Alex Quassy (Cinéaste) : « La part des créateurs est toujours remise en question par l'administrateur de la culture»

Alex Quassy (Cinéaste) : « La part des créateurs est toujours remise en question par l'administrateur de la culture»

Vous soutenez que les  producteurs n'ont pas à se débrouiller  et  qu’ils doivent pouvoir compter sur l’État. Pourquoi?

Comprenons d’abord que l'Etat est la composition de population vivant sur un territoire délimité par des frontières régies par des lois et des codes puis administré par un gouvernement. L'organisation de l'Etat est soumise au respect des lois garantissant à tout citoyen les mêmes droits afin de faciliter la vie en société. Tout citoyen a le droit de compter sur les autres (l’Etat) pour son épanouissement personnel et vice versa comme le définit le terme Etat…

C’est un droit et non un devoir…

Oui et le gouvernent ivoirien a prévu dans le cadre de sa gestion publique c’est-à-dire les biens communs, une redistribution de ces biens communs en créant des mécanismes de financement permettant à des secteurs d'activités, dits secteurs spéciaux tels que: les arts, la littérature,  les sciences, le sports, et l'artisanat… de pouvoir fonctionner à l'instar des secteurs d'activités classiques que  sont l'administration, l'enseignement, le juridique et autres…

Cependant, la part des créateurs est toujours remise en question par l'administrateur de la culture qui en fait une gestion personnelle, foulant aux pieds les lois qui régissent la création de ces différents fonds dont les sources principales proviennent des taxes et redevances payées par le contribuable que nous sommes afin de jouir de nos images, de nos musiques, de nos spectacles, de nos peintures de nos livres etc...  enfin bref, de se nourrir culturellement et intellectuellement.

Aux États unis qui détient la plus grosse industrie cinématographique, celle-ci est forgée par des privés. La preuve il n'y a même pas de ministère de la culture.

 C'est ce que j'ai dit plus haut, quand on se dit Etat souverain, on se définit par son modèle politique, son modèle économique, son modèle culturelle. Une société se pense en s'appuyant sur les trois formes de pensées que sont: la pensée littéraire, la pensée artistique, la pensée scientifique.

Les USA dont vous parlez sont un modèle pour vous parce qu'ils n'ont pas dérogé à cette règle de 3. Quant au fait, qu'il n'y ait pas un ministère de la culture aux USA, n'empêche pas qu'il y ait des lois et des règlements qui régissent le cinéma et les autres arts. 

On va dire que cela émane du fait qu'ils ont un modèle politique différent. Je ne vais pas me faire un spécialiste des USA, je n'en ai pas la prétention, mais à ce que je sache, les USA sont la fédération de 51 états avec à leur tête des gouverneurs pour chaque Etat qui définissent leur modèle politique et économique. Le mode d'élection de leur président est unique au monde.

Scénariste, producteur, réalisateur à la fois, vous êtes aussi favorable au cumul des postes… Comment est-ce possible?

Pourquoi pas! Vous les Africains en général et vous les Ivoiriens en particulier, vous êtes toujours obnubilés par la marque déposée, qui est peut-être due à la colonisation. A une admiration du maître par l'esclave.

De sorte qu’il suffit que les occidentaux vous imposent une façon de penser pour que vous n'arriviez plus à penser par vous-mêmes. L'histoire du cinéma permet de mieux comprendre son évolution dans le temps. Il n'y a pas de cumul de poste dans la création d'un film. Tout projet de film commence d'abord par une histoire. C’est le scénario. A partir du scenario l'on recherche des financements pour la production du film. C’est le rôle du producteur. Et c’est à partir du financement du projet qu’on aboutit à La réalisation du film. En quoi ces 3 étapes de la chaîne de création sont un cumul.

Que peut la Cpaci?

 La Cpaci est une association des producteurs et professionnels de cinéma et de l'audiovisuel en Côte d'Ivoire qui ambitionnent de défendre les intérêts de ses membres, en organisant des séminaires de formation, aider à la recherche de financement et à court terme, se doter de moyens techniques pour réduire les coûts de locations de matériels technique (tournage et post production) qui la plupart du temps représente plus de 40% du budget de production.

Quel est votre projet immédiat vous qui avez lancé « Ma famille » et bien d’autres séries?

Je prépare la 1ere saison d'une série télé intitulée Confessus de 50 min de 22 épisodes.

Interview réalisée par

ALEX KIPRE