Décès du Professeur Barthélémy Kotchy : Le FPI perd un de ses membres fondateurs, la Côte d’Ivoire un « immortel »

Décès du Professeur Barthélémy Kotchy : Le FPI perd un de ses membres fondateurs, la Côte d’Ivoire un « immortel »

Décès du Professeur Barthélémy Kotchy : Le FPI perd un de ses membres fondateurs, la Côte d’Ivoire  un « immortel »

La grande faucheuse vient de frapper dans le milieu des immortels, a appris Fratmat.info auprès de la famille au moment où la Côte d’Ivoire s’apprête a rendre un hommage national a un autre immortel, le Professeur Sery Bailly. Le Professeur Barthélémy Kotchy-N’Guessan aura marqué le monde de la littérature et de la politique en Côte d’Ivoire.

Né en 1934 à Grand-Bassam, Barthélémy Kotchy est un universitaire, écrivain et homme politique ivoirien, membre-fondateur du Front populaire ivoirien (FPI). Il a été le 2e président de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d'Afrique et des diasporas africaines (Ascad).

Barthélémy Kotchy fait partie de ces intellectuels qui ont une démarche explicite de la réconciliation et du pardon pour sortir la Côte d’Ivoire des crises qui ont longtemps ralenti son essor.

Houphouet-Boigny et le pardon en 1963

A la question de savoir comment il entrevoit le pardon en Côte d’Ivoire. L’homme de lettre a toujours avait invité les Ivoiriens à se référer à l’histoire. « Le président Houphouet-Boigny l’avait fait en 1963. Il s’était rendu compte qu’il avait emprisonné des jeunes gens, des Ivoiriens. Parmi eux, d’autres ont fait quatre ou cinq mois de prison. Mais il s’était rendu compte qu’il avait fait une erreur et il a demandé pardon », fait-il remarqué. Avant d’ajouter que c’est ce qui est bien.

Poursuivant, l’immortel soutient : « Quand un homme a joué un rôle important dans le pays, et qu’il a commis des erreurs au cours de la situation dans laquelle il s’est trouvé, et qu’il reconnaît, il est à moitié pardonné. »

A propos de la réconciliation des fils et filles de la Côte d’Ivoire, l’immortel avait une approche clair et sans équivoque. « La réconciliation ne peut se passer de la justice. Sinon où allons-nous ? Si on pense que des gens ont commis des erreurs très graves –parce que c’est de cela qu’il s’agit – il faut les juger. C’est quand ils auront été jugés, condamnés s’ils ont tort, qu’on doit leur pardonner. S’ils sont pardonnés ou à moitié pardonnés, c’est en ce moment qu’on peut faire la réconciliation », estime le président honoraire de l’Ascad. Pour lui donc, on peut faire la réconciliation alors des Ivoiriens sont en détention. « Faire la réconciliation alors que des Ivoiriens se retrouvent en prison. Avec qui se réconcilie-t-on ? Est-ce avec ceux qui ont commis des fautes ou ceux qui sont libres ? Je pense que c’est l’heure du pardon », avait indiqué le Professeur Barthélémy Kotchy.

« On ne peut pas rester dans les erreurs et vouloir se réconcilier »

Pour ce sage, les Ivoiriens ont besoin d’être ensemble. « Nous avons eu une longue marche. Une marche pendant laquelle des personnes ont commis des erreurs. Mais on ne peut pas rester dans les erreurs et vouloir se réconcilier. Pourquoi la violence ? Les Ivoiriens n’étaient pas violents. Que s’est-il passé ? Des gens ont-ils été frustrés parce qu’on a commis des erreurs à leur endroit ? Il faut faire cette analyse d’abord avant qu’on puisse se pardonner», confiait-ils en octobre 2012 dans Nord Sud quotidien.

Salif D. CHEICKNA

salifou.dabou@fratmat.info

 


Son œuvre

1982 : Olifant noir ; suivi de, Chansons africaines (CEDA)

1984: La critique sociale dans l'œuvre théâtrale de Bernard Dadié (Éditions l'Harmattan)

1984: Propos sur la littérature négro-africaine, avec Christophe I-Dailly, (CEDA)

1989: Une lecture africaine de Léon Gontran Damas, (CEDA)

1993: Aimé Césaire, l'homme et l'œuvre, avec Lilyan Kesteloot, (Présence Africaine)

2001: La correspondance des arts dans la poésie de Senghor : essai, (Nouvelles Éditions ivoiriennes)