Abdoul Karim Sango (ministre de la Culture): ‘’Le Fespaco fera plus que résister aux velléités des groupes terroristes’’

Abdoul Karim Sango (ministre de la Culture): ‘’Le Fespaco fera plus que résister aux velléités des groupes terroristes’’

Ce sont, d’abord, des sentiments de fierté. Fierté que le Burkina ait pu conduire ce festival panafricain du cinéma et de la télévision sur une aussi longue période. 50 ans, c’est la moitié d’un siècle ! Beaucoup de festivals n’ont pas pu atteindre une telle longévité. C’est donc tout à l’honneur du Fespaco d’avoir pu réaliser un tel parcours.

C’est une grande fierté pour le Burkina Faso, mais aussi pour le continent africain. J’ai souvent eu à dire que le Fespaco, c’est la voix du cinéma africain ; mais aussi, la voix du continent africain. Tous les cinéastes du continent convergent vers Ouagadougou, qui devient pour ainsi dire, la capitale du cinéma et de la culture africains.

Ce sont, aussi, des sentiments de responsabilité qui nous animent. Nous devons penser au Fespaco post-cinquantenaire. L’âge de maturité atteint par le festival exige un niveau de professionnalisme encore plus élevé. L’héritage des pionniers, nous devons en prendre grand soin, afin de le perpétuer et de le transférer vers les générations d’aujourd’hui et de demain, de façon améliorée. Nous ne devons pas faire moins bien que nos devanciers.

Quelles sont les principales innovations de cette 26ième édition ?

Une innovation majeure, c’est la place réservée aux pionniers. Cet hommage, cette reconnaissance de tout le travail qu’ils ont abattu afin que nous soyons là aujourd’hui. En Afrique, l’une de nos grandes faiblesses a souvent été notre rapport au passé. Nous faisons comme si tout commençait aujourd’hui.

Nous devons avoir un bon rapport au passé, rendre hommage à ceux qui l’ont fait, car c’est le passé qui forge l’avenir. A l’occasion de ce festival, les pionniers, vivants ou morts ressusciteront à travers la reconnaissance que nous leur témoignerons, et ce sera un moment de grande fierté.

Beaucoup invoquent la récurrence des attaques terroristes au Burkina, ce qui nourrit des appréhensions par rapport à la sécurité durant le Fespaco. Que leur répondez-vous ?

Le Burkina Faso a suffisamment démontré sa capacité à organiser les grands événements en toute sécurité. En matière de sécurité, et cela sous tous les tropiques, il n’y a pas de risque zéro certes. Mais, tout est mis en œuvre pour garantir un Festival en toute sécurité. Le gouvernement a mobilisé les moyens qu’il faut dans ce sens. Les festivaliers qui viendront au Burkina participeront au festival dans la paix et repartiront en paix. Tout ce que nous leur demandons, c’est un minimum de discipline, en respectant les consignes de sécurité données.

En d’autres termes, le Fespaco fera plus que résister aux velléités des groupes terroristes…

La culture est un élément qui peut contribuer véritablement à faire reculer les frontières de toutes les formes d’extrémisme violent. Le cinéma, au-delà de son côté ludique, est une école de formation, d’éducation. Ma conviction c’est que le modèle de société de liberté et de tolérance propagé après la deuxième guerre mondiale est en péril.

Et c’est ensemble, avec la culture et le cinéma notamment, qui véhiculent des valeurs d’humanisme et de liberté, que nous ferons barrage à ces contre-modèles extrémistes. Le cinéma africain des 50 prochaines années pourrait œuvrer à la résolution de tout ce chaos répandu par les forces extrémistes. La vocation du cinéma, du Fespaco notamment, est une vision différente de celle des forces obscurantistes.

Entretien avec Valentin Mbougueng
à Ouagadougou