Showbiz / Depuis Paris : Henri Kattié expose ses ambitions
Défendre les droits des producteurs et éditeurs de musique en Côte d’Ivoire, mener des actions aux fins d’aider à la survie de l’industrie musicale en Côte d’Ivoire et faire revivre son patrimoine musical. Tels sont les objectifs qui ont guidé la mise sur pied de l’Association des producteurs et éditeurs de musique de Côte d’Ivoire (Aprodemci). Après trois années de structuration, Henri Kattié, président de cette association, veut donner une dimension internationale à l’Aprodemci.
Une ambition qui justifie son séjour en France, à Paris, depuis quelques semaines, où il multiplie les contacts avec des partenaires dans le but de poser des actions concrètes en faveur des membres de l’organisation dont il a la charge, et partant, des artistes de Côte d’Ivoire. « Au programme de nos activités, nous avons inscrit une cérémonie dénommée “Les Eburnies d’or” avec pour slogan “La culture de l’excellence”. C’est une activité que nous voulons annuelle et qui sera en grande partie une cérémonie de récompense du mérite des artistes musiciens et acteurs de cinéma. Nous avons également la ‘’Sauvegarde du patrimoine musical de la Côte d’Ivoire’’ ; une idée qui est née du constat que les œuvres de nombreux artistes d’un passé plus ou moins lointain ne sont plus disponibles sur le marché, les radios et Youtube. Alors que de nombreux vinyles croupissent çà et là dans les caves de bien de mélomanes et même au Burida. L’Aprodem-ci se propose d’assurer la sauvegarde de ce riche patrimoine par la numérisation des œuvres gravées. Il y aussi l’organisation d’un séminaire international sur la survie de l’industrie musicale en Afrique, avec le concours des maisons de gestion collective de droits d’auteur, les décideurs étatiques, les producteurs, les artistes, les studios d’enregistrement et les maisons de disques. Nous sommes donc à Paris pour prendre des contacts avec des partenaires en vue de la réalisation effective de ces projets », confie Henri Kattié que nous avons joint hier au téléphone.
S’il reconnait que l’industrie musicale ivoirienne est gangrénée par la piraterie, il pense toutefois que « le piratage des œuvres de l’esprit ne devrait plus constituer un frein à la production dès lors que les possibilités de le contourner existent, pour ne pas laisser mourir la filière. De bons exemples existent ici en France et nous sommes venus donc nous imprégner de cette réalité afin de l’expérimenter en Côte d’Ivoire, avec l’aide d’experts français en la matière qui viendront à Abidjan partager leur expérience avec les acteurs ivoiriens du secteur », poursuit le président de l’Aprodemci qui pense que cela se fera en bonne intelligence avec le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida).
Selon lui, les deux entités ont le devoir de travailler ensemble. Car les objectifs visés par son association devraient en principe rencontrer ceux visés par le Burida, vu que ce sont les producteurs qui apportent de la matière aux activités dévolues au Burida (les supports de musique des différents artistes). C’est pourquoi, pour lui, son association doit être soutenue par le Burida par l’octroi annuel d’une subvention afin de lui permettre d’être beaucoup plus efficace sur le terrain pour la survie de l’industrie musicale en Côte d’Ivoire. « Aujourd’hui le Burida fait face à une crise de confiance. La résolution des problèmes majeurs, appelle des questions essentielles sur lesquelles il ne serait pas superflu d’échanger dans une dynamique de recherche commune de solutions durables et acceptables par tous. Par exemple, la revue de certains points du contrat type que le Burida propose aux artistes, la revue des droits versés aux producteurs, la question de la base sur laquelle sont calculés ces droits, la périodicité de leurs paiements, la vraie place du producteur au Burida. Nous pensons qu’en portant des réflexions profondes sur ces sujets, nous arriverons à mettre tous les sociétaires en confiance et ramener la sérénité au sein de notre maison commune. Les idées ne manquent pas et au moment opportun, nous ferons le grand déballage », indique Henri Kattié dont l’expérience avec le milieu du disque remonte aux années 80 en France où il exerçait comme Dj.
Avec sa discomobile (sono), il a animé pendant dix ans des mariages, soirées dansantes et associatives dans différentes salles à Paris. C’est à ce moment qu’il a rencontré la plupart des artistes africains dont Aurlus Mabelé et Kanda Bongo Man. Sans oublier des artistes ivoiriens comme Beny Bezy, Justin Stanislas, Meiway et bien d’autres. En sa qualité de promoteur, il a organisé la première soirée du groupe Aboutou Roots et Magic System à Paris, en 2000. Il entre dans la production discographique avec son premier disque réalisé par Julie Mabéa (lekiné facile). Suivront Adeka, Adu Azney (djidji), Ziké (le Gnèze moule), Aboutou Roots (4 albums) Yoro Otis (Gnihoury), Sery Simplice (Concertation), etc.
En 1996, avec l’avènement du support CD, il produit ‘’Ivoir Compil’’, une compilation des meilleurs tubes ivoiriens. ‘’Ivoir Compil’’ existe aujourd'hui en 13 albums de 14 titres chacun donc 182 titres distillés à travers le monde. En 2000, il crée la société de production, promotion, distribution et une usine de fabrication de CD et k7 audio, dénommée ‘’Ivoir Top Music’’. Soum Bill (Terre des hommes et Que la lumière soit), Eddie (Balle à terre), le groupe NCM (Cachet j ), Toualy (Zégbéhi), Alain Demari ( kinin), Dodo Lather (Nanedjè) sont, entre autres, productions de la maison. Ainsi peut se résumer le parcours d’Henri Kattié qui, le 12 mars 2016, a été décoré par l'État de Côte d'Ivoire pour sa contribution à la promotion de la culture ivoirienne à travers le monde.
SERGES N’GUESSANT