Alexis Zékré N’Guessan (ex-PDG de Fraternité Matin): ‘‘ Le manager a le devoir de mettre ensemble toutes les compétences...’’

Alexis Zékré N’Guessan a été PDG de Fraternité Matin du 17 novembre 1993 au 19 janvier 1994
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Le Président directeur général (Pdg) de Fraternité Matin du 17 novembre 1993 au 19 janvier 1994, explique dans le cadre des 50 ans de ce groupe, son expérience qui a permis de maintenir l’outil de production et préserver les emplois à un moment où les Grands Travaux préconisaient un licenciement massif.

Fraternité Matin que vous avez dirigé célébrera ses 50 ans en décembre. Comment s’est fait le parcours à votre époque ?

On m’a choisi au moment où l’entreprise traversait une période de difficultés financières importantes.  Les syndicats étaient mécontents. C’était la période où   tout le monde faisait des revendications. Le Premier ministre de l’époque  avait mis en place une commission dans laquelle il y avait des membres de la Primature, les Grands Travaux (Ndlr : actuel Bureau national d’études techniques et de développement Bnetd), les syndicats et le ministère de la Communication. Les Grand travaux avaient proposé un plan social pour rééquilibrer les finances de Fraternité Matin. Il fallait licencier beaucoup de personnes.

Nous avions estimé que dans le cadre de cette restructuration, il n’était pas nécessaire de procéder à des licenciements. Nous nous sommes dit qu’il suffisait de proposer  des mécanismes pour occuper touts ces personnes.  Pour que chacun se sente d’avantage concerné par la vie de l’entreprise. Il y avait à cette époque Fraternité Matin et Ivoir Soir. Il fallait donc créer d’autres supports, des journaux de santé, d’économie, de spectacles et renforcer en diversifiant les sources de revenus l’outil de travail pour permettre à l’entreprise de repartir.

Fraternité Matin était à l’époque une société à responsabilité limitée où l’Etat de Côte d’Ivoire était associé à des privés. Les privés ayant cédé leurs parts à l’Etat de Côte d’Ivoire, il n’y avait qu’un seul porteur.  Du coup, la société n’existait quasiment plus. Nous avions donc le choix entre la création d’une société d’Etat et la création d’une société d’économie mixte. Le bilan sur les dernières années s’était dégradé, nous ne pouvions pas attirer les privés pour venir investir dans cette entreprise-là.

Il n’y avait que l’Etat qui pouvait avoir suffisamment de ressources pour répondre au besoin important d’équipements, de restructuration. Par ailleurs, nous avons  dit que lorsque nous créons une société agricole ou une société de communication, on met en général un professionnel de la communication ou de l’agriculture à la tête. Mais la gestion est un métier. Le manager a le devoir de mettre ensemble toutes les compétences pour atteindre les objectifs de l’entreprise.

Donc nous avons souhaité à l’époque qu’il y ait à la tête de l’entreprise un gestionnaire et de créer un poste pour la rédaction. C’est ainsi qu’on avait créé un poste de gestion confié à un gestionnaire et un poste de directeur général adjoint chargé de la rédaction qui s’occupait de la rédaction. Nous avions commencé. Nous étions donc en pleine restructuration  pour créer la synergie nécessaire pour mettre les uns et les autres en confiance afin de participer au développement de l’entreprise. C’est ce que nous avons fait.

Je suis heureux d’avoir fait ce parcours et je remercie  tous les collaborateurs que j’ai eus dans cette entreprise qui m’ont aidé à sauvegardé l’outil de production. Je suis heureux qu’après moi des cadres talentueux aient repris la suite pour pouvoir permettre à l’entreprise de se développer et de prospérer.

Fraternité Matin, c’est d’abord l’outil de promotion du gouvernement. C’est vrai qu’il faut ouvrir ses pages. Depuis quelques années beaucoup de personnes ont été recrutées dans cette entreprise. Donc les licencier ce serait créer un malaise social. Il faut plutôt les occuper sur de nouveaux projets pour que chacun se sente concerné et puisse participer au développement de l’entreprise. Lorsqu’on licencie dans une entreprise un groupe de personnes, les autres se découragent. Or, il faut les encourager. Quand on crée de nouveaux projets, chacun veut donner le meilleur de lui-même.

Le gouvernement fait beaucoup en ce moment. Je crois qu’une rubrique devait être consacrée à l’action du gouvernement, pour faire connaître davantage ce que le gouvernement fait pour les populations et surtout les différentes couches sociales. Parce que si ce n’est pas fait, les gens ne peuvent pas apprécier la valeur du travail qui est fait. Il est bon, au niveau de Fraternité Matin, en plus de que tout ce qu’ils font déjà, que périodiquement, ils reviennent sur les actions du gouvernement. Et cela  pour en faire une promotion importante. Le parti peut en faire, le gouvernement peut également en faire. Mais, il est bon de revenir cent fois sur le métier pour informer et surtout donner la bonne information. Pour que les Ivoiriens apprécient ce qui est fait en leur faveur.

Je félicite déjà ceux qui, à quelque niveau que ce soit, contribuent  au rayonnement de Fraternité Matin non seulement dans notre pays mais aussi à travers  la sous-région. Il faut les encourager et qu’ils sachent garder raison et puissent travailler en bonne concertation.


Comment envisagez-vous Fraternité Matin dans les années à venir avec l’avènement du numérique ?

Le professionnalisme. C’est à l’intérieur de l’entreprise que les équipes doivent travailler pour faire des projections. On ne peut pas, de l’extérieur, leur dicter quoi que ce soit. C’est une équipe qui travaille en tenant compte des besoins  de l’entreprise. Elle planifie à court, moyen et long terme,  les activités pour permettre à l’entreprise de s’adapter. Nous sommes dans un environnement compétitif et tous les journaux s’adaptent. Je fais confiance au directeur général. Vous avez de très bonnes équipes à Fraternité Matin ; à commencer par le comité de direction, la rédaction, la technique. Toutes les intelligences doivent se mettre ensemble pour faire des propositions à la direction.

Entretien réalisé par CHEICKNA D. Salif

 

salifou.dabou@fratmat.info