Art contemporain: Thierry Dia, l’informaticien promoteur d’art

Thierry Dia Brou, un passionné de l’art au service des jeunes artistes
Thierry Dia Brou, un passionné de l’art au service des jeunes artistes
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Art contemporain: Thierry Dia, l’informaticien promoteur d’art

Art contemporain: Thierry Dia, l’informaticien  promoteur d’art

Dès lors Thierry Dia comprend que l’art peut constituer une valeur refuge. Mieux, un investissement. Cependant, cette dimension des œuvres d’art ne va pas attirer ce jeune homme. Lui, l’enfant d’Adjamé, quartier rouge. Que fera-t-il des tableaux ? Alors qu’il aurait mieux fait de s’investir dans d’autres domaines.

 

C’est une exposition d’un groupe d’étudiants (Charlaman, Serges Gossé, Anouma…) de l’Ecole nationale des Beaux-arts d’Abidjan (Enab) qui va créer le déclic chez Thierry. Parti faire des emplettes dans un supermarché aux Deux-Plateaux, il découvre, avec d’autres amateurs d’art, cette exposition de peinture.

 

Au-delà des œuvres de belles factures que proposaient ces artistes en devenir, il découvre avec désolation qu’après l’obtention du Diplôme d’études supérieures en art option arts plastiques (Desa-Ap), l’équivalent d’un Bac+4, seul l’enseignement des arts s’offre au plus chanceux. Après une admission au concours d’entrée au Centre de formation professionnelle à l’action culturelle (Cfpac). Quant aux autres, ils devront affronter les dures réalités de l’insertion dans le tissu économique.

 

L’Enab ne formant pas d’artistes mais des apprenants aux techniques de l’art, Thierry Dia décide alors de donner une chance à tous ceux qui croient avoir une âme d’artistes. Et ce, à travers le projet de création d’une agence de promotion des arts plastiques.

 

En compagnie de quelques amis journalistes culturels, il transforme son domicile sis à Angré-Djibi, en galerie d’art de circonstance. Chaque week-end, le groupe s’y retrouve pour apprécier les œuvres des jeunes cooptés par Thierry Dia.

 

Son préféré à l’époque, Charlaman, actuellement précédemment professeur d’expression plastique au lycée d’enseignement artistique d’Abidjan actuellement en formation en France se souvient : « C’est grâce à moi que tous ces étudiants hésitant et craignant de se faire renvoyer - parce que les enseignants n’aimaient pas que les étudiants exposent alors qu’ils sont sur les bancs - se sont affirmés et ont eu le courage d’approcher Thierry ».

 

Ingénieur informaticien au Conseil du café-cacao, Thierry Dia affirme que pour lui, le déclic est parti de Charlaman. Il décide alors de sortir de l’informel. Ainsi, il ne pouvait pas continuer de transformer le domicile conjugal en galerie. Bien que son épouse Renée Dia n’y voit pas d’inconvénient ; puisque très vite, elle devient la mère des jeunes artistes.

 

C’est alors qu’il crée en 2001, l’agence Houkami Guyzagn qui est à la fois une galerie et une structure de promotion des arts plastiques. Ses cibles, des jeunes artistes pour une clientèle composée essentiellement de jeunes cadres ivoiriens ou africains exerçant à Abidjan.

Pour bien faire les choses, un magazine d’art intitulé « Le Guyzagner, mécène de l’art » est mise sur le marché pour accompagner la promotion des arts plastiques.

 

Unique en son genre, ce gratuit va attirer les plus anciens du milieu de l’art. Michel Kodjo, le premier peintre ivoirien, James Oura, Monné Bou, Gérard Santoni, Mathilde Moro, Youssouf Bath, Cyprien Kablan, Koffi Donkor…feront la couverture de « Le Guyzagner ».

Toujours dans le cadre de la promotion des arts plastiques, Thierry Dia initie une plate-forme d’échange et de débats autour de l’art intitulée « Apéro-Art ». A la tête d’une petite équipe, il initie également une biennale nationale des arts plastiques dénommée « Les Guyzagn » qui est à sa 5ème édition. Destiné uniquement aux jeunes, ce concours a révélé selon des observateurs de la scène artistique en Côte d’Ivoire que la relève était assurée. Toute chose qui a fait d’Houkami Guyzagn une destination incontournable pour les artistes de Côte d’Ivoire et de la sous région.

 

Aujourd’hui, Mobio Agoh Stefane dit Mobiagoh, Sanogo Souleymane dit Pachard, Guy Kouadio, Soro Pehouet, Konan Pascal, Elvis Donkor, Amani Désiré, Aboudia qui jouissent tous d’une renommée internationale y ont fait leur premier pas. Et surtout bénéficier de l'encadrement des experts de "Houkami Guyzagn" parmi lesquels, le critique d’art Errol Mimi Auguste.

Derrière ses correcteurs d’intellectuel, Dia est aussi un véritable marchand d’art pour qui « on ne rentre jamais par hasard dans une galerie ». A l’en croire, la stratégie commerciale en matière d’art doit prendre en compte l’aspect marketing et communicationnel.

 

Aujourd’hui, même s’il ne s’en vante pas, Thierry a réussi à faire accepter les œuvres des jeunes artistes dont il a la gestion, à des collectionneurs et amateurs d’art de renoms en Côte d’Ivoire: Simplice De Messé Zinsou, Martine Coffi Studer, Adama Toungara, Nahim Suti, Hamed Bakayoko, Pr. Yacouba Konaté…pour ne citer que ceux-là.

Comme s'il s'était senti, investi d'une mission M. Dia s'est approprié un rêve cher aux jeunes artistes en mettant à leur disposition un centre d’art sis à la Riviera-Attoban, dénommé la "terre promise". Ce centre, à l’en croire, a également pour vocation d'accueillir des artistes en résidence en Côte d’Ivoire.

A quelques jours de la célébration de l'an 55 de la Côte d’Ivoire prévue pour le 7 août 2015, l'on peut indiquer que l'action des promoteurs comme Thierry Dia permettront de restituer l'histoire de l'art contemporain en Côte d’ivoire. 

 

CHEICKNA D. Salif

salifou.dabou@fratmat.info