Trafics illicites d’armes à feu aux niveaux transfrontaliers : La Côte d’Ivoire, du Mali et du Burkina-Faso définissent des stratégies efficaces de prévention
Du 20 au 21 juin 2019, l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) et la Commission Nationale de lutte contre la Prolifération et la Circulation illicite des Armes Légères et de Petit Calibre (ComNat-ALPC) de Côte d’Ivoire ont co-organisé, à Grand-Bassam, la première réunion régionale de planification sur le renforcement des capacités des agences chargées de l’application des lois en matière de détection des trafics illicites d’armes à feu aux niveaux transfrontaliers.
Organisée avec l’appui financier de la République Fédérale d’Allemagne, cette rencontre entre dans le cadre du Programme Mondial sur les armes à feu. Elle a réuni des représentants des services de sécurité de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Mali, ainsi que des experts de l’ONUDC, d’INTERPOL, de l’Organisation Mondiale des Douanes et de la ComNat-ALPC ivoirienne.
Il s’est agi de renforcer les capacités des services frontaliers à contribuer efficacement à la prévention du trafic illicite des armes à feu, lesquelles constituent souvent un dénominateur commun à de nombreux crimes, allant de la violence exercée par les gangs urbains au crime organisé transnational, en passant par le terrorisme et le trafic de drogue.
Ainsi, compte tenu de la «quasi- virtualité» des frontières dans beaucoup d’espaces en Afrique, notamment à l’ouest, où la porosité de ces lignes frontières est plus qu’un fait, l’ONUDC, en rapport avec les autorités ivoiriennes, a décidé d’apporter de l’assistance technique dans un cadre de coopération sud-sud avec les pays tels que le Mali et le Burkina Faso.
Cette initiative a été sous-tendue par un diagnostic participatif et inclusif avec toutes les autorités et institutions en charge des questions sécuritaires. Ce diagnostic a abouti à la conclusion que les frontières ivoiriennes avec les pays limitrophes que le Burkina Faso et le Mali constituent des sources réelles de préoccupations sécuritaires majeures pour les différents pays concernés.
Des préoccupations rappelées lors de la cérémonie d’ouverture des travaux, le jeudi 20 juin 2019, par M. Leonardo Lara, Spécialiste de la prévention du crime et de la justice pénale à l’ONUDC. «Le renforcement des capacités des services frontaliers à contribuer efficacement à la prévention du trafic illicite d’armes à feu est un élément indispensable du travail de l’ONUDC visant à aider les Etats Membres dans leur lutte contre le trafic illicite», a indiqué M. Leonardo Lara.
C’est en cela que l'ONUDC, à travers son Programme Mondial sur les armes à feu, a entamé une collaboration avec la ComNat ALPC de Côte d’Ivoire, depuis 2013, pour soutenir ses efforts de lutte contre le trafic illicite d'armes à feu. Cette collaboration, fruit d’une volonté commune de partage de connaissance et d’expériences, a été plus orientée depuis le début vers le renforcement des capacités des pays africains, dont le Burkina Faso et le Mali notamment, en ce qui concerne l’amélioration des conditions de traçabilité à travers surtout le marquage et l’enregistrement des armes à feu.
«Le présent projet de collaboration entre l’ONUDC et la ComNat-ALPC de Côte d’Ivoire est un remarquable exemple de coopération sud-sud, qui offre l’opportunité au Gouvernement fédéral allemand de contribuer en tant que bailleur à l’amélioration de la situation sécuritaire aussi bien dans le Sahel qu’en Europe», s’est félicité M. Alexandre Callegaro, Conseiller à l’Ambassade de la République Fédérale d’Allemagne en Côte d’Ivoire.
Alexandre Callegaro a ajouté: «Avec environ 17 millions d’euros – soit plus de 11 milliards de Francs CFA – par an, l’Allemagne est le principal bailleur de fonds dans le domaine du contrôle des ALPC, après les Etats-Unis. Depuis l’année dernière, l’Allemagne a soutenu le présent projet à hauteur de 330 millions de Francs CFA».
Alexandre Callegaro a encore expliqué que «les ALPC sont responsables de plus de 500.000 décès par an dans le monde. Plus de 90% des victimes des conflits armés trouvent la mort par ces armes. Elles sont donc véritablement l’instrument de destruction massive du siècle. C’est pourquoi l’Allemagne a fait du contrôle de ce type d’armements une priorité dans son engagement pour le désarmement».
Le soutien continu de l’Allemagne à la Côte d’Ivoire pour la restauration et la consolidation de la paix et la sécurité a été salué par le Commissaire Divisionnaire-Major de Police Léon Apauls Djokouéhi, Secrétaire exécutif de la ComNat-ALPC.
Représentant le Président de la ComNat-ALPC, le Commissaire Divisionnaire-Major Djokouéhi s’est réjoui de la tenue de cette rencontre qui vise à renforcer les capacités des services frontaliers afin de contribuer efficacement à la lutte contre le trafic illicite d’armes à feu. «En effet, le trafic d’armes à feu alimente les activités de nombreux groupes criminels organisés et d’organisations terroristes. Les armes à feu illicites sont utilisées pour exercer diverses formes de criminalité, d’intimidation, de coercition et de violence par les gangs et autres groupes criminels organisés».
Le Secrétaire exécutif de la ComNat-ALPC de Côte d’Ivoire a ajouté que, «face aux défis sécuritaires dans la sous-région, la mise en place de stratégies de contrôle, fondées sur des données factuelles et actualisées, afin de réduire considérablement les flux illicites et de lutter contre les formes de criminalité connexes, s’impose».
Durant les deux jours de réunion, les travaux ont notamment porté sur l’analyse stratégique et opérationnelle de la situation, le ciblage des sites frontaliers les plus pertinents, le profilage criminel et le ciblage de groupes, l’identification du cadre juridique applicable, l’analyse des forces et faiblesses des institutions impliquées, la mise en place des protocoles de communications et opérationnels, la planification et les modalités pratiques de la collecte et de l’analyse du renseignement pour les groupes cibles.
Département Communication - ComNat-ALPC de Côte d’Ivoire