Bossonisme: 15 ans après la mort d’Adiaffi, le grand désarroi des adeptes

Des adeptes du bossonnisme lors d’une cérémonie à Yakassé-Féyassé (Abengourou)
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Bossonisme: 15 ans après la mort d’Adiaffi, le grand désarroi des adeptes

Bossonnisme: 15 ans après la mort d’Adiaffi, le grand désarroi des adeptes

Un musée construit à hauteur de 150 millions de Fcfa et dédié à l’écrivain Jean-Marie Adiaffi sera bientôt livré à Bettié, sa ville natale située à 95 km au sud-est d’Abengourou. En attendant, dans la localité en question et à quelques encablures du domicile de Nanan Adépra Augustin (le chef de canton de Bettié et frère aîné d’Adiaffi) sont gardés les objets d’art collectés par l’anthropologue disparu en 1999.

Dans un local de quatre pièces sont, en effet, entreposées plusieurs dizaines de pierres, masques, statuettes et autres objets d’art africains de diverses origines. Ces objets, selon nos sources, seront exposés par catégorie dans le nouveau musée.

Pour Jean-Marie Adiaffi, la plus grande capitulation des Africains a été le délaissement de leurs pratiques traditionnelles au détriment des religions révélées et importées comme le christianisme, l’islam, le bouddhisme, etc. « Si au cours de l'histoire, l'Afrique a subi plusieurs siècles de domination occidentale (esclavage et colonisation) c'est parce que l'Africain, en rejetant sa religion, a ainsi vendu son âme », avait-il l’habitude de clamer.

D’où son combat sans répit pour redonner à l'Afrique ‘’sa puissance et son authenticité’’ d'antan. Lequel combat a abouti à l’invention du ‘’bossonnisme’’ qu’il a assimilé à la religion ancestrale africaine. Dans la région de l’Indénié-Djuablin, deux écoles de formation de ‘’Komians’’, grands adeptes du bossonnisme, ont été créées depuis plusieurs années.

Une dans la sous-préfecture d’Aniassué (25 km au sud d’Abengourou) dirigée par la prêtresse Eponon Adjoua et l’autre dans la sous-préfecture de Tanguelan (Agniblékrou) actuellement aux mains de la prêtresse Ahi Alloua. 15 ans après la disparition de Jean-Marie Adiaffi leur ‘’parrain’’, le moins qu’on puisse dire, c’est que ces adeptes du bossonnisme sont dans le désarroi.

De moins en moins, ces ‘’komians’’ sont sollicités. Ils ne sont désormais visibles que lors de rares cérémonies traditionnelles telles la fête de l’igname qui est célébrée une fois l’an. Dans l’école de formation d’Aniassué où nous nous sommes rendus récemment, le centre n’existe que de nom. A cet endroit, seuls quelques rares pensionnaires sont visibles. « Maintenant, beaucoup de personnes nous combattent. Elles nous traitent de ‘’Satan’’ surtout les chrétiens évangéliques. Nous avons du mal à nous en sortir parce que les populations ont de moins en moins recours à nous avec l’évolution du temps », nous confie désespérément Ama Marie-Noëlle, une ancienne féticheuse qui a fini par s’adonner au commerce de banane au petit marché du quartier ‘’Agnikro’’ à Abengourou.

Dans le quartier en question, des campagnes d’évangélisation sont régulièrement organisées non loin du sanctuaire d’une féticheuse qui réside non loin de là. « Les gens préfèrent aller plutôt chez les marabouts que chez les "Komians" dont ils trouvent les pratiques révolues », conclut l’un des responsables d’un musée à Abengourou.

Notons qu'après la disparition de Jean-Marie Adiaffi, le bossonnisme a perdu de sa valeur.


Zéphirin NANGO
Correspondant régional