30 ans de peinture: Mathilde Moreau une grande figure de l'art en Côte d'Ivoire

30 ans de peinture: Mathilde Moreau une grande figure de l'art en Côte d'Ivoire

30 ans de peinture: Mathilde Moreau une grande figure de l'art en Côte d'Ivoire

Novembre 1987-novembre 2017. Cela fait 30 ans que Mathilde Moreau, l’une des grandes figures de la peinture en Côte d’Ivoire a su se distinguer tant par sa démarche artistique que dans le domaine de la formation des plus jeunes.

30 pièces réparties en trois étapes

La célébration de ses 30 ans de passion sera marquée par une exposition rétrospective qui va s’articuler autour de workshop et de rencontre débat sur ses créations. L’événement aura lieu du 21 au 23 novembre 2017. Ce sera l’occasion pour le public de découvrir les grandes périodes de l’artiste, à travers ses créations. Dans une scénographie de 30 pièces réparties en trois étapes pour exprimer le thème: "Fulgurance", savamment montée par le commissaire de l'exposition, Auguste Mimi Errol.

« Pourquoi cette passion ? Je ne me suis jamais posée la question. J’y ai cru simplement.  L’art est le soubassement de l’humanité. J’essaie de transmette cette passion à tous ceux qui m’entourent ». C’est en ces termes que celle qui fait figure de proue de la peinture en Côte d’Ivoire explique sa passion pour la peinture. Poursuivant, elle fait remarquer qu’aujourd’hui cela fait bien de dire qu’on est peintre. Cependant, il y a 30 ans cela était perçu comme une honte.

1987, 1ère exposition intitulée « Varig »

Cette passion va pousser Mathilde Moreau a financé ses expositions de peinture dont la première en 1987, à l’Hôtel Ivoire intitulée « Varig » a connu un franc succès. On peut l’affirmer, elle fut la première artiste-peintre de Côte d’Ivoire à immortaliser un événement aussi marquant de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Ce, à travers l’exposition intitulée « Varig », premier crash d’avion dans le pays.

Au vernissage, prendra part le Président de l’Assemblée nationale d’alors Henri Konan Bédié. De lui, Mathilde Moreau retient que ce dernier lui a rendu beaucoup service à travers ses encouragements. Malgré ce soutien, elle dit avoir continué à compter sur elle-même. « C’est un appel aux jeunes filles et je les exhorte à croire à ce qu’elles font », a-t-elle dit. Et d’ajouter : « C’est une leçon que je veux donner aux autres femmes en célébrant mes 30 ans de carrière de peintre. Et leur dire que c’est dans le travail qu’on peut s’affirmer. »

« Vohou-vohou, Daro Daro »

Il faut souligner que la thématique de l’artiste au début de sa carrière va s’articuler autour de la termitière où elle « africanise » sa peinture. Riche de l’expérience du mouvement « Vohou-vohou », celle que ses pairs appelaient affectueusement la prêtresse « Vohou » ne s’arrêtera donc plus et fera le tour du monde pour présenter son travail. Dans sa démarche, Mathilde Moreau a exploré l’univers « Komien » avec la danse, la transe, la pharmacopée africaine.

En 1996, avec le critique d’art Mimi Errol Auguste et les peintres Yacouba Touré, Ignace Mensah, Tiébena Dagnogo, Issa Kouyaté, elle porte sur la scène artistique ivoirienne le groupe Daro-Daro, un atelier de création qui donnera un nouveau souffle à l’art pictural ivoirien.

« Zhongguo », la porte du soleil en chinois

En 1998, elle effectue dans le cadre d’un programme d’études et de recherche à Bejing, une formation qui va susciter chez elle une rupture d’avec ses premières démarches. Ainsi, elle présentera au public dès son retour les acquis de ce programme à travers « Zhongguo », la porte du soleil en chinois. Par la suite présentera, « Les printemps de Mathilde Moreau».

Directrice de l’Ecole nationale des Beaux-arts, l’artiste a marqué de son empreinte cet établissement d’excellence qui compte désormais de nombreux étudiants en instance de thèse en Europe. Toute chose qui a fait dire à Thierry Dia, directeur de la galerie Houkami Guyzagn qui accueille l’exposition rétrospective que si les apprenants sortis des Beaux-arts d’Abidjan sont de plus en plus performant, c’est grâce à la rigueur. « Il faut rendre hommage à cette grande dame qui a fait tant et continue de faire pour la Côte d’Ivoire. Nous sommes très heureux d’accueillir cette exposition », a-t-il déclaré.

CHEICKNA D. Salif

salifou.dabou@fratmat.info