Égypte: une enquête ouverte après des heurts meurtriers au Caire

Des partisans des Frères musulmans manifestent devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans la nuit du 7 au 8 juillet 2013 au Caire
Des partisans des Frères musulmans manifestent devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans la nuit du 7 au 8 juillet 2013 au Caire
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Égypte: une enquête ouverte après des heurts meurtriers au Caire

Égypte: une enquête ouverte après des heurts meurtriers au Caire

Au moins 42 manifestants pro-Morsi ont été tués lundi au Caire par des tirs dénoncés comme un "massacre" par les Frères musulmans, dans un contexte de tensions croissantes après la destitution par l'armée du président islamiste et une transition qui s'annonce difficile.

A l'aube, la foule des partisans du président Mohamed Morsi priait devant le site de la Garde républicaine quand des soldats et des policiers ont ouvert le feu, ont rapporté les Frères musulmans dans un communiqué.

Ces violences ont également fait plus de 300 blessés, a indiqué à l'Afp un haut responsable des services d'urgence sans préciser s'il s'agissait exclusivement de manifestants islamistes.

Le président par intérim Adly Mansour a ordonné l'ouverture d'une enquête sur ces violences, a rapporté la télévision d'État.

"Le président de la République a chargé une commission juridique d'enquêter sur les événements survenus devant (le siège) de la Garde républicaine", a annoncé la télévision.

Dénonçant, comme les Frères musulmans, un "massacre", le principal parti salafiste, al-Nour, qui a soutenu au sein d'une coalition majoritairement laïque le coup militaire contre M. Morsi, a annoncé son retrait des discussions sur le choix d'un Premier ministre et d'un gouvernement de transition.

Depuis la destitution et l'arrestation de Mohamed Morsi mercredi par l'armée, la tension ne cesse de monter en Égypte entre ses partisans et ses opposants et des heurts sanglants ont fait plusieurs dizaines de morts.

Lundi devant le site de la Garde républicaine, des manifestants ont fait état de tirs à balles réelles et de grenades lacrymogènes, dans des circonstances qui restent confuses. D'autres témoins ont raconté que les forces de l'ordre avaient tiré en l'air et que les tirs directs venaient "d'hommes de main" en civil.

L'armée a expliqué de son côté que des "terroristes armés" avaient attaqué le siège de la Garde républicaine, provoquant la mort d'un officier et laissant six conscrits dans un état critique, selon un communiqué militaire cité par le journal gouvernemental al-Ahram.

Le quartier, survolé par des hélicoptères, était bouclé par des barrages des forces de l'ordre.

Le ministre turc des Affaires étrangère Ahmet Davutoglu a lui aussi condamné, "au nom des valeurs fondamentales de l'humanité", un "massacre pendant la prière du matin".

Parallèlement, le parti de la justice et de la liberté (Plj), vitrine politique de la confrérie, a appelé au "soulèvement du grand peuple d'Égypte contre ceux qui sont en train d'essayer de lui voler sa révolution avec des chars" et a mis en garde contre "l'apparition d'une nouvelle Syrie dans le monde arabe".

Quelques heures après cette déclaration, les autorités ont décidé de fermer le siège du Plj au Caire après la découverte "de liquides inflammables, de couteaux et d'armes", a annoncé à l'Afp un haut responsable de sécurité.

Dans la matinée, des islamistes ont capturé deux soldats et les ont obligés, en frappant violemment l'un d'eux, à prononcer une déclaration hostile à l'armée, a rapporté un haut responsable de l'armée en précisant que les deux soldats avaient réussi à s'enfuir.

Le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, un temps pressenti pour prendre la tête du gouvernement de transition, a condamné "avec fermeté" les violences de l'aube et a réclamé une enquête indépendante, dans un message sur Twitter.

La nomination de M. ElBaradei s'était heurtée à l'opposition d'al-Nour, qui a également émis des réserves sur le choix d'un économiste de centre-gauche, Ziad Bahaa Eldin, estimant que ces hommes n'étaient pas assez consensuels.

Le prochain Premier ministre aura la lourde tâche de redresser une économie au bord de la banqueroute et de mener la réconciliation nationale dans un pays fortement polarisé.

Dimanche soir, des centaines de milliers de personnes ont manifesté à travers l'Égypte dans le but de montrer que le renversement de M. Morsi était le fruit d'une volonté populaire, une semaine après des manifestations monstres sur lesquelles l'armée s'est appuyée pour déposer mercredi le président islamiste.

Au Caire, la place Tahrir au Caire était noire de monde pour une mobilisation qui se voulait pacifique, après des heurts d'une rare violence vendredi entre pro et anti-Morsi.

Les partisans de M. Morsi s'étaient quant à eux massés par milliers dans différents endroits du Caire pour réclamer le retour du premier président démocratiquement élu du pays et dénoncer un "coup d'Etat militaire".

Vendredi, les violences avaient déjà fait 37 morts en marge de rassemblements de dizaines de milliers de sympathisants des Frères musulmans, ainsi que dans la région instable du Sinaï (nord-est).

AFP