivoiriens qui ne sont pas de votre ethnie. Dites-nous, que pensez-vous de l’autre ?

 

Pour moi, tous les hommes sont parents. A observer de très près, on s’en aperçoit aisément. Quand tu te regardes, tu t’aperçois aisément que je suis en toi et que tu es en moi. Est-ce que vous comprenez cela ? Quand on évacue nos excréments, tout va dans la terre. Les plantes s’en servent pour leur croissance. Ces plantes, nous les consommons. Est-ce que vous n’êtes pas en moi? Et vice-versa. C’est dire que nous sommes des frères. Un jour, un Européen m’a demandé si les Africains étaient des cannibales. J’ai répondu que je ne peux ni l’affirmer, ni l’infirmer. Il était très content de cette réponse. Et de récidiver en me demandant pourquoi ? Je lui ai alors dit que moi, j’ai tété les seins de ma mère. Il m’a dit que, lui aussi, en a fait de même. En dehors de ça, j’ai terminé en lui disant que nous n’avons aucune autre forme de cannibalisme.

 

En parlant du ciel et de la terre, peut-on savoir, selon vous, d’où vient l’homme ?

 

Prenons l’image de la femme et de l’homme. C’est pareil pour le ciel et la terre. C’est tout comme si le ciel était supérieur à la terre. S’il pleut les végétaux poussent. Ce sont les enfants de la nature. Sans eau, il n’y a pas de vie.

 

 


LA MAUVAISE INTERPRÉTATION DES PRINCIPES DE DIEU DIVISE LES HOMMES

 

Quel est votre commentaire de l’actualité en Côte d’Ivoire ? Qu’est ce qui n’a pas marché pour qu’on arrive à cette situation de crise ?

 

Ce sont les Européens qui ont établi des systèmes de division que vous appelez la politique. Partout où la politique est présente, il n’y a ni lien de parenté ni amitié sincère. C’est plutôt la recherche effrénée du pouvoir. Pour ma part, je reste convaincu que Dieu n’aime pas cela car nous sommes tous des frères. À mon avis, c’est le sentiment de gouverner et de dominer son prochain qui est source de division, d’incompréhension et surtout de conflits meurtriers.

 

La religion n’est-elle pas aussi un facteur de division ?

 

Le diable ne peut jamais se marier à un Saint. La religion, à mon sens, n’a jamais divisé les hommes. Ce sont les hommes eux-mêmes qui ont introduit des germes de division dans la religion. C’est aussi la mauvaise interprétation des principes de Dieu qui divise les hommes. Je prends l’exemple de mon père qui était guerrier. Alors que Dieu défend de verser le sang de son semblable, il l’a fait dans l’exercice de sa fonction. A sa mort, il a fait 16 ans de purgatoire en enfer. Je l’ai vu en songe. C’est vous dire que la vie est sacrée. C’est la première prescription de Dieu.

 

L’enfer dont il s’agit n’est-il pas le purgatoire dans le sens religieux (chrétien) du terme ?

 

Ma mère me disait quand j’étais enfant, « Yôgô yôgô, lya bla glo ». Ce qui signifie qu’il faut être bon si tu veux vieillir. Pensez-vous que quelqu’un qui est pétri de bonté peut être tenté par l’ambition de gouverner et de soumettre les autres à sa domination ? Je dis non ! Selon Dieu, toute chose que moi-même j’approuve, le commandement se fait par droit d’aînesse. C’est la loi de Dieu à la laquelle l’homme doit se soumettre pour éviter tout conflit. Bien sûr, tout ceci se passe sur la base de la bonté. A toute l’humanité Dieu a donné deux voies, celle de la bonté et celle du mal. C’est parce que nous ne sommes pas bon que notre civilisation est en retard. La civilisation, c’est la bonté.

 

 


BRULY BOUABRÉ, L’OUBLIÉ

La Côte d’Ivoire s’est dotée récemment d’une académie des sciences, des arts et de la culture. Peut-on savoir si Bruly Bouabré a été approché pour faire partie des immortels ivoiriens ?

 

Yaya Savané : Non, il n’a pas été approché concernant cette académie. En marge à la création de cette académie, un colloque a été organisé. À ce colloque, j’ai animé une communication qui portait sur le travail de Bruly Bouabré. Votre question est importante d’autant plus que très souvent, les gens sont victimes du cursus académiques. On m’a toujours demandé pourquoi est-ce que Bruly n’était pas connu. J’ai toujours répondu qu’est-ce que nous faisons pour qu’il soit connu. Aujourd’hui quand tu n’es pas dans le cursus académique, tu es laissé pour compte. Bruly en tant que créateur exprime sa liberté, il a des théories, des thèses sur l’origine de l’homme.

 Pour revenir à la décoration des artistes par le président de la République, on m’a demandé pourquoi Bruly a été oublié ? Alors qu’il est l’artiste Ivoirien le plus connu à travers le monde. C’est vrai qu’il y a des oublies de ce genre. Cependant, je dis qu’il ne faut pas toujours réclamer.

 Bruly s’est imposé par son travail sur le plan international. Mieux, il propulse l’image de la Côte d’Ivoire à un niveau très haut. Malgré certains oublis, il faut reconnaître qu’il y a eu des actes qui ont été posés à l’endroit de Bruly par le ministère de la Culture à l’époque de Mme Henriette Dagri Diabaté. On ne peut donc pas dire qu’on ne connaît pas Bruly en Côte d’Ivoire.

 

Interview réalisée (en 2007) par CHEICKNA D. Salif & Mimi Errol