C’est le grand classique du football ivoirien. Ce fameux Asec-Africa qui ne cesse depuis des décennies d’alimenter les causeries dans les lieux publics et même dans les salons des Ivoiriens. Des années 60 où on opposait Séry Wawa, Guédé Emmanuel (Africa) à Jean Kéita, Eustache Manglé (Asec). Ou encore on assistait au duel Laurent Pokou-Kallet Bially dans les années 70.

N’oublions pas ces défis sans cesse renouvelés entre Moh Emmanuel et Christophe Bazo. Après cette génération est venue à partir de 1980 celle de Youssouf Fofana, N’Diaye Aboubacar Sékou, Lucien Kassy Kouadio... qui en découdrait avec la génération des Lebry Manahoua Jérôme, Miézan Pascal, Gnaoré Dépié Émile ... sans oublier la période 90 où le groupe jaune et noir conduit par Abdoulaye Traoré ‘’ Ben Badi’’ et la bande joyeuse dirigée par Hamed Ouattara ne se faisaient pas de cadeau.

Des chocs qui soulevaient toutes sortes de passions autour de ce derby abidjanais. Il n’y a jamais eu, comme l’on le dit souvent, de petit match entre l’Africa et l’Asec. C’est donc une tradition dans le football ivoirien. « Raconter un Asec-Africa, c’est si comme un écrivain s’attelait à mettre entre les lignes des anecdotes et histoires pour rédiger une encyclopédie », fait remarquer Moh Emmanuel, ancien international de l’Africa sports.

Comment pouvait-il en être autrement ? Un match Asec-Africa était « une affaire d’État ». L’Asec, disposant jadis de gros moyens et soutenu par Georges Ouégnin, incontournable chef du protocole du premier Président de la République, se révélait être le « club du peuple ». De leur côté, les dirigeants de l’Africa ne se laissaient pas faire. Ils avaient aussi une stature confortable dans les arcanes du pouvoir ivoirien; par le truchement de leur « Grand manitou », Simplice de Messé Zinsou.

L’homme était très proche du président Félix Houphouët-Boigny. Bref, bien des années sont passées. Ce n’est certainement plus la même ferveur qui anime les actuels classiques. Les supporters remplissent rarement les gradins. Les stars se font aussi rares sur les pelouses. Même s’il reste encore une flamme entretenue par les deux mascottes des Mimos et Aiglons. « Nous avons vu plusieurs matches. Quel que soit leur niveau, nous serons toujours présents pour soutenir nos joueurs », souligne ‘’Maréchal Bassolé’’. Avec sa tenue d’apparat, habits pailletés aux couleurs jaune et noir, ‘’Maréchal Bassolé ne cesse de battre le rappel des autres Actionnaires chaque fois que son équipe est face à ‘’son ennemi légendaire’’.

Du côté des vert et rouge, le porte-voix des ‘’ Membres Associés’’ se nomme petit Bamba. Héritier des anciennes “mascottes” dont Troupa Paul, petit Bamba se fait remarquer par son corps qu’il fait badigeonner de peinture vert et rouge lorsque l’Africa sports monte sur la pelouse. « Ce week-end encore, je vais faire briller mon corps. Cela signifie que je suis Africa à vie. Je vais mettre des couleurs plus vives pour faire peur à l’Asec », avertit-il, d’un air amusant.

C’est ainsi que le match Asec-Africa a toujours rythmé les propos des supporters et influencé les prestations des deux équipes sur la pelouse.

Pour perpétuer la tradition

La finale de la 38e édition de la super coupe Houphouët-Boigny constitue donc l’évènement majeur de l’ouverture de la saison 2017-2018. Ce soir, à partir de 17 heures Gmt, les joueurs de l’Asec Mimosas champion en titre de la Ligue 1 et ceux de l’Africa sports, vainqueur de la coupe nationale, chercheront à faire perpétuer la tradition. Autant dire qu’il n’y a pas meilleure affiche que ce classique pour donner le top départ de la nouvelle saison de football.

Ce premier derby de la saison sera une belle occasion pour ces deux formations d’afficher clairement leurs ambitions. « On n’a pas grand’chose à dire pour l’instant. Nous restons concentrés sur un match que nous devons gagner », lance le gardien Cissé Abdoul Karim, l’une des nouvelles recrues de l’Asec. En guise de réponse, l’attaquant de l’Africa sports, Gonazo Bi, avertit: « C’est sans doute le match qui nous permettra de bien débuter la saison. Une victoire donc ce samedi sur l’Asec sera le scénario parfait pour nous ».

Mimos et Aiglons viendront avec des arguments pour remporter dame coupe. S’il est avéré que la passion et la ferveur ne sont plus les mêmes pour les Asec-Africa comme par le passé, il n’en demeure pas moins que ce premier derby d’Abidjan suscitera un certain engouement. Actionnaires et Membres Associés devraient faire nombreux le déplacement dans la ‘’ bonbonnière’’ du Plateau pour avoir une idée réelle de leurs équipes respectives en vue voir de la nouvelle saison.

Ces deux grands noms du football ivoirien ont, en effet, fait des recrutements de choix. Ce derby sera sans aucun doute celui des recrues. L’Asec Mimosas qui ambitionne de tout rafler cette saison, s’est renforcé dans tous les compartiments de jeu avec des éléments locaux et étrangers. Parmi eux, Cissé Aboul Karim, Diomandé Ahmed Hervé, Yao Kouamé Alphonse dit Fonsinho, Badié Gbagnon, Oussalé Hervé, Komlan Agbegniadan et Baba Zongo.

C’est un effectif renouvelé à plus de 50% que les Actionnaires vont découvrir. L’Africa, de son côté, a fait peu de changements. 18 joueurs de l’effectif de la saison dernière sont restés au club. Aka Kouamé a procédé à des recrutements de choix tels que Koffi Foba Stevens, Koffi Marcellin, Cissoko Mory et Nacanaba Seydou. D’un côté comme de l’autre, tous ces joueurs seront les grandes attractions de ce premier derby de la saison. Mais, plus qu’un match de mise en jambe, l’Asec Mimosas et son grand rival voudront remporter leur premier trophée pour se mettre en confiance en vue de la nouvelle saison.

Une victoire des Jaune et noir leur permettra de gagner leur 15^e trophée de la cette super coupe. En revanche, un succès des Aiglons les rapprochera de leur rival avec une 13e coupe.

ADAM KHALIL