Arts visuels : Watts, prophète de la peinture, enfin en terre promise
Cette double exposition intitulée: «Before Looking at this Work, Listen to It » chez Fakhoury et "Get ready" à La Rotonde, la première personnelle de l’artiste dans son pays natal, est une opportunité unique pour les autorités à saisir pour intégrer au patrimoine national des oeuvres de ce fils prodige, désormais prophète en ses terres.
Au vernissage, le 22 novembre, à juste titre et à bon escient, le public a répondu présent à cette invitation. Mieux, l’on a noté la présence remarquable de trois ministres de la République, à savoir; le ministre d'Etat, ministre de la Défense, Hamed Bakayoko, grand amateur d'art, mécène et collectionneur, Maurice Bandaman de la Culture et de la Francophonie et Pascal Abinan de la Modernisation de l'Emploi et de la Protection sociale, venus découvrir cet artiste monumental sur l’échiquier planétaire de l'art contemporain.
En effet, jouissant d'une renommée internationale et d’une cote dont le pays devrait s'enorgueillir, le commun des Ivoiriens ne sait pas en réalité qui est cet artiste qui figure dans d’importantes collections dans le monde. L’une des motivations de la galeriste Cécile Fakhoury en présentant ses œuvres à Abidjan, c’est avant tout de le présenter aux Ivoiriens. « Il faut que les gens viennent voir cette exposition qu’il a pensée pour son retour à Abidjan, après 30 années passées aux États-Unis d’Amérique », a-t-elle indiqué lors d’une rencontre avec la presse pour évoquer cette exposition. Bien plus, ce sont quasi tous les galeristes, critiques d'art et autres collectionneurs du microcosme ivoirien qui, à l'unisson, font leur, cette double expo.
Sous la houlette du Pr Yacouba Konaté, président honoraire de l’Association internationale des critiques d’art (Aica) et ami d’enfance de Watts, ainsi que l'entregent de Cécile Fakhoury, l'acquisition devrait aboutir avec succès. Sans compter qu'avec des couleurs soutenues, des formes dynamiques, des signes et symboles hypnotiques, Ouattara Watts explore des liens spirituels qui transcendent géographie et nationalités.
En fusionnant des objets trouvés, clichés photographiques ou autres matériaux bruts, la peinture de Ouattara évoque l’identité multiculturelle de l’artiste et nous livre différents niveaux de lecture, socialement et historiquement. Toujours empreint de lyrisme et d’esprit, il conjugue des mondes imaginaires et des visions magiques, urbanité et ancestralité, pour nous montrer les relations métaphysiques entre les êtres.
A vrai dire, le retour sur les cimaises ivoiriennes de Ouattara Watts sonne comme une opportunité dont il faut profiter à l'envi. Selon Cécile Fakhoury, parler de la peinture de Ouattara Watts n’est pas quelque chose aisée.
Intimement liées à l’Afrique et à un monde connecté avec ses ancêtres, les œuvres de l’artiste laissent voir des idéogrammes cryptiques, des symboles d’une religion oubliée ou encore des équations complexes.
Sur ses toiles, l’artiste semble réussir à faire cohabiter deux mondes, tel un intercesseur. Ce qui fait dire à la galeriste qu’il y a une « vraie puissance dans son travail ». Ouattara Watts, faut-il le reconnaître, se distingue par son parcours et sa démarche artistique alliant tradition et modernité.
L’artiste, selon le Professeur Yacouba Konaté, était donc prêt lorsqu’il est découvert en janvier 1988 à Paris par Jean Michel Basquiat, le génie avant-gardiste. Ce dernier, impressionné par son travail, l’invite à s’installer à New-York. Les deux artistes travailleront ensemble jusqu’à la mort prématurée de Basquiat en août 1988.
Ouattara Watts est né en 1957 à Abidjan, il vit et travaille à New-York. Il a notamment exposé à la Documenta Kassel, au Whitney Museum ou au MoMa PS1.
REMI COULIBALY