Mes vérités: L’exemple venu du Kenya

Peter Tabichi, prix mondial de l’enseignant de la Fondation Varkey
Peter Tabichi, prix mondial de l’enseignant de la Fondation Varkey
Peter Tabichi, prix mondial de lu2019enseignant de la Fondation Varkey

Mes vérités: L’exemple venu du Kenya

Certains l’appellent aussi le prix du meilleur enseignant au monde. Ils le comparent au prix Nobel de l’éducation. L’édition 2019 a été remportée par un Kényan, Peter Tabichi, qui a empoché un million de dollars. Si l’on part sur la base d’un dollar à cinq cent FCfa, ce sont cinq cent millions de nos francs qu’il a eu comme récompense.

Ce prix, il l’a obtenu, selon les membres du jury, grâce à son dévouement, son travail et sa foi dans le talent de ses élèves qui a permis à son école, dans une zone rurale reculée et avec peu de ressources, de remporter le prix de la meilleure école aux concours nationaux inter scolaires et de sciences. Dans sa présentation, on apprend qu’il est né en 1982, dans une région rurale du Kenya. 

Depuis tout petit, Peter Tabichi a toujours su ce qu’il voulait faire dans la vie. Devenir enseignant. Cet amour pour ce métier, nous dit-on, s’est intensifié en regardant sa famille qui avait, selon lui, un bel impact sur la société. En 2016, Tabichi rejoint l’école mixte de Keriko, une localité kényane marquée par la sécheresse et la famine. Cultivant l’art du donner, l’enseignant altruiste sacrifie 80% de son salaire au profit des élèves du village de Pwani.

L’homme a lancé le Talent Nurturing Club qui a considérablement amélioré la fréquentation des écoles. A son actif, figurent aussi la création d’un club de paix réunissant des personnes impliquées dans des actes de violence, l’engagement avec les communautés locales, la mise en place de dispositifs à même d’aider les personnes handicapées.

Ce religieux franciscain se bat au quotidien pour donner ce qu’il a reçu de ses maîtres. Il met souvent la main à la poche pour lever des obstacles qui se dressent devant ses élèves. Ce n’est pas qu’il gagne une fortune. Sur la Toile, on nous apprend que le salaire d’un enseignant au Kenya oscille entre 197 000 et 230 000 de nos francs. Comme on peut le constater, ils sont loin du barème de la Côte d’Ivoire. Et pourtant, c’est de là-bas qu’est sorti le meilleur enseignant de l’année 2019.

Que faisaient les nôtres pendant que ceux du Kenya, studieux, se mesuraient à ceux des pays développés ? Eh bien, ils étaient dans la cour de  ‘’récré’’, en train de demander qu’on ajoute 100 grammes de pâté de campagne à leur pain déjà bien beurré, là où les autres n’ont que le pain simple, souvent rassis. Ils se sont transformés en véritables chasseur de primes, oubliant qu’ils ont été formés pour dispenser le savoir de sorte à assurer la relève. Aujourd’hui, nous avons des élèves qui ne savent même pas écrire leur nom, ni celui de leurs parents. Des élèves qui ne savent pas que la capitale de l’Egypte, c’est le Caire. Ils sont plus concentrés sur les tontines sexuelles que sur leurs leçons d’histoire ou de mathématiques.

Que deviendra la Côte d’Ivoire après le passage du Président Ouattara ? Cette question, nous vous l’avouons, nous hante toutes les nuits. Cet homme hors pair, un bâtisseur à l’image de son ‘’père’’, Félix Houphouët-Boigny, a mis la Côte d’Ivoire sur un piédestal. Y aura-t-il quelqu’un pour maintenir le cap ? Lorsque nous regardons en arrière, nous avons froid dans le dos, surtout lorsque nous voyons ‘’la génération Fesci’’.

Qu’ont-ils dans la tête ? Ont-ils le bagage intellectuel nécessaire pour poursuivre l’immense œuvre entamée ? Eux si habitués au maniement de toutes sortes d’armes, savent-ils encore comment tenir un stylo ? C’est pourquoi nous soutenons l’idée d’un autre mandat pour le Président Ouattara. Si d’aventure, il ne souhaite pas exercer le droit que lui confère la Constitution de novembre 2016, il faut qu’il laisse les Ivoiriens entre les mains expertes d’un adepte, un vrai amateur de développement. Quelqu’un comme lui, un bourreau du travail, comme il y en a dans ce pays. 

La Côte d’Ivoire ne peut plus se permettre la danse de deux pas en avant et trois en arrière. Quelle que soit sa résilience, à force d’esquisser ses pas de danse, elle se retrouvera forcément à la traîne. La Rhodésie était le grenier de la partie sud de l’Afrique, lorsqu’elle est devenue le Zimbabwe, en raison de choix inappropriés, elle s’est retrouvée parmi les plus pauvres de l’Afrique. Aujourd’hui, progressivement, ce pays refait surface. Chers Ivoiriens, ensemble, pensons à l’avenir de la Côte d’Ivoire.

La Fondation Mo Ibrahim vient d’indiquer qu’elle a réalisé d’énormes progrès. Chers enseignants, sortons des grèves intempestives et autres stratégies de retenue des notes. Le gouvernement qui a actionné le bouton du déblocage des salaires saura, en temps opportun, redistribuer à nouveau la richesse engrangée. Suivons l’exemple venu du Kenya.

ETIENNE ABOUA