Recherche scientifique : Les insectes, plus utiles que nuisibles pour l’homme et son environnement

Recherche scientifique : Les insectes, plus utiles que nuisibles pour l’homme et son environnement

Recherche scientifique : Les insectes, plus utiles que nuisibles pour l’homme et son environnement

« Les insectes nuisibles ne représentent que 10% des insectes utiles. Mais comme l’homme ne voit que cet aspect, il oublie tous les rôles écologiques que les insectes peuvent jouer ».  Cette réflexion a été faite par Dr Doumbia Mamadou qui a animé, jeudi, la conférence inaugurale de la première réunion de la Société entomologique (ndlr : science des insectes) de Côte d’Ivoire (Seci) à l’Université Nangui Abrogoua sur le thème central : « insecte et développement durable ».

Pour le conférencier, les insectes pourraient aujourd’hui, remplacer valablement la volaille, ou le bétail. Parce qu’en Europe, la production industrielle des insectes est faite pour l’aviculture, ainsi que la production d’aliments pour les bœufs.  Aussi, pense-t-il que les insectes sont plus utiles, que nuisibles pour l’homme et son environnement. Et pourtant, la cohabitation avec l’homme n’est pas aisée. Ce dernier est toujours à la recherche de moyens, pour éliminer toute présence d’insectes dans son environnement. « C’est parce que nous interagissons dans leur milieux. C’est nous qui les agressons en premier lieu.  L’insecte est dans la végétation, où il se développe. Nous y mettons nos maïs, et nous venons dans son environnement le perturber, il va réagir », a souligné Dr Doumbia. Qui indique que lorsque les insectes piquent l’homme, celui-ci dernier estime qu’ils sont nuisibles. Cependant, lorsqu’une personne meurt, et qu’elle va dans la tombe, si les insectes n’étaient pas là pour le décomposer, l’odeur serait insupportable dans la nature. Ce qui lui a fait dire que les insectes jouent un rôle écologique de nettoyeur, d’assainissement concernant les cadavres.

Pour Pr Foua-Bi Kouakou, président d’honneur de l’évènement, pionnier de l’entomologie en Côte d’Ivoire et dans la sous-région, il y a une guerre permanente entre les hommes et les insectes ; il ne sait pas qui sera le vainqueur. « Cela a commencé par les criquets. Une espèce de criquets qu’on retrouve en Europe, en Russie etc. Lorsqu’ils tombent dans votre champ, le lendemain, il ne reste plus rien », a-t-il souligné. On retrouve, selon lui, ce type de criquets au nord de l’Afrique ». En indiquant que l’homme a utilisé des moyens de guerre, les produits chimiques pour tuer les insectes. Et d’ajouter : « On a pensé, à la découverte de ces produits, que l’homme allait dominer les insectes, mais c’était mal connaître l’adversaire. Après quelques décennies, ils se sont habitués, et les produits sont devenus inefficaces.  Cette lutte avec les insectes va-t-elle finir un jour ? », a-t-il interrogé, en soulignant que le thème est encore d’actualité.

A ce propos, le président de l’Université Nangui Abrogoua, le Pr Tano Kouao, estime que l’entomologie est trop importante, pour ne pas montrer le chemin aux autres sociétés savantes du pays et de la sous-région. « C’est vrai que bien souvent, on ne voit que les insectes nuisibles, mais que de services rendent ces animaux au monde ! Et que serait le monde sans insectes. Que deviendraient les plantes à fleurs, les angiospermes, si tous les insectes disparaissaient. Peut-on imaginer le monde en bonne santé ? »

Il s’agit, selon le directeur de cabinet Bamba Aboudramane, qui représentait le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Dr Abdallah Albert Mabri Toikeusse, de trouver le juste milieu, entre tuer les insectes ou les laisser vivre. Cette mission incombe à la Seci, face à la lutte contre les insectes, vecteur de certaines maladies humaines.

Le président de la Seci, Pr Koua Kouakou Hervé, a fait savoir que l’organisation est née de la volonté de son président d’honneur, Pr Foua-Bi Kouahou, de rassembler tous les entomologistes du pays dans une association scientifique. Elle a pour objectif de promouvoir les échanges d’expériences, d’informations entre les membres et de valoriser ainsi la coopération en Côte d’Ivoire entre les différentes institutions publiques dont l’objectif « touche » aux insectes.

Marie-Adèle Djidjé