La jeunesse africaine manque-t-elle de conscience ou de repère ?
Aussi, on aperçoit que le continent compte plus de 200 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans. Suivant les projections, ce nombre doublera d’ici 2050. En effet, selon l’Unicef, à l’horizon 2050, la population africaine doublera en passant de 1,2 milliard d’habitants à 2,5 milliards. D’ici là, le continent comptera un milliard d’enfants et de jeunes ; mais avant, notamment en 2030, les jeunes atteindront 750 millions sur le continent. Ainsi est la réalité de la population africaine : fortement jeune et représentant la jeunesse la plus importante au monde.
Cependant, cette jeunesse est l’apanage de tous les maux du monde. Elle représente 60% des chômeurs du continent. Elle se heurte à des problèmes d’accès à l’éducation, aux soins médicaux, aux financements pour entreprendre et s’autonomiser, etc. Elle est également confrontée à l’immigration clandestine avec tous ses corollaires qu’on connaît : l’esclavage, la mort dans la Méditerranée, les difficultés rencontrées dans les pays d’accueil, la déshumanisation, etc.
Pis, elle est prise en otage par une gérontocratie[1] sans égale. Son avenir est compromis par la dynastie de cette gérontocratie. Or, ces gérontocrates représentent, comme en témoigne les chiffres, une très infime partie des populations africaines. Pourtant, ils contrôlent le système politique depuis des décennies et des décennies.
La partie importante de la population africaine, la jeunesse, reste captive par ces gérontocrates et leur système gérontocratique. Elle subit les effets pervers et déshumanisants de ce système, mais pourtant elle reste inactive, impuissante, voire désintéressée face à ce mal ou ce mépris qu’elle vit depuis sa naissance jusqu’à son âge actuel. Dès lors, on se pose la question de savoir, qu’est-ce qui se passe chez cette jeunesse : manque-t-elle de conscience ou de repère face à la situation périlleuse qu’elle vit ?
À voir les événements d’éclats des jeunes Africains sur le continent contre ces systèmes gérontocratiques – par exemple : les printemps arabes en Tunisie et en Égypte à partir de 2010, qui mettront fin aux régimes de Moubarak de l’Égypte (30 ans au pouvoir) et Ben Ali de la Tunisie (près de 25 ans au pouvoir) ; la révolution des jeunes Burkinabè en 2014, qui mettra fin au régime de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans ; et récemment en 2019, le soulèvement des jeunes Algériens contre la cinquième candidature de Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans et très affaibli par la maladie – on ne peut guère affirmer que la jeunesse africaine n’est point consciente de la situation qu’elle vit.
À vrai dire, à part quelques jeunes captivés et égarés dans ce système des vieillards, la majorité de la jeunesse africaine a pris conscience de cette situation malveillante qu’elle vit depuis toujours. Cette majorité consciencieuse cherche des voies et moyens pour sortir la jeunesse des sillages de la gérontocratie. Ce qui témoigne, par moment, des événements d’éclats contre ce système, tels que relatés ci-dessus. Cependant, malgré les efforts louables de cette jeunesse consciencieuse, la situation reste toujours maîtrisée par la gérontocratie.
Les gérontocrates et les jeunes inconscients acquis à leurs causes, pour des raisons qu’on ignore, ont toujours la mainmise sur le pouvoir. Tout se passe comme si les actions de la jeunesse consciente sont sans effets. Aussi, dans certains pays, on a l’impression que la jeunesse consciente dort sur ses lauriers ou est muselée par l’opium gérontocratique.
En réalité, le problème de la jeunesse africaine consciencieuse est un problème de repère. Cette jeunesse africaine manque cruellement de repères pour mener à bien ses actions ou pour prendre ses responsabilités face à la situation pénible qu’elle vit au quotidien et à chaque instant. Ce repère est la boussole pour réussir toute révolution ou tout changement de système. Sans ce repère, aucune révolution ou aucun changement ne peut procurer un résultat probant.
En effet, toute révolution ou tout bouleversement de système doit au préalable s’appuyer sur un système alternatif. Le problème de la jeunesse africaine est donc ce repère du système alternatif dont elle manque cruellement pour mener à bien sa révolution contre la gérontocratie, qui règne sans fin sur le continent. Ceci dit, aujourd’hui la jeunesse africaine a plus que jamais besoin d’un système alternatif pour voir ses actions de changement réussir. Car, les échecs des actions passées trouvent sadiquement leurs origines là.
Heureusement, avec nos travaux on peut résoudre ce problème de nos jours. En effet, le régime pentiviste[2] pourrait être un bon repère pour la jeunesse africaine. Il pourra lui permettre d’atteindre sans ambages ses ambitions pour se donner un espoir ou l’espoir mérité. Ce régime politique étant l’alternative aux régimes présidentiel et parlementaire – régimes politiques dont se sert la gérontocratie, à cause de leurs défaillances et insuffisances, pour se perpétuer – peut constituer un bon repère pour la jeunesse africaine, afin de réussir avec succès ses actions de changement de système et de modèle de gouvernance.
Avec ce régime, on pourra établir un meilleur système, un système politique et étatique rigoureux, performant et résilient où les dirigeants – jeunes ou vieux – n’auront plus d’autres choix que de servir exclusivement l’intérêt du peuple, et non leurs propres intérêts au détriment de l’intérêt général. Avec ce système, la jeunesse consciente créera les conditions de son avenir radieux. Elle établira un système de responsabilité qui responsabiliserait tous ceux qui passeront dans les sérails du pouvoir.
Avec ce système, la gouvernance ne sera plus comme auparavant, elle sera davantage rigoureuse et exigeante. Ainsi, ce système redressera les choses pour le bonheur de tous dans la société. La jeunesse africaine pourra enfin renouer avec l’espoir, l’espérance et le bonheur. Elle se verra dans un autre monde, un monde de mieux-être, de paix, de stabilité, de joie, de bien-vivre, etc.
Sur ce, la jeunesse africaine étant consciente de sa situation, mais en manque de repère pour inverser la tendance, doit saisir l’opportunité du régime pentiviste pour exiger une alternative aux gérontocrates du moment, et nous espérons que ceux-ci entendront le cri meurtri de cette jeunesse désemparée à tout propos ! Pour clore, notons que pour qu’une révolution soit réussie, il faut qu’elle s’appuie sur une alternative déterminante, par exemple, celle du régime pentiviste que nous proposons.
Pacôme Kouamé Oi Kouamé,
chercheur interdisciplinaire en développement
concepteur du projet Vision-monde de demain
intellectologue@vision-mondedemain.org
[1] Système politique et social dominé par des vieillards.
[2] Régime politique développé dans notre ouvrage intitulé, Afrique de demain : quels remèdes pour enrayer le sous-développement ?