Art contemporain : Venise, Curitiba et Londres, Valérie Oka expose la série « Héritage » et « Chuuuuutt »

Art contemporain : Venise, Curitiba et Londres, Valérie Oka expose la série « Héritage » et « Chuuuuutt »

Dans cette série, exposées à la biennale de Venise jusqu’au 24 novembre 2019, Valérie Oka évoque l’éternel présent et surtout l’insaisissable apparences des esprits disparus. A travers ses pièces l’artiste semble aborder la problématique du retour des œuvres du patrimoine culturel africain.

La série « Héritage » vue de près s’apparente à des figurines biens connues dans les bois sacrés du continent. Des œuvres sacralisées qui ont été arrachées de forces ou quelque fois volées pour se retrouver hors du continent sans qu'elles ne soient désacralisées. Comment pouvait-il en être autrement lorsque l’Afrique réclame le retour ces pièces éparpillées dans le monde, dans les musées et chez des particuliers. C’est donc légitimement que le travail de l’artiste renvoie à la problématique de la restitution de ces œuvres. Des œuvres qui sont en réalité des objets utilitaires qui déterminent et formalisent souvent la marche de la société africaine. D’où la pertinence du travail abordé par l’Afrique qui met en évidence le fait que l’Afrique ait été dépouillée de ses instruments, des outils, capteurs et émetteurs d’énergies.

Depuis le 21 septembre et ce jusqu’au 1er mars 2020, Valérie Oka présente une installation vidéo sur les violences conjugales à la 14ème Biennale de Curitiba au Brésil. Intitulée « Chuuuuutt » cette magnifique œuvre met en exergue une scène caractéristique de ces violences à travers un lit débrayé, des vêtements qui jonchent le sol par-ci, par-là ; des mouchoirs immaculés de sang… Cette œuvre s’inscrit dans la lutte contre les violences faites aux femmes, l’auteure étant une militante engagée dans cette lutte.

A la Foire de l’art africain contemporain de Londres, en Angleterre, où elle expose son travail en hommage à la curatrice et commissaire d’exposition nigériane, Bisi Silva, aujourd’hui décédée. Valérie Oka accompagne cette œuvre d’une sorte d’épitaphe : « J’ai tant d’admiration pour toi qui a porté et portera à vie, le flambeau de la femme africaine contemporaine ouverte sur l’avenir et l’innovation. J’ai vu briller dans tes yeux cette lueur d’espoir et cette fervente conviction que l’art contemporain en provenance d’Afrique, avec un peu de structuration et d’accès à la connaissance, pourrait hisser haut notre génération d’artistes qui embrasse ce village planétaire qu’est le monde d’aujourd’hui. Humblement, simplement, tu t’es battu corps et âme pour valoriser la femme, artiste, africaine et lui permettre d’exprimer toute cette force intrinsèque qu’elle porte en elle.  Dans « The Progress Of Love » (The Centre of Contemporary Art, Lagos (CCA, Lagos / 2012) sans tabou, durant plusieurs mois et dans plusieurs pays, autour d’expositions, d’ateliers d’échanges avec les plus jeunes, tu as présenté mon travail expérimental sur les violences faites aux femmes, par amour, au-delà de l’entendement.  Tu es une belle personne, et cette énergie lumineuse que tu m’as transmise, j’espère aussi, dans le sillon de tes pas, la transmettre à d’autres. J’entends encore ta voix, comme un chuchotement au creux de l’oreille. Je sais la chance que j’ai eu d’avancer un peu avec toi. »

Née en 1967 à Abidjan en Côte d’Ivoire Valérie OKA est une artiste plasticienne, performer. C’est une figure incontournable de la scène de l’art contemporain en provenance d’Afrique. Elle a remporté plusieurs prix, notamment le 1er Prix de l’Union Européenne à la Biennale de Dakar et le Prix d’Excellence Culture du gouvernement Ivoirien. Ses œuvres sont présentes dans les collections privées et institutionnelles (Fondation Nirox, Fondation Blachère, Fondation Frances, Moleskine, WIEL, …)

Salif D. CHEICKNA

salifou.dabou@fratmat.info