Arts plastiques : Brigitte Rabarijaona, ou l'art de défendre l’Afrique

Brigitte Rabarijaona commente un tableau qu'il a peint sur la tragedie du Darfour.
Brigitte Rabarijaona commente un tableau qu'il a peint sur la tragedie du Darfour.
Brigitte Rabarijaona commente un tableau qu'il a peint sur la tragedie du Darfour.

Arts plastiques : Brigitte Rabarijaona, ou l'art de défendre l’Afrique

"Je suis née à l’Unesco. Mes premières expositions ont eu lieu ici ". Artiste du monde, celle qui s’exprime ainsi se nomme Brigitte Rabarijaona, peintre Malgache.

Passionnée par le dessin depuis son plus jeune âge, Brigitte Rabarijaona, née à Madagascar, suit son père au gré de ses affectations. Ainsi de 6 à 13 ans, sa famille va habiter successivement à Ambalavao et Fianarantsoa, au fin fond de la grande île, localités où les plantes, les fleurs, les insectes inspirent la jeune fille.

Elle sera aussi influencée par plusieurs professeurs d’art plastiques, qui l'initient au dessin. Ceux-ci vont lui faire découvrir de célèbres impressionnistes, tels que Monet et Renoir. Elle va essayer de mettre en application,  les cours de dessin appris en classe. Ainsi à 14 ans, elle reproduisait au crayon certaines œuvres d'Arcimboldo.

La petite Brigitte ne va pas se limiter à cette connaissance collégienne et lycéenne des toiles. Elle a été piquée par le virus de l’art, à telle enseigne que  poursuivant ses études universitaires, la jeune Malagasy, dans les années 1997, suit des cours hebdomadaires de nature morte.

Mieux, Brigitte Rabarijaona s'inscrit à plusieurs stages de paysage de 1997 à 1999, avant de s'ouvrir, de 2005 à 2006, à la peinture japonaise au centre culturel franco-japonais Hattori de Paris.

Elle va plaire véritablement au public, grâce aux  journées Africaines de l'Unesco 2006.  
Ces tableaux ont rencontré un vif succès. L’originalité de Brigitte Rabarijaona se fait ressentir par les fleurs.

Sa toile dénommée "Tonga soa ê" (soyez le bienvenu), en langue malgache, montre bien sa particularité. Le tableau s’ouvre sur une fleur en symbole de bienvenue et, derrière, le bleu, couleur omniprésente dans ses œuvres.

Aussi peint-elle " l’histoire du continent noir et sa population qui souffre, qui saigne ", confie l’artiste.

De fait, ne demandez pas à Brigitte Rabarijaona d'acquérir l'une de ses œuvres. Elle vous répondra qu’elle n'est pas prête ou qu' "elle n'est pas fini".  En tout cas, elle cherche toujours à apporter une nouveauté à son tableau.

Pour l’édition 2007, de la semaine de l’Afrique, Brigitte Rabarijaoni a mis l’accent sur les problèmes et les conflits qui s’abattent sur le continent, depuis ces dernières années. En témoignent la crise au Darfour et  l’insouciance des autres pays, face à la misère ou au Sida.

 Elle a exposé un tableau très remarqué, qui invite les personnes à ne pas faire du Vih-sida un sujet tabou. Chaque détail a son importance : de l’échiquier, présent dans la majorité de ses œuvres, illustrant la vie sur Terre, qui n’est pas de la même valeur au Baobab à l’arrière plan simulant l’acte sexuel. Pour véhiculer au mieux son message, elle n’hésite pas à utiliser des citations de grandes personnalités africaines telles Nelson Mandela et Léopold Sédar Senghor.

Un tableau a également été consacré aux tueries et à la souffrance des populations au Darfour. Elle attire l’attention du monde entier sur cette catastrophe humaine.

Brigitte Rabarijaona ne veut pas tirer, toute seule, profit de son succès populaire. Elle entend faire partager son expérience, en participant à la promotion des artistes africains en France.

Ce projet, dont elle est l’une des responsables, est piloté par l’association de la diaspora Africaine en France dénommé "Africagora".

Selon elle,  l'art africain a servi de tremplin à la réussite de plusieurs artistes occidentaux. "On ne le souligne pas assez lorsqu'on évoque leur génie. Il faut non seulement le rappeler, mais, surtout, créer les conditions d'une plus grande visibilité de l'art et des artistes.

 

Arsène Kanga

Correspondant