Pénurie d’eau à Bouaké: Pierre Laporte découvre les réalités des populations

Pénurie d’eau à Bouaké: Pierre Laporte découvre les réalités des populations

Quatre jours seulement après cette annonce la délégation de la Banque mondiale conduite par Pierre Laporte, directeur des opérations pour la Côte d’Ivoire de ladite institution, s’est rendue effectivement à Bouaké, le 5 mai. Entre séance de travail avec les autorités locales, avec à leur tête, Coulibaly Gando, préfet de la région de Gbêkê par intérim, préfet du département de Sakassou et des visites de terrain, Pierre Laporte et la forte délégation qui l’accompagnait ont tenu pu constater la cause de cette pénurie d’eau sans précédent dans la capitale du centre du pays et apprécier les premières mesures d’urgence qui ont été prises, depuis quelques semaines, par le gouvernement. Cela, à travers le ministère des Infrastructures économiques en vue de soulager un temps soit peu la population en détresse. Ce fut également l’occasion de voir avec les autorités ivoiriennes les solutions pérennes à envisager dans l’avenir pour ne plus que la deuxième grande ville de la Côte d’ivoire, avec ses plus d’un million d’habitants, ne puisse être confrontée à une telle situation catastrophique.

Sur les installations de la Loka

C’est ainsi que suite à la brève séance de travail qui s’est tenue dans les locaux de la mairie de Bouaké, cap a été mis sur les installations du barrage de la Loka, situé à une vingtaine de kilomètres de Bouaké. Une fois sur place, la délégation de la Banque mondiale s’est bien rendue compte que ce barrage qui approvisionne plus de 70% de la population de Bouaké en eau potable est bel et bien asséché. Malgré les explications données par Seydou Coulibaly, directeur territorial de l’hydraulique de la région de Gbêkê, sur les principales causes (rareté des pluies, les effets des actions des hommes…), qui ont entraîné l’assèchement du barrage, la délégation de la Banque mondiale a voulu savoir si les responsables de la Sodeci qui gèrent le barrage n’ont pas vu venir cette situation de pénurie d’eau. « L’année dernière, on était au niveau moyen. C’est cette année que le niveau d’eau est descendu carrément au niveau bas. C’est-à-dire que nous sommes descendu à 15 m par rapport à la passerelle », a expliqué Kouadio N’Guessan, directeur régional de la Sodeci. Non sans avouer que depuis près de trois ans, lui et ses collaborateurs ont fait l’amer constat que le niveau d’eau du barrage baissait chaque année.

Non-respect de l’arrêté préfectoral

Par la suite, la délégation s’est rendue sur l’un des nombreux sites d’exploitant de carrière de sable. Il se trouve que malgré l’arrêté préfectoral qui a été pris depuis le mois de janvier, certains exploitants de carrières de sable récalcitrants continuent de mener leurs activités destructrices de la nature et qui est l’une des causes de cet assèchement d’eau du barrage de la Loka. Une situation qui a révolté le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’ivoire. « Ecoutez, si vous ne pouvez pas faire appliquer cet arrêté, nous allons prendre l’argent prévu pour l’orienter vers d’autres secteurs vitaux comme la santé », a-t-il averti. Et d’ajouter. « Tous ceux qui seront pris doivent être arrêtés et sanctionnés selon la rigueur de la loi », a-t-il recommandé. Une menace à peine voilée que le préfet de région de Gbêkê par intérim a prise très au sérieux. « Nous tenons à vous rassurer que l’arrêté sera appliqué avec sa plus grande rigueur », a-t-il promis.

Corvées d’eau

Comment la population vit-elle au quotidien cette pénurie d’eau ? Pour en savoir un peu plus sur cette réalité, la délégation de la Banque mondiale s’est rendue à Ahoungnansou-Château, un quartier populaire de Bouaké. Après le passage de l’un des camions-citernes,  une file de personnes en majorité composée de femmes est venue s’approvisionner en eau potable. « C’est depuis près d’un mois que nous n’avons plus d’eau dans nos robinets. C’est grâce au camion-citerne que nous avons de temps en temps de l’eau », a confié l’une des dames à Pierre Laporte.

« Nous souhaitons que le gouvernement fasse des forages pour nous soulager car on souffre trop », a-t-elle ajouté.

Efforts du gouvernement

Autre lieu visité par la délégation, il s’agit du château d’eau du quartier commerce, où se ravitaillent les 15 camion-citernes qui ont été déployés sur Bouaké et sa région. Cette étape a permis à Pierre Laporte et à sa délégation de se rendre compte que le dispositif mis en place pour ravitailler la population en eau à partir de ces camion-citernes fonctionne normalement. Ce tour d’horizon a pris fin au quartier Djanmourou, où la délégation de la Banque mondiale a pu apprécier le niveau d’avancement des forages qui sont réalisés à travers la ville. Là aussi, les difficultés ne manquent pas, a dit Seydou Coulibaly, directeur territorial de l’hydraulique de la région de Gbêkê. « Il faut savoir que sur 20 endroits testés, c’est une dizaine où les équipes chargés de faire ces forages ont obtenu de l’eau. C’est vous dire que la nappe souterraine manque de plus en plus d’eau », s’est-il inquiété.

CHARLES KAZONY Correspondant régional