Fonction Publique : Résultats des concours professionnels à deux vitesses
Face à cette situation devenue intenable, l’ex président Laurent GBAGBO a décidé d’ouvrir les discussions avec les syndicats d’enseignants pour mieux comprendre la question et proposer les remèdes appropriés.
Entre autres propositions issues de ce dialogue social, figure la nébuleuse relative au profil de carrière dans le Secteur Education-Formation qui fait que, même après plus de 20 années de service, notamment avec le blocage des avancements, un ancien avait pratiquement le même salaire déjà éprouvé par l’usure du temps que le nouveau qui vient d’être recruté. Avec le raccrochage des enseignants à partir des années 1990, la situation s’est encore détériorée. Et c’est dans cette posture, favorisant le dénuement total, que les enseignants faisaient valoir leur droit à la retraite.
Les discussions entamées à cet effet ont abouti en 2007-2008-2009, à un accord marqué par la prise des dispositions réglementaires suivantes :
- décret n°2007-695 du 31 décembre 2007 modifiant et complétant le décret n°93-608 du 02 juillet 1993 portant
classification des grades et emplois dans l’Administration de l’Etat et dans les Etablissements Publics Nationaux ;
- décret n°2009-208 du 29 juin 2009 portant fixation des échelles de traitement des fonctionnaires –enseignants
des emplois du Secteur Education-Formation ;
- Arrêté n°9482 du 13 août 2008 portant dispositions transitoires d’application du décret n°2007-695 du 31
décembre 2007.
Cet Arrêté indique clairement en son article 15 : ’’ Il est créé auprès du ministère de la Fonction publique et de l’Emploi, une Commission interministérielle de reclassement composée du ministère de la Culture et de la Francophonie, du ministère de l’Education nationale, du ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, du ministère de la Famille, de la Femme et des Affaires sociales, du ministère de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs et du ministère de l’Economie et des Finances.’’ Il faut préciser que ce sont les ministères ci-dessus visés qui constituent le Grand Secteur Education-Formation et qui sont donc signataires du présent arrêté.
Quant au décret, il précise que ‘’La Commission interministérielle présidée par le ministre de la Fonction publique et de l’Emploi ou son représentant établit la liste d’aptitude des fonctionnaires-enseignants à reclasser dans les nouveaux emplois des grades A5, A6 et A7’’.
Le décret conclut même que’’ Les conditions de promotion aux grades A5, A6 et A7 sont fixées par arrêté du ministre de la Fonction publique et de l’Emploi après les travaux de la Commission interministérielle de reclassement.’’
Quand, au titre de l’année 2016, le ministère de la Fonction publique lance le concours professionnel exceptionnel de promotion des fonctionnaires du Secteur Education-Formation du grade A4 dans les grades A5, A6 et A7, voici l’état des lieux. Il dispose donc de tout l’arsenal en vue d’un encadrement efficace de ce concours.
Un seul concours pour deux résultats
Depuis le mois d’avril 2017, les résultats de ce concours ont été publiés sur la Page ‘’Espace Fonctionnaires’’ de chaque postulant. Il n’y a pas eu d’affichage public. Est-ce un piège ? Si c’est le cas, ils sont pris à leur propre piège puisque certains candidats ont imprimé les résultats et les ont en leur possession. Ces résultats sont restés sur leur Espace Fonctionnaires pendant au moins neuf (9) mois. A l’heure d’établir les actes, des candidats sont désagréablement surpris. Soit, on leur apprend qu’ils ont échoué ou qu’ils sont déchus de leur grade. Et quand on pose la question, on vous répond’’ On s’est trompé ; c’est le 2ème résultat qui est juste ou vrai’’. Cette façon de faire appelle des interrogations. Comment procède-t-on alors que le Règlement contient son propre mode opératoire ? La Commission interministérielle de reclassement est-elle mise en place ou bien c’est un individu qui s’enferme pour travailler ? Sinon, il est inadmissible qu’une Commission digne de ce nom puisse se comporter de cette façon.
Comportement en violation flagrante avec la volonté du Chef de l’Etat
Ce comportement est une violation flagrante de la volonté du Président de la République qui, dès sa prise de fonction, a accepté l’héritage que lui avait laissé son prédécesseur. Il est décidé à l’assumer avec compétence et responsabilité à tous les niveaux et, notamment, pour le Secteur Education-Formation. Il l’a réaffirmé dans son discours mémorable du 1er mai 2017 : ’’ La redistribution des richesses me tient à cœur’’. Il va même plus loin en disant dans son bilan au niveau de ce secteur : ‘’Je voudrais également souligner le reclassement des enseignants des ex- grades A1, A2 et A3 aux grades A3 et A4, ainsi que l’organisation du concours d’accès aux grades A5, A6 et A7 dans le Secteur Education-Formation, qui ont permis de corriger quelques disparités et le sentiment d’injustice vécu par cette catégorie d’agents de l’Etat ‘’, fin de citation.
La question que nous nous posons est de savoir si ces personnes qui veulent tourner en dérision cette politique à laquelle le Chef de l’Etat accorde du prix, ont-elles réellement compris l’ampleur de l’acte qu’elles posent, en faisant preuve d’une légèreté aussi déconcertante? Depuis quand est-ce que, pour un seul concours, il y a eu deux résultats ? Ils vont même plus loin. Pour cacher leur jeu, ils ont mis en place un mécanisme de façade pour les réclamations qui n’a jamais fonctionné.
Je rappelle que nous avons les preuves de ce que nous avançons puisque nous sommes nous-mêmes des victimes de cette pratique qui jette l’opprobre sur tout le gouvernement, à travers la Commission interministérielle de Reclassement. Les candidats de 2016 n’ont pas encore leurs résultats puisqu’ils attendent la suite de leurs réclamations. Voici la réalité au moment où on vient de lancer la deuxième édition de ce concours exceptionnel.
Et si le concours professionnel exceptionnel de promotion des fonctionnaires du Secteur Education- Formation du grade A4 dans les grades A5, A6 et A7 s’apparentait, par endroit, à un marché de dupes ou même à un sabotage de la politique du Président de la République qui entend ‘’corriger quelques disparités et le sentiment d’injustice vécu par ‘’ les fonctionnaires –enseignants du Secteur Education-formation. Le Président Alassane OUATTARA lui-même le disait, en substance, au célèbre Reggae man Alpha Blondy, un Président dans un pays ne peut pas, à lui seul, tout faire.
Alors Monsieur le ministre de la Fonction publique, vous êtes donc interpellé en attendant qu’il ne soit trop tard !
Edouard KPLOWY Manacé
Enseignant –Communicateur
ABIDJAN