La polémique de la semaine: Il faut sauver la démocratie

La polémique de la semaine: Il faut sauver la démocratie

Je ne parle pas des visions apocalyptiques de ceux et celles à qui Dieu trouve le temps de parler, et jamais aux hommes religieux qui ont fait des études pour nous parler des Écritures et des messages dont elles sont porteuses.

Je veux parler de cette cohorte d’individus que ce machin appelé démocratie a engendré dans nos pays, singulièrement en Côte d’Ivoire, et qui n’ont pour toute activité – en est-elle une d’ailleurs ? - que se battre pour avoir droit elles aussi au chapitre, trouvant tribune auprès d’organes de relais de la pensée, sans filtrage.

Leurs noms, avec leurs sobriquets et surtout leurs discours sans cesse en variation continue, au gré de leurs intérêts du moment, renvoient à ce que ce peuple dans sa grande majorité réprouve, la violence.

J’avais rêvé que la nouvelle ère puisse mettre, une bonne fois pour toutes, au vestiaire de notre triste histoire cette clique de « politologues » amusants nés dans les « agoras », « Sorbonne », institutions scolaires et consorts au temps des fureurs patriotiques.

Hélas, de partout, elle semble refaire surface. Elle n’attend toujours que les veilles des élections pour se « produire » ; elle avait animé de manière bruyante la vie politique avec son arrogance insupportable, ses excès également. Comment s’en étonner d’ailleurs, quand certains parmi cette clique ont eu aussi à créer un parti politique, aussi facilement ; ont eu à être candidats à la présidentielle, aussi facilement, ayant amené ainsi la clownerie sur le terrain politique, avec des candidats d’un niveau politique désespérant.

Comme cette dame dont les réponses à des débats sur son programme de société se résumaient à une seule phrase : « c’est complexe… » Sous les partis uniques, on n’aurait jamais vu ce genre de scénario catastrophe.

Un candidat qui ne sait pas ce qu’il propose à un peuple qu’il rêve de diriger. Que ce jour ne vienne jamais ! Le plus désespérant, c’est quand des instances de validation de la pensée vont jusqu’à donner des espaces à ces « amuseurs », sans culture politique, sans culture tout court. Ils sont les stars de la démocratie sous les tropiques !

De 2019 à 2020, ne soyez pas étonnés, vous les reverrez, les mêmes, allant et venant sans conviction, d’un parti à un autre. Ce sera leur traite. Comme hier, dans les galaxies furieuses, ils viendront animer encore des meetings, portant et trainant sur eux de lourds contentieux.

Demain encore, on les reverra, le verbe incandescent, vociférer sous les tentes d’une autre chapelle politique. Ils sont les stars sous les soleils de la démocratie tropicale ! Il y en a un, un piètre acteur de théâtre qui s’est trompé de tribune et qui vocifère sur tout, à propos de tout à n’en point finir sur une chaîne en ligne que l’on a voulue me faire écouter, qui proposait des solutions saugrenues… pour sauver l’école. N’en rions pas. Là où on attendait la championne de l’ivoirisation des cadres de ce pays, l’École normale supérieure ; là où on attendait que les illustres pédagogues, experts en sciences de l’éducation et autres nous en proposent…

C’est si commode désormais avec l’Internet qui a libéré la parole, de même que la démocratie, hélas ! Alors, on les voit intervenir sur tout, dans des débats qui ne sont ni de leur niveau ni à leur niveau. Il faut qu’ils existent, c’est le moment de la traite. Un autre encore s’est fait bastonner récemment.

Pourquoi ? C’est ce que leur génération a compris de la démocratie : la parole libérée, avec des coups qui se libèrent pour blesser, voire tuer, parce que la violence de tous ordres prête à éclater a trouvé terrain propice dans cette ère de la démocratie qui nous colle si mal à la peau.

Va-t-on encore donner quitus à cette espèce de venir saturer l’espace politique ? Je la vois déjà affûter ses armes, prête à sauter le Rubicon pour tel parti contre tel autre, sans conviction, seulement attirée par le gain que l’espace politique fait avoir aussi facilement.

C’est tout cela qui fait que je n’aime pas cette démocratie « wouya wouya » ; lui préférant le parti unique, avec sa dictature de la pensée unique qui impose la discipline. Tu vois, cher ami, c’est un peu tout cela que je n’ai pas pu développer hier dans la chronique « Regards croisés » sur un sujet à polémique : « Développement de l’Afrique, les pays doivent-ils être soumis à la dictature ou à la démocratie ? ».

Tu n’as pas « aimé mon développement ». C’est ton droit. Je voudrais te faire partager ce discours d’un des spécialistes de la Chine, que j’ai eu la chance d’interviewer, Emmanuel Lincot, répondant à un journaliste à propos du fameux contre-modèle opposé par la Chine à l’Occident : « Oui. Ce modèle fait l'apologie d'une dictature d'autant plus assumée qu'elle a réussi ses réformes économiques. Depuis la fin de la guerre froide, les idéologues américains affirmaient que le préalable nécessaire au développement d'une société, quelle qu'elle soit, c'était sa démocratisation. Or, Beijing démontre depuis cinquante ans que l'inverse est possible ».

Alors ?

Par Michel KOFFI