Innovation technologique: Les "Big Data", un défi pour l'Afrique

Innovation technologique: Les "Big Data", un défi pour l'Afrique

Innovation technologique: Les "Big Data", un défi pour l'Afrique

« Il y a une explosion numérique ces dix dernières années. Sur les 2,8 milliards de terminaux  vendus en 2015, 10% sont des ordinateurs, les 90% sont des smartphones ou des tablettes. Les téléphones sont aujourd'hui des Gps. A partir des sites que vous aimez visiter, les moteurs de recherches (Google, Facebook, tweeter) vous identifient, ciblent vos besoins pour vous proposer, derrière, des services, les "Big data" permettent une meilleure gestion des données pour atteindre la cible », explique Conrad Gbaguidi, directeur général de Mgt Conseils, cabinet spécialisé dans l'amélioration des performances des entreprises. C'était à l'occasion de la 4e édition de sa rencontre d'échanges avec les managers d'entreprises dénommée « Cocktail de la performance », le mardi 6 mars 2018, à Abidjan-Plateau.

Justifiant sa position, il explique qu'en 2000, les données étaient encore analogiques. Les téléphones étaient encore bruts, la numérisation (scanner) n'était qu’à son début, Facebook, Instagram, les photos selfies, n'existaient pas. Mais aujourd'hui, ce sont des milliers de données qui sont diffusées à longueur de journées, qui deviennent des mines d'or pour Facebook ou Google.

Selon M. Gbaguidi, l'Afrique ne doit pas rester en marge de cette révolution technologique car le continent dispose aujourd'hui de plus d'instruments qui transmettent des données.

« En 2020, nous aurons plus de données que les grains de poussières, selon une étude réalisée par la National security agency (Nsa). Nous sommes-là pour que l'Afrique émerge à partir des ‘’Big data’’. Nous avons aujourd'hui 1,5 milliard de personnes en Afrique, environ 500 millions d'abonnés en téléphonie. Il y a des zones où les gens ont à peine à manger mais ont un téléphone portable. L'Europe investit depuis quelques années dans les ‘’Big data’’ de manière sérieuse, pourtant l'Afrique est en retard dans ce domaine. Si le continent se lance maintenant, il peut être dans la danse », estime M. Gbaguidi.

Avant de poursuivre: « lorsque la Business intelligence (Bi) a commencé il y a quelques années, l'Afrique a attendu 7 à 10 ans pour entrer dans la danse et certains pays n'y sont même pas encore. Nous sommes de grands consommateurs des produits des autres pays mais nous n'avons pas la capacité d'exploiter des choses qui nous entourent. Si nous ne le faisons pas, les autres le feront à notre place ».

Mieux, confie-t-il, « il y a aujourd'hui plus de téléphones portables et de tablettes en Afrique qu'aux États-Unis alors qu'il y a 30 ans, le téléphone fixe, c'était dans un foyer sur 20, les 19 autres n'en avaient pas. Autant dire que le téléphone n'était pas donné à tout le monde. Mais 30 ans après, chacun a au moins deux téléphones mobiles, ce sont des données à exploiter par les entreprises africaines pour améliorer leur rentabilité malheureusement ce n'est toujours le cas », confie M. Gbaguidi.

Selon lui, « avec les Big data, les entreprises ont aujourd'hui la possibilité de savoir ce qu'on dit sur elle sur les réseaux sociaux (twitter, Facebook, Whatsap). Elles ont la possibilité de connecter leur système de gestion aux réseaux sociaux pour avoir des informations à jour et en temps réel. Pour savoir si on est bien vu ou non. Un supermarché peut savoir quand elle aura beaucoup de clients pour achalander ses produits et améliorer ses ventes, en écoutant ses données. Les maisons de téléphonie peuvent aussi choisir les meilleurs moyens de faire des promotions, traiter les données, aller à l’essentiel, atteindre un pourcentage élevé de la cible et à moindre coût. »

A en croire Conrad Gbaguidi, « avec cette technologie, on peut aller jusqu'à changer le modèle économique de l’entreprise ». C'est pourquoi dira-t-il, « la Big data est une nécessité pour les entreprises qui veulent évoluer et même indispensable pour celles qui souhaitent se maintenir ».

Initié depuis 2008 par Mgt Conseils, le « Cocktail de la performance » est une plateforme d'échanges qui vise à  sensibiliser les entreprises, les aider à réfléchir aux nouveaux projets qui répondent à leurs préoccupations.

Eugène YAO
eugene.yao@fratmat.info