Essai/Abidjan : 50 ans d’urbanisation galopante et du logement en crise
Essai/Abidjan : 50 ans d’urbanisation galopante et du logement en crise
Spécialiste en Aménagement du territoire et développement local, Dr Mathieu Adon Kouassi propose une radioscopie de la mégapole ivoirienne sur fond de pression foncière et d’une démographie explosive. Paru aux Editions universitaires européennes, fin-2017, « Urbanisation et politiques d’aménagement foncier et de logement. Le cas d’Abidjan (Côte d’Ivoire) de 1960 à 2010 » livre des clés de compréhension de l’urbanisation, entre planification, chaos, esquisse d’un retour à la normalité à la lumière d’une population sans cesse croissante et un espace foncier subissant une forte pression.
Cet essai qui émane des travaux de Dr Mathieu Adon Kouassi, Maître-assistant à l’Ufr des Sciences de gestion de l’environnement, aménagement du territoire et développement local à l’Université Nangui Abrogoua d’Abobo-Adjamé (Abidjan, Côte d’Ivoire), fait ressortir qu’Abidjan, la métropole et capitale économique ivoirienne, apparaît comme le reflet et le symbole de l’urbanisation de la Côte d’Ivoire.
Du moins, du point de vue de son projet printanier et particulier de création au début des années 1930, mais surtout, à partir de 1960 dès l’accession à l’indépendance, par sa primauté sur les autres centres urbains du pays. Bien plus, l’auteur fait ressortir que, « De la période coloniale à 1980, l’urbanisation d’Abidjan a été accompagnée d’une politique de planification en lien avec plusieurs plans, successifs d’aménagement foncier et d’une ambitieuse politique de logements pour le plus grand nombre de citoyens ». Cependant, fait remarquer Dr Mathieu A. Kouassi, « L’essoufflement de la croissance économique de la Côte d’Ivoire, à partir de 1980 a contraint l’Etat à se désengager de son intervention directe dans les opérations de planification spatiale et de construction de logements ».
Quartiers précaires, non-accès à la propriété, inesthétique : le trio infernal
En observateur et acteur averti, l’enseignant-chercheur révèle ainsi que de 1980 à 2015, les esquisses de nouvelles politiques de planification, d’aménagement foncier et de construction de logements, mises en place avec la fameuse donne du partenariat public/privé (Ppp), n’arrivent pas à satisfaire la demande de logements, exprimée par une population appartenant, pour la plupart, aux couches sociales les plus défavorisées. Face à une crise de logements, on assiste à en croire Mathieu Kouassi, à la prolifération de quartiers précaires et à l’expansion d’un espace urbain, marqué par le désordre.
A la lecture de l’essai, l’on se rend à l’évidence que face à la crise de logements, exacerbée par les conditions de plus en plus difficiles d’accès à la propriété foncière et immobilière, l’on assiste à la prolifération de quartiers précaires et à l’expansion d’un espace urbain inesthétique. Qui, malheureusement, contribue à l’émergence de divers problèmes environnementaux et au dysfonctionnement du tissu urbain d’Abidjan.
En tout cas, selon une approche déductive à fort relent didactique, l’ouvrage qui se décline en trois parties s’érige comme un bréviaire pour chercheurs et étudiants, ainsi que pour élus locaux, et autres professionnels de l’aménagement urbain. Avec à la clé, une référence bibliographique abondante et fort précieuse pour continuer la réflexion et mener à l’action.
REMI COULIBALY