Messe pour la Paix/Cardinal Kutwa: ‘’Sortons de la dictature impitoyable de l’égoïsme et de l’individualisme’’
Jeudi en la cathédrale Saint Paul d’Abidjan, l’Ordinaire du lieu a célébré la Messe pour la Paix, avec à ses côtés nosseigneurs Joseph Spiteri, Nonce apostolique, représentant le Saint-Siège près la République de Côte d’Ivoire, Lougar, archevêque de Toulouse, sans oublier Bruno Kouamé, évêque émérite du diocèse d’Abengourou qui a soufflé ses 90 bougies le 16 décembre dernier.
En présence du Conseiller spécial du Président de la République, chargé des Cultes. Condé Drissa, de Mme Henriette Dagri Diabaté, Grande Chancelière de la République et de Charles Diby Koffi, président du Conseil économique, des membres du Forum des confessions religieuses, de nombreux prêtres, religieux et religieuses puis des fidèles, Mgr Jean-Pierre Kutwa a lu et commenté abondamment le message de solidarité avec les migrants et les réfugiés que le pape François a récemment délivré. Mais tout en le contextualisant avec les réalités ivoiriennes.
La paix : d’une religion à… une quête inlassable
Le prélat en référence avec le thème de l’année pastorale 2017-2018 : « Avec l’Esprit saint vivons de solidarité et de partage », a dénoncé l’égocentrisme des ivoiriens, en criant de toutes les forces de ses poumons: « Nous vivons sous la dictature impitoyable de l’égoïsme et de l’individualisme. Sortons dès à présent de cette dictature de l’égoïsme et de l’individualisme et comme l’année 2018, nous en donne l’occasion, vivons de solidarité et de partage.»
Puis il a identifié quelques éléments pertinents et stigmatisés tous les agissements et toutes les situations qui créent l’insécurité dans le pays et dont les conséquences font reculer les frontières de la paix. Au point que cette réalité autrefois une seconde religion en Côte d’Ivoire, est devenue une quête inlassable et une réalité évanescente.
Il s’est alors fendu d’un cri de cœur, qui résonne comme un cri de désarroi que lance une âme en peine : « Comment ne pas aborder l’épineuse question des exilés, des prisonniers sans jugements, de l’école ivoirienne, de la croissance dont les fruits ne sont pas suffisamment bien partagés ? »
Le cardinal a fini par aboutir à cette interpellation comme un début de solution pour voir la paix se dessiner à nouveau : « Si nous aimons la Côte d’Ivoire, ne sacrifions pas son avenir sur l’autel de nos ambitions. La Côte d’Ivoire n’appartient à personne en propre. Elle appartient à tous ceux qui veulent la construire. Elle appartient à tous ceux qui pour elle, rêvent de justice, d’amour, de sérénité et de paix. Celle que Dieu nous propose. »
Pour lui les hypothèques contre la paix sont aussi au cœur de la gestion du foncier rural, des atrocités contre les populations dans l’ouest du pays, du grand banditisme qui se décline en actes d’attaques à mains armées et de braquage, ce d’autant que trop d’armes circulent dans le pays. Cette situation crée un environnement d’insécurité qui motive le déplacement massif des populations vers des endroits plus ou moins paisibles.
Le devoir de solidarité
Les difficultés pour les migrants et les réfugiés à bâtir un futur certain ne sont pas propres à la Côte d’Ivoire. Monseigneur Jean-Pierre Kutwa a pour ce faire rappeler l’exigence du Pape François, qui demande à tous ceux qui aiment la paix de poser un regard contemplatif sur cette catégorie de personnes devenues vulnérables du fait de la situation d’insécurité qu’elles vivent. Ce qui oblige les dirigeants des pays d’accueil à ne point instrumentaliser la menace et la peur des migrants et des réfugiés, en mettant en avant l’insécurité et des coûts financiers. Car ils ont le devoir de vouloir le meilleur pour eux comme ils le veulent pour leurs concitoyens.
Dans son message, le Pape a donc dégagé 4 axes stratégiques qui invitent les hommes politiques à accueillir, à protéger, à promouvoir et à intégrer les migrants et réfugiés. Donc à regarder avec plus d’attention tous ceux qui souffrent le plus dans le monde.
Franck A. Zagbayou