Mondial Russie 2018: Est-ce un accident ou une régression des pays africains ?

Mondial Russie 2018: Est-ce un accident ou une régression des pays africains ?

Pour la première fois depuis le mondial espagnol de 1982, la compétition s’arrête à la phase de poules pour les représentants africains. Il y a 4 ans pourtant, l’Afrique envoyait deux de ses nations en 8è de finale. Retour sur le parcours de ces 5 sélections dont les désillusions sont à nuancer.

La naïveté tunisienne

Après un scénario cruel lors de la première journée face à l’Angleterre, la formation tunisienne n’a pas pu faire mieux face aux ‘’Diables rouges’’ de Belgique. Une seconde défaite qui a entraîné des excuses du sélectionneur Nabil Maaloul, à ses supporters. Trop naïfs, trop de blessés, six dans la compétition. Mais bien que déterminés avec la fierté de n’avoir jamais refusé de jouer, la marche était tout simplement trop haute pour les ‘’Aigles de Carthage’’. «Cette coupe du monde reflète l’écart encore immense qui sépare la Tunisie du haut niveau mondial», dira le sélectionneur tunisien.

L’Egypte: le poids de Salah

Un joueur ne fait pas une équipe. C’est certain. Mais il apporte parfois ce qui lui manque pour que la machine se mette à tourner à plein régime. C’est le cas de Mohamed Salah et de l’Egypte. Handicapé par un mal à l’épaule, l’homme à tout faire du sélectionneur Hector Cuper a manqué aux siens. Mais le mal du joueur vedette de Liverpool n’explique pas les prestations des ‘’pharaons’’ dans un groupe A où l’Uruguay faisait figure de favori.

L’Egypte et sa star planétaire ont tout simplement échoué. Incapables de battre l’Arabie Saoudite, l’Egypte qui retrouvait la coupe du monde après 28 ans d’absence, a été la nation africaine la plus décevante. La fin d’une ère pour Hector Cuper et El Hadarry. Des interrogations sur l’avenir de Mohamed Salah en sélection sont sans réponses pour le moment. La reconstruction s’annonce difficile pour les Pharaons.

Maroc: La colère de Renard

La fierté d’Hervé Renard ne masque pas sa colère face à l’arbitrage vidéo à l’issue de la rencontre Portugal-Maroc. Dans l’un des groupes les plus relevés de la coupe du monde, les Lions de l’Atlas auraient pu l’emporter face au Portugal et l’Espagne. Mais le plus grand regret restera sans doute le résultat du premier match. Face à l’Iran, les Marocains ont pâti de leur manque de finition. Malgré cette déception, le Maroc a sans doute été la sélection africaine, la plus séduisante du tournoi.

Les Super Eagles du Nigéria: Un complexe d’infériorité

Le Nigeria est sûrement la nation qui peut nourrir le plus de regret de tous les pays africains. Un premier match perdu face à une Croatie largement supérieure. Une seconde rencontre où les Super Eagles ont mis une mi-temps à prendre conscience de leur potentiel. Autour d’Ahmed Musa, double buteur contre l’Islande, le Nigeria aurait pu l’emporter contre une Argentine à sa portée. Mais les joueurs en avaient-ils conscience ? Le maillot argentin et son génie Messi les ont peut-être trop impressionnés.

Les ‘’Lions de la Teranga’’: victime de la nouvelle donne Fifa

Battus par la Colombie (1-0) et à égalité parfaite avec le Japon, les sénégalais seront éliminés à cause du nouveau règlement Fifa. Ils ont pris deux cartons jaunes de plus que l’équipe nipponne. Mais les ‘’Lions de la Teranga’’ peuvent aussi s’en vouloir, alors qu’ils avaient pourtant eu de la réussite face à la Pologne (2-1) et face au Japon (2-2).

Les poulains du sélectionneur Aliou Cissé n’ont pas su gérer et cela trop souvent même leur avantage. Ils ont été rejoints trois fois au score durant le premier tour. Un manque de concentration coupable qui s’est une fois de plus illustré sur le corner qui envoie le but de Yeri Mina face à des Colombiens pas vraiment dangereux.

Le nouveau règlement Fifa a sorti le dernier ambassadeur africain. Et ce, au terme d’un non match des Japonais dans les dix dernières minutes face à la Pologne. Au nez et à la barbe des experts de la Fifa, ce refus de jouer des Nippons ne sera pas sanctionné. Tout comme ce ne le fut pour le match de ‘’la honte’’ entre l’Autriche et l’ex-Rfa le 25 juin 1982 à Dijon, en Espagne pour éliminer l’Algérie du Mondial.

Les huit dernières coupes du monde avaient vu au moins une nation africaine se qualifier pour les huitièmes de finale. Faut-il parler d’accident ou de régression ? L’heure est au bilan et au diagnostic.

Alain Zama
Correspondant communal